Le "Temps des mémoires" commence dès le moment de la libération et se poursuit jusqu'à nos jours. Il présente des documents et informations de nature diverse :
- sur les procès de criminels nazis et de complices qui se sont déroulés en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe durant les décennies d'après guerre.
- sur le devenir des sites des anciens camps et les musées-mémoriaux et monuments qui ont été créés sur le territoire de ces anciennes structures concentrationnaires et lieux du génocide des Juifs d'Europe.
- sur une pluralité de musées-mémoriaux extra-europééns
- sur les fédérations et les associations de déportés qui se sont constituées au sortir de la guerre et dans les décennies suivantes, qui perdurent aujourd'hui, qui eurent un rôle de socialbilité et contribuèrent de diverses manières à la construction des mémoires des déportations.
- sur les fondations dont l'action première est la préservation et la transmission des mémoires des déportations.
Accusés nazis lors des procès de Nuremberg, 1945-1946
LES PROCÈS
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1945 - Allemagne - La justice internationale après 1945
Après la Seconde Guerre mondiale, des tribunaux internationaux et nationaux jugèrent des personnes accusées d'être des criminels de guerre. A partir de l'hiver 1942, les gouvernements des puissances alliées annoncèrent leur détermination de punir les criminels de guerre nazis. Le 17 décembre 1942, les dirigeants des États-Unis, de Grande-Bretagne et d'Union soviétique publièrent la première déclaration conjointe mentionnant officiellement l'extermination en masse des Juifs européens et décidant de poursuivre en justice les responsables de violences à l'encontre des populations civiles.
La Déclaration de Moscou d'octobre 1943, signée par le président américain Franklin D. Roosevelt, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le dirigeant soviétique Joseph Staline, affirmait qu'après l'armistice, les individus jugés responsables de crimes de guerre seraient extradés dans les pays où les actes avaient été commis, et jugés d'après les lois de la nation concernée. Les "grands" criminels de guerre, dont les crimes ne pourraient être circonscrits à un lieu géographique précis, seraient passibles de peines infligées conjointement par les gouvernements alliés. Les procès des principaux responsables allemands devant le Tribunal militaire international (TMI) - les plus célèbres des procès d'après-guerre - se tinrent à Nuremberg, en Allemagne, devant des juges des puissances alliées.
Entre le 18 octobre 1945 et le 1er octobre 1946, le TMI jugea 22 "grands" criminels de guerre accusés de crimes contre la paix, de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de complot en vue de commettre ces crimes. Le tribunal définit les crimes contre l'humanité comme "assassinat, extermination, asservissement, déportation… ou persécutions pour des raisons politiques, raciales ou religieuses". Douze des accusés reconnus coupables furent condamnés à mort, dont Hans Frank, Hermann Göring, Alfred Rosenberg et Julius Streicher. Le TMI prononça trois peines de prison à vie et quatre peines de prison allant de 10 à 20 ans. Trois des accusés furent acquittés.
Sous l'égide du TMI, les tribunaux militaires américains menèrent douze autres procès d'officiers supérieurs allemands à Nuremberg. Ces procès sont souvent désignés collectivement par l'expression "autres procès de Nuremberg". Entre décembre 1946 et avril 1949, les procureurs américains jugèrent 177 personnes et en condamnèrent 97. Des médecins, des membres des unités mobiles d'extermination, des membres de l'administration judiciaire allemande et du ministère allemand des Affaires étrangères, des membres du Haut Commandement militaire allemand ainsi que d'importants industriels allemands firent partie des personnes jugées.
La très grande majorité des procès pour crimes de guerre après 1945 concerna des fonctionnaires et des officiers de rang inférieur. Dans les premières années de l'après guerre, les quatre forces alliées qui occupaient l'Allemagne (et l'Autriche) - les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Union soviétique - conduisirent des procès dans leur zone d'occupation et déférèrent pour jugement de nombreux auteurs de crimes de guerre. Bon nombre des premiers procès dans les zones, notamment dans la zone américaine, concernaient l'assassinat de militaires alliés qui avaient été capturés par les troupes allemandes ou de l'Axe. Avec le temps, cependant, les occupants alliés élargirent leur mandat juridique pour juger les gardiens et les commandants des camps de concentration et d'autres responsables de crimes contre les Juifs ou de persécutions contre des populations dans les zones désormais occupées par les Alliés. Une grande partie de nos premières connaissances du système concentrationnaire viennent des preuves et des témoignages oculaires recueillis lors de ces procès.
Les fonctionnaires d'occupation de la zone alliée souhaitaient une dénazification de l'Allemagne et considérèrent la reconstruction du système judiciaire allemand comme une étape importante dans ce sens. La loi du Conseil de contrôle allié n°10 de décembre 1945 autorisa les tribunaux allemands à prononcer des sentences sur les crimes commis, pendant les années de guerre, par des citoyens allemands contre d'autres ressortissants allemands ou contre les apatrides. Les autorités d'occupation laissèrent ainsi les crimes d'euthanasie - où les victimes et leurs auteurs étaient majoritairement allemands - aux tout nouveaux tribunaux allemands.
Ces procédures représentent les premiers jugements allemands du début de l'après-guerre. La République Fédérale d'Allemagne (Allemagne de l'Ouest) et la République Démocratique allemande (Allemagne de l'Est) menèrent également des procès contre les accusés de l'époque nazie dans les décennies qui suivirent leur création en tant qu'Etats indépendants. A ce jour, la République Fédérale (en tant qu'ex-Allemagne de l'Ouest et dans son état actuel d'Allemagne réunifiée) a mené 925 procès pour crimes nazis. Les procès allemands, et en particulier ceux qui furent tenus dans les années 60 et 70, furent critiqués pour avoir acquitté ou condamné à des peines légères les prévenus âgés ou qui prétendaient avoir obéi aux ordres de leurs supérieurs.
De nombreux pays qui furent occupés par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ou qui collaborèrent avec elle à la persécution des populations civiles, et particulièrement des Juifs, menèrent également des procès dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale. La Pologne, l'ex-Tchécoslovaquie, l'Union soviétique, la Hongrie, la Roumanie et la France, entre autres, ont jugé des milliers d'accusés (des Allemands et des collaborateurs nationaux) dans les décennies qui suivirent la Seconde Guerre mondiale. L'Union soviétique tint son premier procès, le procès de Krasnodar, contre les collaborateurs locaux en 1943, bien avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le procès de Cracovie, en 1947, fut le plus célèbre de l'après-guerre en Pologne. De nombreux fonctionnaires du camp de concentration d'Auschwitz y furent jugés et le commandant du camp Rudolf Höss, y fut, parmi d'autres, condamné à mort. Un des plus célèbres procès nationaux menés contre des criminels allemands fut celui d'Adolf Eichmann (le maître d'œuvre de la déportation des Juifs européens) devant un tribunal israélien en 1961. Ce procès retint l'attention du monde entier et l'on considère qu'il permit à une nouvelle génération issue de l'après guerre, de s'intéresser aux crimes de la Shoah.
Malheureusement, de nombreux criminels nazis ne furent jamais condamnés ou poursuivis. Dans de nombreux cas, ils retournèrent à une vie normale et reprirent une vie professionnelle dans la société allemande. La chasse aux criminels de guerre allemands et de l'Axe se poursuit encore aujourd'hui.
Encyclopédie Multimédia de la Shoah
United States Holocaust Memorial Museum
Traduction ©Mémorial de la Shoah, Paris, France
ushmm.org/fr/holocaust-encyclopedia -
1945 - Allemagne - Procès de Bergen-Belsen
17 septembre - 17 novembre 1945
Le procès se déroule à Lüneburg, intenté par l'armée britannique contre des Allemands ayant exercé dans les camps notamment à Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. Il concerne Josef Kramer et 44 autres accusés : hommes de la SS, femmes auxiliaires de la SS, fonctionnaires nazis ainsi que des prisonniers de fonction (Kapos notamment). Parmi les SS, une vingtaine avaient surtout exercé au camp d’Auschwitz avant d’être affectés au camp de Bergen Belsen, fin 1944 - début 1945.
Le principal accusé, Josef Kramer a fait carrière dès l’arrivée des nazis au pouvoir, au sein des camps de concentration, camps d’extermination (Dachau, Sachsenhausen, Mauthausen, Auschwitz, Struthof ; à Birkenau et à Bergen-Belsen, où il occupe des fonctions de commandement).
Organisé par les militaires britanniques (Tribunal militaire), le procès se tient en langue anglaise (avec traducteurs allemands et polonais). Il débute le 17 septembre et dure 54 jours. Il se tient en présence d’environ 200 journalistes et observateurs internationaux. A l’occasion du procès, est projeté le film tourné par l'Armée Britannique après la libération du camp.
Huit hommes et trois femmes sont condamnés à la peine capitale et exécutés par pendaison le 13 décembre 1945. Dix-neuf autres sont jugés coupables et condamnés à diverses peines, quatorze sont acquittés. En appel, des peines de prison sont réduites. À la mi-1955, toutes les personnes condamnées à des peines de prison ont été libérées par les autorités Ouest-allemandes.
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1945-1946 - Allemagne - Procès de Nuremberg
- La première série de procès
Elle s’ouvrit le 20 novembre 1945 et dura jusqu’au 1er octobre 1946. Il se tint devant le Tribunal Militaire International composé de représentants français, britanniques, soviétiques et américains. Furent alors jugés 22 responsables du parti nazi, de l’armée et de l’Etat qui avaient pu être capturés par les Alliés. Ces hommes devaient répondre de quatre chefs d’accusation : « plan concerté et complot » ; « crimes contre la paix », c’est-à-dire avoir décidé, préparé, organisé la guerre ; « crimes de guerre » c’est-à-dire avoir violé les règles de la guerre, en ayant par exemple exécuté des prisonniers de guerre, en n’ayant pas respecté les Conventions de Genève ; « crimes contre l’humanité » c’est-à-dire avoir organisé la déportation et le massacre systématique de populations désarmées, en particulier dans les camps de concentration et d’extermination.
Douze des accusés furent condamnés à mort le 1er octobre 1946, dont Martin Bormann condamné par contumace, et Hermann Goering qui se suicida dans sa cellule le 15 octobre. Les dix autres condamnés furent pendus le 16 octobre. Il s’agissait de Hans Frank, Wilhelm Frick, Alfred Jodl, Ernst Kaltenbrunner, Wilhelm Keitel, Alfred Rosenberg, Fritz Sauckel, Arthur Seyss-Inquart, Julius Streicher, Joachim von Ribbentrop.
Les autres condamnations furent les suivantes : Karl Doenitz : 10 ans ; Hans Fritzsche : acquitté ; Walter Funk : prison à vie ; Rudolf Hess : prison à vie, se suicida en 1987 à 92 ans ; Erich Raeder : prison à vie ; Hjalmar Schacht : acquitté ; Albert Speer : 20 ans ; Konstantin Von Neurath : 15 ans
Franz von Papen : acquitté ; Baldur von Schirach : 20 ansFurent également jugées 4 organisations déclarées criminelles : le NSDAP (le parti nazi), la SS, le SD (le service de sécurité du Reich), la Gestapo.
- La seconde série de procès
Une série de 11 procès au total, fut instruite entre le 9 décembre 1946 et le 13 avril 1949, devant le Tribunal Militaire de Nuremberg, établi par la Bureau du Gouvernement des Etats-Unis pour l’Allemagne. Les juges étaient américains mais le tribunal se considéra comme international. Cent quatre-vingt-cinq personnes environ furent inculpées, parmi lesquelles des médecins qui se livrèrent à des expériences médicales dans les camps de concentration, sur la personne de détenus et de prisonniers de guerre ; des juges qui commirent des meurtres et autres crimes sous les apparences d’une procédure judiciaire ; des industriels qui prirent part au pillage des pays occupés et au programme de travail forcé ; des officiers supérieurs SS ayant dirigé des camps de concentration, fait appliquer les lois raciales des nazis et mis en œuvre l’extermination des juifs et d’autres groupes dans les territoires de l’Europe de l’Est ; enfin, des hauts fonctionnaires civils et militaires qui prirent part à la politique du IIIème Reich. Un certain nombre de médecins et de dirigeants SS furent condamnés à la mort par pendaison. Cent vingt personnes furent condamnées à des peines de prison et trente-cinq accusés furent acquittés.
www.memorialdelashoah.org
(Archives et documentation)Ci-dessous, des séquences filmées de différentes audiences où déposent des rescapés français (Archives Ina)
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1947 - Pologne - Le premier procès d'Auschwitz
Ce procès qui se tient devant le Tribunal suprême de Pologne de novembre 1947 à décembre 1947, fait suite à celui de Nuremberg.
Il s’appuie sur la déclaration de Moscou adoptée en octobre 1943 par les Alliés qui fixait que les criminels nazis seraient « renvoyés dans les pays où ils perpétrèrent leurs actes abominables afin qu'ils puissent être jugés et punis selon les lois de ces pays libérés et des gouvernements libres qui y seraient formés ».
Sont jugés des officiers du camp d’Auschwitz notamment son principal commandant, Rudolf Höss ainsi que Arthur Liebehenschel (commandant de novembre 1943 à mai 1944 puis de Majdanek jusqu'en juillet 1944) et 40 autres prévenus, anciens membres du personnel du camp parmi lesquels des médecins SS (Johann Paul Kremer et Hans Wilhelm Münch), 32 officiers, sous-officiers et gardes SS et 5 auxiliaires femmes SS, gardiennes. Le tribunal prononce 23 sentences de mort dont celle des deux commandants, 16 peines d'emprisonnement et un acquittement. La peine de pendaison de Rudolf Höss a été exécutée dans l’enceinte du camp d’Auschwitz.
Shlomo Dragon, Alter Fajnzylberg, Henryk Tauber, survivants du Sonderkommando ont témoigné à ce procès.
Ci-dessous : "Procès de Rudolf Höss, bourreau d'Auschwitz" / Actualités Françaises - 31 Mars 1947. Un document muet sur le procès ; illustration par des dessins de la vie quotidienne dans les camps d'Auschwitz de Branhuber et Nowak, artistes, anciens prisonniers. (Note Ina)
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1960-années - Allemagne - Procès de Munich et Francfort
Prochainement
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1961-1962 - Israël - Procès Adolf Eichmann
Après la Seconde Guerre mondiale, le criminel de guerre nazi Adolf Eichmann s'enfuit d'Autriche et parvint en Argentine, où il vécut sous le nom de Ricardo Klement. En mai 1960, des agents du Service de renseignement israélien, s'emparèrent d'Eichmann en Argentine et le transportèrent à Jérusalem pour qu'il soit jugé par un tribunal israélien. L'accusé témoigna à l'abri d'un box protégé par une vitre à l'épreuve des balles.
Le procès Eichmann suscita l'intérêt de la communauté internationale, et révéla au monde entier l'ampleur des atrocités nazies. Les témoignages de survivants de la Shoah, en particulier ceux de combattants des ghettos tel que Zivia Lubetkin, attirèrent l'attention sur la résistance juive. Le procès permit une nouvelle ouverture d'esprit en Israël ; de nombreux survivants de la Shoah se sentirent enfin capables de raconter leur histoire alors que leur pays se confrontait à ce passé traumatique.
L'acte d'accusation, rédigé par le procureur général d'Israël, Gideon Hausner, comportait quinze chefs d'accusation, dont ceux de crimes contre le peuple juif et de crimes contre l'humanité.
Les accusations portées contre Eichmann étaient nombreuses. Après la Conférence de Wannsee (le 20 janvier 1942), Eichmann avait coordonné les déportations de Juifs d'Allemagne et d'Europe de l'Ouest, du Sud et de l'Est, vers les camps de mise à mort (par le biais de ses représentants parmi lesquels Aloïs Brunner, Theodor Dannecker, Rolf Günther, Dieter Wisliceny et d'autres au sein de la Gestapo). Eichmann dressait les plans de déportation jusque dans les moindres détails. Travaillant avec d'autres organismes allemands, il gérait aussi la confiscation des biens des déportés et s'assurait que son service en bénéficie. Il organisa également la déportation de dizaines de milliers de Tsiganes.
Eichmann fut aussi accusé d'appartenance à des organisations criminelles - les Sections d'assaut (SA), les Services de sécurité (SD) et la Gestapo (qui avaient été toutes été qualifiées de criminelles lors du procès de Nuremberg).
En tant que chef de la section des affaires juives de la Gestapo, Eichmann coordonna, avec le chef de la Gestapo Heinrich Müller, un plan d'expulsion des Juifs de la Grande Allemagne vers la Pologne. Ce plan servit de modèle aux futures déportations.
Déclaré coupable de tous les chefs d'accusation, Eichmann fut condamné à mort. Il fut pendu le 1er juin 1962. Son corps fut incinéré et ses cendres dispersées dans la mer, au-delà des eaux territoriales d'Israël. Ce fut la seule fois dans l'histoire de l'Etat d'Israël que la peine capitale fut appliquée.
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1980-2000 - France - Trois procès : Klaus Barbie, Paul Touvier, Maurice Papon
Prochainement
Klaus Barbie, 1987 ; Paul Touvier, 1994 ; Maurice Papon, 1997-1998
Allemagne
Bergen-Belsen
Le Mémorial de Bergen-Belsen
Bergen-Belsen est, depuis 1945, un lieu du souvenir de portée internationale. Le Mémorial comprend aujourd’hui la surface entière occupée par l’ancien camp. Sur le terrain, des monuments commémoratifs de l’après-guerre rappellent que plus de 52 000 personnes ont péri dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. Dans le cimetière des prisonniers de guerre soviétiques, un monument rend hommage aux 19 500 soldats soviétiques morts en captivité allemande à Bergen-Belsen et enterrés dans des fosses communes.
La fondation Mémoriaux de Basse-Saxe, créée en 2004, est en charge du Mémorial de Bergen-Belsen. Puisqu’il s’agit d’un lieu d’importance nationale et internationale, le Mémorial bénéficie du financement institutionnel de la République Fédérale d’Allemagne depuis 2009.
Historique du Mémorial
Dès la libération, une partie du camp de concentration est transformée en cimetière. Sur cette partie des lieux, les baraquements sont soit brûlés soit détruits, de sorte qu’il reste surtout des fosses communes auxquelles s’ajoutent des monuments commémoratifs. Le four crématoire du camp de concentration est également démonté.
Entre les tumulus qui couvrent les charniers, les rescapés créent des monuments dès 1945. D’une part, il s’agit d’une croix en bois érigée le 2 novembre 1945, le Jour des Morts, par des rescapés catholiques polonais, d’autre part, du moment juif inauguré lors du premier anniversaire de la libération le 16 avril 1946. Ces monuments représentent chacun un groupe important de Displaced Persons (personnes déplacées) libérées à Bergen-Belsen. De plus, ils ont chacun une portée religieuse et politique : Lors de l’érection de la croix, placée sur le lieu le plus élevé de l’ancien terrain du camp et dominant la plaine, un service œcuménique est célébré. Le placement du monument dans un endroit central entre les fosses communes les plus importantes y est en quelque sorte une réponse. De plus, le texte – hébreu et anglais – sur le monument juif fait allusion à Israël avant que le pays n’existe sous forme d’État :
« Qu’Israël et le monde entier se souviennent / des trente mille Juifs / exterminés au camp de concentration / de Bergen-Belsen / par les mains meurtrières des nazis / Terre ne couvre jamais le sang / versé sur toi ! / Ce premier anniversaire de la libération / le 15 avril 1946 / le 14 nissan 5706 / Comité Central Juif / Zone Britannique »
En effet, un membre du Comité central juif en zone d’occupation britannique, représentant des milliers de personnes déplacées juives, demande d’ouvrir les portes de la Palestine dans son discours prononcé lors du premier anniversaire de leur libération.
Après plusieurs années de débat sur la conception du Mémorial, la construction du monument central à la mémoire de tous les déportés du camp de concentration de Bergen-Belsen commence en 1948. Il s’agit d’un obélisque et d’un mur d’inscriptions déclinées dans les langues des déportés de différents pays. L’inauguration officielle du Mémorial de Bergen-Belsen a lieu le 30 novembre 1952. La cérémonie en présence du président de la République Fédérale Allemande, Theodor Heuss, et du Président du Congrès Juif Mondial, Nahum Goldmann, attire l’attention de la presse internationale. En même temps, le Land de Basse-Saxe prend en charge l’entretien du Mémorial de Bergen-Belsen.
En 1982, une inscription pour les Sintis est rajoutée sur le mur d’inscriptions, par suite de protestations contre leur discrimination persistante et leur non-représentation sur les lieux. Lors d’une grande manifestation sur le site du Mémorial de Bergen-Belsen en 1979, Simone Veil née Jacob, rescapée juive française de Bergen-Belsen qui vient d’être élue comme présidente du parlement européen, soutient la demande de reconnaissance du génocide des Sintis et Roms et d’égalité de traitement de ces minorité toujours discriminées.
Depuis 1999, à la différence des inscriptions nationales sur le mur d’inscriptions, une plaque déposée devant le monument rend hommage aux déportés selon les différents groupes de persécutés :
« Nous commémorons les hommes, / femmes et enfants venant de nombreux pays / détenus et tués / au camp de concentration de Bergen-Belsen / Opposants politiques / du national-socialisme / Juifs / Sintis et Roms / Homosexuels / Victimes d’une justice pervertie / Nous commémorons / les soldats qui ont péri dans le camp de prisonniers de guerre / venant de l’Union Soviétique et d’autres pays / 1999. »
Entre 1957 et 1969, un conflit entre la mémoire française de tradition républicaine et la mémoire juive oppose différents groupes de rescapés. L’exhumation prévue de corps de déportés français morts dans l’hôpital improvisé après la libération par les troupes britanniques est au cœur de ce conflit. Ces déportés français sont enterrés dans un cimetière situé à l’intérieur de la caserne de Bergen-Hohne dans lequel ils reposent parmi des déportés de diverses origines, entre autre d’origine juive. Puisque la loi religieuse interdit de toucher à une tombe juive, les préparatifs de l’exhumation provoquent l’opposition des associations de rescapés juifs de Bergen-Belsen et déclenchent un conflit international opposant également les gouvernements français et allemands. Une commission d’arbitrage décide en 1969 que le transfert de sépultures des déportés français n’aura pas lieu. Par la suite, les représentants de rescapés des différents pays sont consultés en vue d’une nouvelle conception du cimetière. En 1975, le cimetière réaménagé et une nouvelle sculpture composée d’arcs paraboliques, symbole universel de deuil, sont inaugurés.
Pendant le conflit, le Mémorial de Bergen-Belsen est également restructuré. Au début des années 1960, une nouvelle entrée et un réseau de chemins sont aménagés. Les tumulus des fosses communes sont relevés et respectivement entourés d’une enceinte en pierre. A la suite de plaintes de rescapés et d’associations de déportés français, les cendres dispersées près du four crématoire avant la libération sont également couvertes d’un tumulus. Sur l’ensemble du Mémorial, des axes de vue sont déboisés afin d’accentuer les monuments, les charniers et les stèles individuelles à la mémoire des déportés morts à Bergen-Belsen, érigées par leurs proches. Le site ressemble cependant à un parc paysager, et les anciens emplacements des bâtiments du camp restent invisibles.
Sur demande du Land de Basse-Saxe, l’historien Eberhard Kolb réalise une recherche scientifique sur le camp de concentration de Bergen-Belsen. Les résultats de sa recherche, parue en 1962 sous le titre « Bergen-Belsen. Histoire du ‘camp de séjour’ 1943-1945 », donnent lieu à l’élaboration d’une exposition permanente sur les persécutions nationaux-socialistes et le camp de concentration de Bergen-Belsen. A l’entrée du Mémorial, un centre de documentation dans lequel se trouve l’exposition composée de documents, de photos prises à la libération et d’une maquette du camp est ouvert au public en 1966.
Ensuite, les recherches sur Bergen-Belsen s’arrêtent et ne reprennent que dans les années 1980. En vue d’un agrandissement du centre de documentation, le Mémorial est doté d’une équipe de chercheurs en 1987 et, en 1988, de personnel éducatif. En 1990, le centre de documentation agrandi est ouvert au public. En plus d’un lieu de commémoration, le Mémorial de Bergen-Bergen-Belsen devient également un lieu d’apprentissage. Une nouvelle exposition permanente et des manifestations dans une salle de conférence, entre autre un film sur Bergen-Belsen, rendent accessible l’histoire du camp de prisonniers de guerre et du camp de concentration. De plus, le service aux visiteurs propose des visites accompagnées, notamment aux groupes scolaires.
Tandis que la moitié de l’ancien terrain du camp est transformée en Mémorial dès 1945, l’autre moitié est reboisée au fur et à mesure. Mais avant d’être démontés, les baraquements habités par les SS avant la libération sont utilisés pour y héberger des réfugiés allemands entre 1946 et 1953. Seulement dans les années 1990, des associations et organisations de jeunesse commencent à redécouvrir les emplacements des bâtiments sur cette partie du site historique. Lors de fouilles, ils mettent au jour des fondations de bâtiments ainsi que des réservoirs d’eau prévus pour lutter contre les incendies à l’intérieur du camp. Depuis 2007, la partie de l’ancien terrain du camp sur laquelle se trouvent ces ruines est reliée par un « chemin de pierre » au nouveau centre de documentation, bâtiment en béton brut inauguré la même année.
Le Mémorial de Bergen-Belsen de nos jours
Le Mémorial de Bergen-Belsen accueille plus de 250 000 visiteurs par an. Les visiteurs accèdent au Mémorial par une place centrale, devant le nouveau centre de documentation ouvert au public en 2007. De l’autre côté de la place se trouve le bâtiment du centre pédagogique, qui abrite également des expositions temporaires et des manifestations culturelles. Les visiteurs individuels ont la possibilité de s’informer sur l’histoire de Bergen-Belsen en se rendant à l’exposition permanente du centre de documentation. L’exposition permanente du Mémorial de Bergen-Belsen s’attache à retracer l’histoire du camp de prisonniers de guerre, du camp de concentration et du camp de personnes déplacées de Bergen-Belsen.
Le service aux visiteurs du Mémorial propose d’accompagner les groupes, sur réservation. Lors des visites guidées, le personnel du service aux visiteurs aborde l’histoire de ces trois camps différents avant de mettre l’accent spécifiquement sur un des camps ou des aspects particuliers de l’histoire de Bergen-Belsen.
Outre le département d’éducation, le Mémorial dispose d’un département de recherche et de documentation qui est en charge du livre de mémoire de Bergen-Belsen, du recueil de témoignages audiovisuels et de la collection de fonds d’archives. De même, il participe à divers projets de recherche et à l’élaboration d’expositions temporaires et itinérantes.
L’exposition permanente
En plus des documents historiques, l’exposition permanente présente des témoignages, dessins et objets des détenus ainsi que des images photographiées et filmées après la libération. Accompagnées de textes explicatifs, toutes ces pièces d’exposition sont inscrites dans le contexte respectif et mises en valeur en tant que sources à part entière. De cette façon, les médias visuels et audiovisuels prennent une place particulière dans la conception de l’exposition permanente.
C’est au travers des prises de vues de photographes et d’opérateurs britanniques, Bergen-Belsen a façonné l’image générale des camps de concentration nationaux-socialistes dans le monde entier. Les images donnent surtout une impression de l’hécatombe et de l’état des déportés peu de temps après leur libération, mais également une perception générale du camp de concentration. De plus, des stations audiovisuelles permettent de découvrir les témoignages de prisonniers de guerre, de déportés et de personnes déplacées. À la transcription allemande et anglaise du son original, qui rend accessibles des paroles des témoins, s’ajoutent des plaquettes qui donnent des informations biographiques sur chaque personne.
La conception topographique
Une nouvelle conception topographique est actuellement en cours de réalisation sur le terrain de l’ancien camp : La limite extérieure et les limites des sections à l’intérieur du camp ont été déboisées et plantées de gazon, les emplacements des baraques également. Des bornes d’information et des maquettes se trouvent sur la partie du terrain qui n’a pas été transformée en cimetière dans l’immédiat après-guerre. Le peu de ruines accessibles est révélé par des délimitations. De plus, un guide multimédia du site sous forme d’application pour tablettes numériques est disponible. Moyennant la réalité augmentée et virtuelle, le guide permet aux visiteurs de s’orienter sur l’ensemble de l’ancien terrain du camp. A l’aide d’une reconstruction numérique, mais plutôt abstraite, en trois dimensions des bâtiments historiques du camp de concentration, des sources, par exemple des dessins ou des textes de détenus, sont localisés dans l’endroit de leur genèse au camp. De cette façon, à part de la dimension temporelle, la dimension spatiale, particulièrement importante sur le site historique, est d’autant plus présente qu’il n’existe que très peu de ruines de l’époque du camp de concentration de Bergen-Belsen.
Les activités du département d’éducation
Depuis une quinzaine d’années, les activités du département d’éducation au Mémorial de Bergen-Belsen se reflètent dans le nombre croissant de groupes accompagnés par le service aux visiteurs : en 2015, plus de 1 100 groupes ont été accueillis, dont presque dix pour cent venaient de l’étranger. La grande majorité – 765 groupes – était composée d’élèves, mais on compte également 71 groupes de soldats, notamment allemands et britanniques.
Le service aux visiteurs du Mémorial propose des visites guidées et des journées d’études sur réservation. Une visite accompagnée de l’ancien terrain du camp et de l’exposition permanente dure de trois heures à trois heures et demi ; les journées d’étude durent six heures. Le service aux visiteurs propose ces offres en allemand, anglais, français, russe et d’autres langues étrangères. Lorsqu’ils souhaitent participer à une journée d’étude, les groupes peuvent choisir entre différents thèmes. Des informations détaillées sont disponibles en allemand et anglais sur le site internet du Mémorial de Bergen-Belsen. Outre ces offres standard, le département d’éducation du Mémorial de Bergen-Belsen et la fondation Mémoriaux de Basse-Saxe réalisent également d’autres projets, comme des séminaires de plusieurs jours, des rencontres avec des témoins, des rencontres internationales de jeunes et des séminaires de formation de professeurs et d’éducateurs travaillant dans l’encadrement de la jeunesse.
La rampe d’accès du chemin de fer
L’endroit de l’arrivée et du départ des convois de déportation, une rampe d’accès du chemin de fer, se trouvent à une distance de quelques kilomètres du Mémorial, près de la ville de Bergen. Sur le chemin, on traverse le petit village de Belsen et on passe devant la caserne de Bergen-Hohne, endroit où se trouvait le camp de personnes déplacées entre 1945 et 1950. La rampe d’accès est située sur un terrain militaire et les visiteurs sont donc obligés de faire une partie du chemin à pied avant d’arriver près d’un wagon de marchandises restauré. Il s’agit d’un objet historique et d’un monument commémoratif dans le même temps, aménagé par l’association « Arbeitsgemeinschaft (communauté de travail) Bergen-Belsen » qui pratique une citoyenneté active depuis plus de 30 ans. Entre autres, elle organise des commémorations, invite des rescapés et propose des voyages d’étude.
Janine Doerry, PhD
Buchenwald
Le site du camp, après guerre
Le Camp spécial numero 2
Après guerre, dans la zone d’Allemagne occupée par les Soviétiques, les bâtiments des camps de concentration sont utilisés pour interner les fonctionnaires locaux du parti nazi et toute autre personne dénoncée ou jugée suspecte, dans l’attente d’un éventuel jugement. Buchenwald devient l’un des dix camps, placés sous la direction de la Police secrète soviétique, le "Camp spécial numéro 2".
Jusqu’à sa fermeture, en février 1950, peu après la création de la République Démocratique Allemande, 28 000 personnes y sont internées dans des conditions difficiles et souvent délétères, victimes de la faim notamment. Un musée dédié à ce camp a été inauguré en 1997.
Le Mémorial de la RDA
En octobre 1950, le Gouvernement de la RDA prend la décision de raser le camp, en accord avec les représentants des anciens internés antifascistes allemands. Seuls le crématoire et les bâtiments de l’entrée devaient être conservés. Des champs de cailloux marqueront désormais l’emplacement des baraques (Block) du grand camp, le petit camp et les espaces industriels étant abandonnés à la nature. Il s’agit de suggérer « un désert inhumain et de caractère hostile ». Les casernes qui dominent le camp, le vaste bâtiment de l’Effektenkammer ainsi que celui de la Désinfection seront finalement maintenus. Dans la partie sauvegardée, un réseau de panneaux évoque essentiellement la résistance et la solidarité dont on fait preuve les internés malgré la barbarie fasciste.
La construction d’une aire de commémoration monumentale est envisagée dès 1954 sur le versant sud de l’Ettersberg, à proximité des charniers du camp. Ce Mémorial national antifasciste est inauguré le 4 septembre 1958. Il évoque tout à la fois la souffrance des détenus, leur espérance, leur résistance et leur soulèvement final dans une mise en scène grandiose et symbolique utilisant le flanc de la colline : une descente bordée de stèles évoquant l’histoire du camp, une allée des Nations bordée de 18 monuments, un chemin montant vers une tour de la libération visible de loin.
De nombreux autres lieux de mémoire ont vu le jour sur le site de l’ancien camp. Si une première plaque a rappelé dès 1953 que le Secrétaire du parti communiste allemand, Ernst Thälmann, avait été exécuté à Buchenwald le 18 aout 1944, d’autres sont venues s’ajouter qui évoquent la mémoire de personnalités ou de groupes de victimes : notamment Juifs, Polonais, Britanniques et Canadiens, Soviétiques, aviateurs alliés, écclésiastiques, homosexuels, ainsi que des femmes.
A une première exposition historique ponctuellement modifiée a succédé, en 1995, quelques années après la réunification allemande, une nouvelle exposition. Une refonte totale de l’espace muséographique de Buchenwald a lieu en janvier 2016.
Le camp de Buchenwald fut le premier camp de concentration à être délivré par une armée alliée. C'est pourquoi les articles, les films et les photos de presse réalisés juste après la libération ont marqué de façon durable le monde occidental tout comme les témoignages des survivants et leurs premiers écrits, sous forme romanesque ou non. En 1960 paraît une première histoire de Buchenwald, tout un ensemble de documents de diverses provenances qui a fait l’objet de nombreuses discussions avec les différentes associations nationales de déportés de Buchenwald rassemblées au sein d’un Comité international.
Il est difficile aujourd’hui de quantifier le nombre d’ouvrages parus sur Buchenwald depuis 1945. L’Association française recense plus de 400 titres français dans sa collection, la BNF plus de 800.
La Fondation allemande des mémoriaux de Buchenwald et de Dora mène aujourd’hui une politique active de recherches, d’expositions et de publications et prend de nombreuses initiatives pédagogiques en lien avec différentes universités et fondations allemandes. Représentées auprès de la Fondation par le Comité international Buchenwald-Dora, les associations nationales d’anciens déportés de Buchenwald - pour la France, l’association française Buchenwald-Dora et Kommandos - conduisent également de très nombreuses initiatives. Des rassemblements ont lieu à Buchenwald chaque année, le 11 avril et le dernier dimanche de janvier.
Dachau
Le mémorial du camp de concentration de Dachau a été construit en 1965 à l’initiative de survivants du camp de concentration de Dachau, qui s’étaient déjà réunis en 1955 au sein du Comité international de Dachau (CID), pour soutenir la construction d’un mémorial sur l’emplacement de l’ancien camp de détenus. La conversion du camp en mémorial s’achève en 1968 avec l’inauguration du monument international sur la place d’appel. Auparavant le gouvernement de Bavière et le comité international de Dachau avaient signé un accord plaçant le mémorial sous leur responsabilité commune.
De 1996 à 2003, dans le cadre de la rénovation du mémorial, une nouvelle exposition a été créée. Elle est organisée autour du “chemin du détenu”. Depuis 2003 les mémoriaux du camp de concentration de Dachau et de Flossenburg sont placés sous la tutelle de l’organisation Stiftung Bayerische Gedenkstätten (Fondation des mémoriaux de Bavière). L’objectif de la fondation est de “conserver et d’organiser les lieux de mémoire des crimes du national-socialisme, comme lieux de mémoire des souffrances des victimes et comme espace éducatif pour les générations à venir, de soutenir la recherche historique et de contribuer à maintenir en éveil la conscience des hommes et leurs connaissances des faits historiques.” (Art. 2, §1, Loi sur la fondation des mémoriaux).
Texte publié sur le site du Mémorial de Dachau
www.kz-gedenkstaette-dachau.de
Neuengamme
La longue gestation du site commémoratif de Neuengamme
À partir de début juin 1945, l‘administration militaire britannique utilise les bâtiments de l‘ancien camp de concentration comme camp d´internement pour d’anciens responsables de l’État, de l’armée et du parti nazis. Après restitution du site à la Ville de Hambourg, celle-ci y installe une prison en septembre 1948. Les baraques en bois sont démolies et sont remplacées dans les années 1949/50 par une vaste aile de cellules. Par contre, les bâtiments en pierre sont réutilisés : les anciens dortoirs de déportés sont transformés en locaux pour l’administration pénitentiaire, en réfectoires pour les détenus, en entrepôts et infirmerie ; les bâtiments du camp SS, en logements pour le personnel judiciaire, et l’ancienne usine d’armement Walther-Werke en ateliers pénitentiaires. À la fin des années 1960, la Ville de Hambourg fait construire une deuxième prison entourée de hauts murs de béton à l´endroit où se trouvaient les glaisières.
Le site de l’ancien camp de concentration n’est alors pas accessible au public. Sur les insistances de survivants français, une première colonne commémorative est érigée en 1953 à l’écart du camp. Sur l‘emplacement des anciens jardins potagers, situés aux abords du camp où les SS faisaient épandre les cendres du four crématoire, un mémorial international est inauguré en 1965 dans un parc aménagé en cimetière. Il se compose d’un obélisque de 27 mètres de haut et d’un long Mur du souvenir, bordé de dalles en pierre portant le nom des nations des déportés. L‘Amicale Internationale de Neuengamme, qui regroupe les associations de survivants et de leurs familles, a légué au mémorial la sculpture réalisée par l’artiste française Françoise Salmon, Le déporté agonisant.
Des possibilités d’information ne sont mises en place qu’en 1981 avec l‘ajout à l’ensemble commémoratif d‘un centre de documentation abritant une première exposition. Depuis cette date, les efforts tenaces déployés notamment par les associations de jeunes et de survivants ont assuré la conservation des témoignages historiques et des vestiges architecturaux. À la suite de protestations en Allemagne et à l’étranger contre un projet de démolition, la Ville de Hambourg classe « monument historique » en février 1984 la briqueterie menacée de délabrement et procède à sa restauration.
Un projet de construction de nouveaux bâtiments pénitentiaires sur l´emplacement de l’ancien camp de déportés soulevant une vague de protestations, le Sénat de Hambourg décide en juillet 1989 de déplacer l‘établissement pénitentiaire Vierlande établi sur le site depuis 1948. La Gedenkstätte anticipe le transfert de la prison reporté à plusieurs reprises et aménage avant l’heure une partie de l’ancienne usine Walther-Werke, pour qu’une nouvelle exposition permanente puisse y être inaugurée en mai 1995 à l’occasion du cinquantenaire de la libération. Parallèlement, le centre de documentation est transformé en Maison du recueillement. Sur de longues bandes d’étoffe suspendues aux murs en béton brut s’y égrènent par ordre chronologique des dates de décès les noms de 25 000 victimes. Depuis la fin de la guerre, cette liste de noms s’allonge. Des bandes laissées vides évoquent les victimes dont les noms demeurent inconnus.
À l’issue de nouveaux contretemps et d’autres protestations, la prison est finalement transférée en juin 2003 dans le nouvel établissement pénitentiaire de Billwerder, et les bâtiments datant du camp de concentration sont remis au site commémoratif de Neuengamme. Pour le 60e anniversaire de la libération, le 4 mai 2005, est inauguré sur le site historique un centre d’expositions, de rencontres et d’études. Quatre des cinq nouvelles expositions permanentes sont présentées dans des bâtiments qui datent de l’époque du camp de concentration : l’exposition principale plurilingue « Traces du passé » occupe un ancien bâtiment d´hébergement construit en 1943-1944 dans le camp des déportés, et documente 2500 pièces originales, 120 registres biographiques et 300 dossiers thématiques sur les crimes nazis et le sort réservé aux déportés, de même que les retombées historiques jusqu’à nos jours. L’exposition thématique ciblée « Service au camp de concentration de Neuengamme : les SS du camp » est présentée dans les anciens garages des SS. Deux expositions annexes informent sur les diverses conditions de travail dans l´ancienne briqueterie et l´ancienne usine d´armement Walther-Werke. Enfin, sur un pan de mur en béton surplombé d’un mirador datant de la deuxième prison construite à la fin des années 1960, l’exposition en plein air « Prisons et Centre de mémoire : chronique d’une incompatibilité » mesure le long chemin parcouru jusqu’au transfert de la prison et à l’aménagement du site commémoratif.
En février 2006 a lieu la fermeture de ce deuxième établissement pénitentiaire. Après sa démolition, ce terrain est également intégré au site commémoratif et les vestiges sont dégagés. Aujourd’hui, la Gedenkstätte couvre sur une superficie de 57 hectares presque l’ensemble du site historique de l’ancien camp de concentration doté de 17 bâtiments d’origine, et se présente désormais au public avec des panneaux d’information en plusieurs langues et un guide audio. Grâce à l’engagement des survivants et de leurs associations, et aussi à une nouvelle prise de conscience dans l’opinion publique allemande et parmi les personnalités politiques de Hambourg, l’ancien camp de concentration de Neuengamme est aujourd’hui voué exclusivement à la mémoire des victimes, à la documentation et à la formation en histoire politique.
Directeur de la KZ-Gedenkstätte Neuengamme
Mémorial de l'ancien camp de concentration de Neuengamme
Ravensbrück
Le Mémorial et lieu d'exhortation national de Ravensbrück (1959 -1990)
Le « Mémorial et lieu d'exhortation national de Ravensbrück », l'un des trois mémoriaux nationaux de la RDA, fut inauguré le 12 septembre 1959. Conçu par les architectes du « collectif de Buchenwald », il se concentre autour d'une partie des anciennes installations du camp de concentration situées à l'extérieur du mur d'enceinte, tels que le crématoire, l'ancienne prison du camp (bâtiment cellulaire) ainsi qu'un pan du mur d'enceinte de 4 mètres de haut. Dans l'espace funéraire aménagé aux pieds du pan ouest du mur d'enceinte reposent depuis 1959 les dépouilles de détenus morts au camp. Symbole même du Mémorial de Ravensbrück, la sculpture en bronze « Tragende » ((litt. « celle qui porte ») de Will Lammert se dresse au cœur de l'espace commémoratif.
Entre le mois de mai 1945 et la fin du mois de janvier 1994, l'ensemble du site de l'ancien camp de concentration - à l'exception de l'espace commémoratif aménagé aux bords du lac de Schwedt - fut occupé par l'armée soviétique puis par les troupes militaires de la CEI.
Le premier musée du camp fut aménagé en 1959-60 dans l'ancien bâtiment cellulaire. A cette occasion, des survivants du camp originaires de différents pays d'Europe firent don au Mémorial de souvenirs, de dessins et de documents relatifs à la période de leur internement. Le concept d'une « exposition des nations » développé au début des années 1980 par la direction du Mémorial offrit à chaque pays la possibilité d'aménager à son gré une salle du bâtiment cellulaire. C'est ainsi que virent le jour à l'étage supérieur 17 salles nationales du souvenir.
Quant à l'ancienne Kommandantur du camp, réquisitionnée par les militaires soviétiques jusqu'en 1977, elle fut transformée en « Musée de la résistance antifasciste » et abrita à partir de 1984 la principale exposition permanente du Mémorial.
Le Mémorial et lieu d'exhortation de Ravensbrück (depuis 1993)
Après l'unification allemande, le Mémorial fut intégré en 1993 à la Fondation des Mémoriaux du Land de Brandebourg, une fondation de droit publique financée à part égale par le Land de Brandebourg et par la République Fédérale d'Allemagne, qui regroupe également le Mémorial et Musée de Sachsenhausen, une dépendance de ce dernier, « le Musée de la marche de la mort » dans le bois de Below près de Wittstock, ainsi que le Centre de documentation de Brandebourg/Havel.
Au début des années 1990, dans le cadre des travaux de réaménagement du site, le « Musée de la résistance antifasciste » aménagé dans l'ancienne Kommandantur fut remplacé par deux nouvelles expositions permanentes. Trois nouvelles salles du souvenir furent inaugurées à la même époque dans le bâtiment cellulaire, à la mémoire des femmes internées à Ravensbrück après l'attentat du 20 juillet 1944 (1991), des prisonnières juives (1992) et des Sintis et Roms (1995). Une nouvelle exposition consacrée à l'histoire du bâtiment cellulaire a été en outre inaugurée en 2006. l'une des anciennes maisons des gardiennes, dans l'ancien lotissement des SS, a été entretemps réhabilitée conformément aux directives qui prévalent en matière de protection des monuments historiques et abrite depuis l'automne 2004 une exposition consacrée au personnel SS féminin du camp de concentration de Ravensbrück.
Conservation et réaménagement
Après qu'en 1993 furent entamés les travaux d'agrandissement et de réaménagement du Mémorial, priorité fut donnée dans un premier temps à l'analyse de la structure des bâtiments historiques et à leur conservation conformément aux directives qui prévalent en matière de protection des monuments historiques. Après le départ des troupes de la CEI, le périmètre d'entrée du camp fut ouvert au public en 1995, à l'occasion du 50e anniversaire de la libération.
Depuis, le site a été déblayé et le paysage remodelé, permettant l'accès des visiteurs à d'autres secteurs de l'ancien camp des détenus ainsi qu'au « secteur industriel » qui en fait partie: l'ancienne fabrique de textiles (dite « ateliers de couture »), composée de 8 halls reliés les uns aux autres, a été consolidée en 1999-2000 et en partie restaurée.
D'autres travaux de réhabilitation sont prévus au cours des années à venir, dans le cadre des travaux de réaménagement du Mémorial. Un centre d'accueil des visiteurs a été inauguré en 2007. Le bâtiment de la Kommandantur abritera à l'avenir l'exposition principale du Mémorial. Les services administratifs, les collections ainsi qu'une salle réservée aux manifestations seront regroupés dans les anciens garages situés à l'arrière du bâtiment. l'exposition principale est complétée par plusieurs petites expositions consacrées de manière plus approfondie au bâtiment cellulaire (»Ravensbrück. Le bâtiment cellulaire«, depuis 2006), aux gardiennes (« Escorte de la SS: les gardiennes du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück », depuis 2004), au personnel masculin de la SS et au « Travail forcé dans le camp de concentration pour femmes de Ravensbrück. Fabrication de textiles au profit de l'économie SS ».
Centre international de rencontre de la jeunesse de Ravensbrück (depuis 2002)
Aménagé dans les anciennes maisons des gardiennes du camp et inauguré en 2002, le Centre international de rencontre de la jeunesse est un lieu de formation pédagogique. Le Service pédagogique du Mémorial propose différents programmes étalés sur une à plusieurs journées. l'auberge de jeunesse de Ravensbrück peut accueillir jusqu'à 99 personnes.
Texte publié sur le site du Mémorial du camp de Ravensbrück
http://www.ravensbrueck.de/mgr/neu/
Sachsenhausen
Le mémorial de Sachsenhausen
À Oranienbourg, des initiatives ont été rapidement prises pour ériger un mémorial en mémoire des victimes du camp de concentration de Sachsenhausen.
Après la guerre, le site du camp n’étant pas accessible, il était prévu qu’un monument soit érigé sur une place centrale de la ville. Toutefois, pour des raisons financières, un appel d’offres a été lancé, mais sans aucune suite. Un autre appel d’offres lancé en 1950 pour un mémorial sur le site du camp de concentration a lui aussi été abandonné.
À l’automne 1951, l’association VVN (association pour les personnes persécutées par le régime nazi) a décidé de créer une commission de planification de mémoriaux pour préserver les vestiges et les traces, témoignages de la période nazie. En décembre 1953, le comité central du SED (parti socialiste unifié de la RDA) a mandaté le MfDG (musée sur l’histoire allemande de la RDA) de travailler sur des projets pour l’aménagement en musées des mémoriaux de Sachsenhausen et de Ravensbrück.
L’ancien site du camp de concentration était dans un état lamentable. L’ancien camp des troupes SS avait été utilisé par l’armée soviétique et par le KVP (le « parti populaire encaserné » de la RDA). L’ancien camp de prisonniers servait de lieu à disposition des casernes. Petit à petit, les baraques ont été démolies et le four crématoire dynamité. Bien que la police populaire encasernée ait érigé deux monuments en 1954 et en 1955 sur le site pour que des cérémonies commémoratives puissent avoir lieu, les destructions se sont poursuivies. Motivé par le 10e anniversaire de la libération du camp, le processus de planification des mémoriaux a toutefois été mieux enclenché. En 1956, le site a été ouvert aux visiteurs. La mise en place des plans définitifs s’est néanmoins poursuivie jusqu’en 1961. Bénéficiant d’une grande participation internationale, le monument et mémorial national de Sachsenhausen a pu ouvrir ses portes les 22 et 23 avril 1961. Le mémorial comprend un monument d’une hauteur de 40 mètres avec la statue « Befreiung » (« Libération ») de René Graetz, l’ancienne cuisine des prisonniers avec le musée du camp, le Musée International (« Museum des antifaschistischen Freiheitskampfes der europäischen Völker » : musée du combat des peuples européens pour la libération antifasciste), la Baraque 38 (« Museum des Widerstandskampfes und der Leiden des jüdischen Volkes » : musée de la résistance et de la souffrance du peuple juif), la « Station Z » avec les vestiges des fondations de l’installation mise en place pour perpétrer des meurtres de masse, ainsi que d’autres traces du camp de concentration. Pendant plus de trente ans, il s’agissait là des éléments centraux du mémorial.
À la fin de la RDA, le mémorial a peu à peu été réaménagé selon les recommandations d’une commission d’experts sous la direction de la nouvelle fondation pour les mémoriaux du Brandebourg « Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten ». À l’été 1991, l’exposition sur le « combat pour la libération antifasciste » a été démantelée à la demande du directeur par intérim du mémorial en raison de sa partialité politique et de son insuffisance scientifique. En septembre 1992, un incendie a partiellement détruit la Baraque 38. Sur décision du comité de la fondation, un nouveau bâtiment du musée a été érigé à la place de l’aile de la baraque qui a brûlé et les traces de l’incendie ont été intégrées à l’exposition. En 1997, une exposition sur les « prisonniers juifs dans le camp de concentration de Sachsenhausen » a ouvert. Il s’agissait de la première exposition permanente dans le concept d’ensemble décentralisé qui compte désormais 13 expositions au total et qui intègre dans la présentation les bâtiments et vestiges conservés. Les visiteurs sont sensibilisés à différents aspects de l’histoire du site. L’exposition « Médecine et crimes » dans les anciennes baraques de l’infirmerie aborde par exemple les sujets des soins médicaux dans le camp de concentration et des expérimentations médicales effectuées sur les prisonniers du camp. Une documentation sur le mur du camp concernant la « Station Z » donne des informations sur différents meurtres de masse perpétrés dans le camp de Sachsenhausen. L’exposition sur « La ville et le camp » dans l’ancienne Tour E traite des multiples relations entre le camp de Sachsenhausen et la ville d’Oranienbourg ou la commune de Sachsenhausen. Enfin, dans l’ancienne inspection du camp, dans la Tour A et dans la maison du commandant, trois expositions sont consacrées aux criminels du camp et abordent des thèmes tels que leurs crimes, leurs motifs, leurs marges de manœuvre et leur responsabilité pénale.
Hermann Kaienburg
Etats-Unis
France
Loiret - Orléans - Musée du Cercil - Musée
Depuis plus de vingt ans, le Cercil-Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv travaille sur l’histoire et la mémoire des camps d’internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, et la déportation juive.
Entre le 14 mai 1941 et juillet 1943, plus de 16 000 Juifs, dont plus de 4 700 enfants, ont été internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 4 400 d’entre eux ont été déportés et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
En 1942, huit convois partent directement des gares de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers pour Auschwitz, les autres internés ransitent par le camp de Drancy.
Entre avril 1941 et décembre 1945, 1 190 Tsiganes, dont 700 enfants, ont été internés dans le camp de Jargeau.
Depuis 2011, le Cercil est installé dans de nouveaux locaux où une exposition permanente présente l’histoire de ces camps autour d’archives, d’analyses et de témoignages. Un mémorial consacré aux enfants du Vel d’hiv permet d’évoquer la vie des 4 400 enfants juifs internés à Beaune-la-Rolande et à Pithiviers et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
Le Cercil comprend également un centre de ressources et d’archives.
Un pôle pédagogique composé de deux professeurs mis à disposition par l’Education nationale et de médiateurs, est un interlocuteur privilégié pour les enseignants, les élèves et les étudiants.
Sont organisés des visites sur les lieux de mémoire, des ateliers pédagogiques, des visites commentées de l’exposition permanente.
Chaque semaine, dans le cadre des Mardis du Cercil, sont proposés rencontres avec des témoins, des historiens, des projections de films, des lectures.
Le Cercil intervient hors les murs en mettant à disposition des expositions itinérantes, des formations, des dossiers pédagogiques, des rencontres.
Ouvert aux chercheurs et au public, le Cercil est ainsi à la fois un lieu de recherche, de mémoire et d’éducation.
45 rue du Bourdon-Blanc 45000 Orléans - Tél. 02 38 42 03 91
cercil@cercil.eu – site internet : www.cercil.fr
Musée-Mémorial et Centre de ressources
Ouvert du mardi au dimanche de 14h à 18h - Le lundi sur rendez-vous.
Nocturne le mardi jusqu’à 20h. Fermé le samedi
Pour les groupes, tous les jours sur rendez-vous.
L’équipe du Cercil est présente du lundi au vendredi de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h30.
Natzweiler-Struthof
Le premier musée au Struthof
Dès 1960, la Commission exécutive du Struthof souhaite créer un musée dans la seule baraque-dortoir subsistante. Le 27 juin 1965, une première exposition y est inaugurée par Jean Sainteny, ministre des Anciens combattants le jour de la cérémonie annuelle. Elle présente de nombreux objets originaux. Ses collections sont alors le fruit d’une collecte d’objets et de dons spontanés d’anciens déportés.
L’incendie de 1976 et la reconstruction du musée
En 1976, le musée est ravagé par un incendie criminel, détruisant plus de 95 % des collections. Quelques rares objets sont sortis des décombres et placés dans le nouveau baraquement reconstruit à l'identique. Après de nouveaux actes de vandalisme en 1979, une exposition est réalisée par Alfred Mantzer, ancien déporté de Neuengamme, et Paul Blasy, ancien déporté de Dora, avec le concours de Mme Annick Burgard, membre de la Commission exécutive. L’exposition est inaugurée par Valéry Giscard d'Estaing, Président de la République française, le 29 juin 1980.
Le nouveau musée du KL-Natzweiler
Parallèlement à la création du Centre européen, le musée est entièrement repensé pour être exclusivement consacré à l'histoire du camp de concentration de Natzweiler et de ses camps annexes. Il est ouvert au public en novembre 2005.
Dès l'entrée, le film « Du Struthof au KL-Natzweiler » montre, en quelques minutes, le site tel qu'il était avant la guerre puis sa transformation en camp de concentration. Un effet de surimpression des images du passé sur les vestiges actuels permet au visiteur de se sentir au cœur des faits qui se sont déroulés ici, il y a soixante ans.
Le public découvre ensuite la création du camp, son organisation, les déportés et leur vie quotidienne, la terreur et la mort omniprésentes, les camps annexes, les expérimentations médicales, la fin du camp, les procès, la mémoire…
L'exposition est constituée de collections de photos, de documents d'archives, d’objets originaux et de dessins, notamment ceux d'Henri Gayot, résistant déporté. Un espace est consacré à la reconstitution de l'intérieur d'une baraque tel qu'il était à l'époque. En juin 2006, une borne interactive donnant accès à l'ensemble des informations du registre des déportés du camp a été inaugurée.
L'enfer de la vie concentrationnaire
En sortant du musée, le visiteur contemple les vestiges du camp.
Sur une des anciennes places d'appel, il découvre la plaque en hommage aux déportés étrangers morts au camp et la potence. Passant devant l'ancienne baraque des cuisines, il descend le long du ravin de la mort pour gagner le block du four crématoire et des expérimentations médicales, et celui du block cellulaire. C'est là, sur cet emplacement situé entre ces deux bâtiments, qu'arrivaient les déportés. Et que commençait l'enfer de la vie concentrationnaire.
La chambre à gaz, située à l'extérieur du camp, est aussi accessible aux visiteurs.
Informations publiées sur le site du Musée struthof.fr
Paris - Arc de triomphe
Paris - Mémorial de la Shoah
Histoire du Mémorial de la Shoah
Le Mémorial de la Shoah trouve son origine pendant la guerre, avec la création dans la clandestinité d’un fonds d’archives visant à rassembler les preuves de la persécution des Juifs. Le Centre de documentation Juive Contemporaine se double plus tard du Mémorial du Martyr Juif Inconnu. Centre d’archives, musée, le Mémorial est aujourd’hui un lieu de médiation essentiel pour la transmission.
En 1943, l’ objectif: documenter la persécution des Juifs
Le 28 avril 1943, alors que la France est occupée, Isaac Schneersohn, industriel d’origine russe, réunit dans l’appartement qu’il loue dans la rue Bizanet à Grenoble, 40 militants et responsables de différentes tendances de la communauté juive afin de créer un important fonds d’archives, dans la clandestinité.
Alors que la communauté juive de France est traquée par l’occupant nazi suppléé par la police du gouvernement de Vichy, l’objectif est de mettre en place une structure qui rassemblerait des preuves de la persécution des Juifs afin de témoigner et de demander justice dès la fin de la guerre. Isaac Schneersohn est en fait en train de rassembler les preuves qui donneront naissance à la justice pénale internationale lors du procès de Nuremberg quelques années plus tard.
Après cette réunion de Grenoble, les fondateurs de ce fonds d’archives, désormais nommé Centre de Documentation Juive Contemporaine commencent à rassembler des documents, mais leur activité est stoppée par l’invasion allemande en septembre 1943 de la zone jusqu’alors occupée par les Italiens, zone dans laquelle se trouvait Grenoble. Schneersohn rejoint la résistance en Dordogne et noue des contacts avec la Résistance française qui s’avéreront utiles par la suite. Alors que les combats pour la libération de la France ont commencé, Isaac Schneersohn et son équipe rejoignent Paris afin de sauver de la destruction et de la mise sous séquestre les fonds d’archives émanant de Vichy et de l’occupant nazi.
Récupération des archives de la Gestapo et de Vichy
Aidé par des résistants et grâce au flair d’Isaac Schneersohn et de Léon Poliakov en charge du Service de recherches des archives, le Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC) met la main sur des archives précieuses dans des conditions souvent rocambolesques, telles que celles du CGQJ, de l’ambassade d’Allemagne à Paris, de l’Etat-major, de la délégation générale du Gouvernement de Vichy et surtout sur celles du service anti-juif de la Gestapo, l’une des rares récupérée en Europe.
Dès la fin des hostilités, le CDJC entreprend de classer ses archives afin d’étudier le processus qui avait conduit à la destruction des Juifs de France. Il crée sa propre maison d’édition, publie ses premiers travaux sur les camps d’internement (Joseph Weill, Contribution à l’histoire des camps d’internement dans l’anti-France, Paris, CDJC) et se dote, en 1946, de la première revue d’histoire de la Shoah, le Monde Juif.
Le Centre de Documentation et le jugement des criminels de guerre
Parallèlement à ce travail d’histoire et de mémoire, le Centre de Documentation Juive Contemporaine est sollicité par le gouvernement français, par l’entremise d’Edgar Faure, afin d’étayer la plaidoirie française aux procès de Nuremberg. Le CDJC transporte sa documentation à Nuremberg et bénéficie d’une représentation permanente pendant les procès internationaux et américains, devenant l’un des destinataires officiels de tous les documents alors en circulation.
L’activité déployée par le CDJC à Nuremberg lui vaut la reconnaissance du Procureur général Telford Taylor qui autorise Léon Poliakov et Joseph Billig à puiser dans les archives de ce premier grand procès international. Ce rôle d’aide à la justice inauguré lors des procès de Nuremberg s’est poursuivi durant les procès des responsables et complices de la solution finale en Allemagne, en France et en Israël où Georges Wellers, le responsable scientifique du CDJC est appelé à déposer au procès Eichmann.
Dans les années 1980, le CDJC fournit à la justice française une pièce d’archive, le télex d’Izieu, qui lui a permis de procéder à l’inculpation de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon, pour crimes contre l’humanité.
Du centre de documentation au Mémorial du Martyr Juif Inconnu
En 1950, Isaac Schneersohn décide de créer un tombeau-Mémorial destiné aux victimes de la Shoah : Le Mémorial du Martyr Juif Inconnu (MMJI). Cette idée suscite d’abord l’opposition d’une partie de la communauté juive qui ne voulait pas « d’une institution tournée vers le passé ».
Isaac Schneersohn s’attache alors à fonder un large comité de parrainage comprenant de nombreuses personnalités. Lorsque le chef du gouvernement du très récent Etat d’Israël est sollicité, David Ben Gourion prend conscience que le premier Mémorial dédié aux victimes juives du nazisme va voir le jour à Paris. Aussi très vite, l’Etat d’Israël décide d’ériger son propre Mémorial, Yad Vashem, à Jérusalem, avec qui le CDJC établit des liens privilégiés. La première pierre du Mémorial de Paris est posée le 17 mai 1953, sur un terrain donné par la Ville de Paris. Plusieurs pays, la France, la Belgique, le Luxembourg, la Yougoslavie contribuent à la construction du Mémorial par la donation d’œuvres d’art.
La crypte du Mémorial
Le bâtiment est finalement inauguré le 30 octobre 1956 en présence de 50 délégations des communautés juives du monde entier et de nombreuses personnalités politiques et religieuses venues de toute l’Europe. Des cendres provenant des camps d’extermination et du ghetto de Varsovie sont solennellement déposées le 24 février 1957 dans la crypte du Mémorial par le grand rabbin Jacob Kaplan.
Classé monument historique en 1991, le Mémorial du Martyr Juif Inconnu accueille chaque année les principales cérémonies liées à la Shoah [ghetto de Varsovie, découverte du camp d’Auschwitz, Hazkarah, Journée nationale de la Déportation] organisées par l’Etat ou par la communauté juive.
L’inauguration du Mémorial de la Shoah en 2005
Le développement du centre de recherche sur la Shoah, devenu l’un des tout premiers en Europe, comme celui des activités du Mémorial, notamment en direction des publics scolaires, ont amené le conseil d’administration du Mémorial- CDJC à proposer une nouvelle étape : la création du Mémorial de la Shoah.
Le CDJC, qui avait déménagé à Paris après la Libération et a retrouvé sa place en 1956 dans le Mémorial du Martyr Juif Inconnu, occupe toujours aujourd’hui une place naturelle dans les murs du Mémorial et est ouvert à la recherche. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de l’État, de la Ville de Paris et de la Région Île-de-France, le Mémorial s’est doté d’un projet d’agrandissement de son bâtiment.
Le nouveau Mémorial
Achevé fin 2004 cette extension a permis notamment d’offrir davantage de place aux chercheurs dans les salles de lecture, de déployer l’exposition permanente sur l’histoire de la Shoah, de créer un espace multimédia, un auditorium et d’ériger à l’extérieur du bâtiment « le Mur des noms » où ont été gravés les noms de tous les Juifs déportés de France.
Aujourd’hui, le Mémorial de la Shoah est à la fois un musée proposant une exposition permanente, deux expositions temporaires chaque année et de nombreux rendez-vous culturels (rencontres, projections, témoignages), un centre d’archives ouvert à la recherche et un lieu de mémoire et de transmission.
En 2005, le Mémorial de la Shoah a ouvert un musée à Drancy, en face de la cité de la Muette, ancien camp d’internement. Lieu d’histoire et de transmission, complémentaire du Mémorial de Paris, ce centre a pour vocation de présenter l’histoire du camp de Drancy.
Le Mémorial de la Shoah est aussi présent en région et à l’étranger. A Toulouse, l’antenne régionale pour le sud de la France relaie les actions du Mémorial en s’appuyant sur les partenaires locaux et sur le patrimoine régional. En 2016 est organisée pour les professeurs à Toulouse la première Université du sud de la France.
En Italie, où il peut compter depuis 2010 sur une correspondante permanente, le Mémorial de la Shoah développe trois grands types d’actions: la formation continue, les partenariats avec les musées de la Résistance, une présence active au sein du réseau universitaire.
Le Mémorial est aussi très présent en Pologne, avec, notamment les voyages de mémoire et l’Université d’été, et aux Etats-Unis où des expositions temporaires sont proposées au public américain grâce à des partenariats locaux.
Informations publiées sur le site du Mémorial de la Shoah
memorialdelashoah.org/ (Histoire du Mémorial)
Paris - Mémorial du camp de Drancy
Après la Libération, la construction de la mémoire du camp
Après la libération de Paris, le camp de Drancy est utilisé pour la détention des personnes suspectées de collaboration, comme l’écrivain et metteur en scène Sacha Guitry, la cantatrice Germaine Lubin ou encore Pierre Taittinger, président du conseil municipal de Paris de mai 1943 à août 1944. Dès 1946, de grandes commémorations initiées par d’anciens internés rescapés d’Auschwitz-Birkenau ont lieu à Drancy. À partir de 1948, les immeubles retournent progressivement à leur destination première. La Cité est débarrassée des barbelés et des miradors, les appartements accueillent des locataires. Des années 1950 aux années 1980 commence le lent travail d’intégration de la Shoah à la mémoire nationale, avec les témoignages des déportés, peu écoutés, les associations qui militent pour la construction d’un mémorial à Drancy.
En 1976, un monument commémoratif réalisé par l’ancien déporté Shlomo Selinger est érigé à l’entrée de la Cité pour évoquer la mémoire du lieu.
D’autres associations tentent par ailleurs de sauvegarder la mémoire du camp de Drancy : l’association des Anciens déportés juifs de France présidée par Henry Bulawko, ancien interné au camp de Drancy et ancien déporté à Auschwitz, l’Association des fils et filles des déportés juifs de France présidée par Serge Klarsfeld, qui publie en 1978 le Mémorial de la déportation des Juifs de France, avec la liste de tous les déportés de chaque convoi, dont les 63 convois partis de Drancy.
En 1988, un wagon du modèle de ceux ayant servi à transporter les déportés et dans lequel une exposition retrace l'histoire du camp de Drancy est installé à proximité de la sculpture de Shlomo Selinger, à l’initiative du maire Maurice Nilès.
Deux associations s’installent sur le site ; pour transmettre aux jeunes générations la mémoire du camp de Drancy: l’AFMA (Association pour la Fondation Mémoire d’Auschwitz qui devient en 2003 Association Fonds Mémoire d’Auschwitz), créée par Georges Wellers et Henri Moraud, et le Conservatoire historique du camp de Drancy, présidé par Raphaël Chemouni. Ces associations accueillent depuis 1988 des collégiens et des lycéens pour leur transmettre l’histoire du camp de Drancy, notamment en rencontrant d’anciens internés. En 2001, la cité est classée parmi les sites et monuments protégés de France.
Un projet d’éducation et d’histoire initié par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
La création en 2000 de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah s’inscrit dans le cadre de la reconnaissance des responsabilités de la France dans la Shoah, et de la restitution des biens juifs spoliés en déshérence, dont provient sa dotation. Simone Veil en est alors la présidente, et, avec Serge Klarsfeld, ils ont à cœur de créer à Drancy un centre d’histoire qui puisse prendre le relais des témoins et expliquer aux jeunes générations l’histoire de la Shoah en France dont le camp de Drancy est le lieu le plus emblématique.
Après avoir exclu de créer un tel centre à l’intérieur de la cité de la Muette, pour ne pas gêner les habitants, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, en concertation avec le maire de Drancy, s’oriente sur la construction d’un bâtiment spécifique, juste en face de la cité, pour qu’on puisse avoir une vue d’ensemble de toute la surface de l’ancien camp de Drancy.
En 2006, une étape importante est franchie avec la cession du terrain à titre gracieux par la Ville de Drancy.
L’enjeu d’un tel projet est d’expliquer ce qu’a été le camp de Drancy, comment il a fonctionné et quel a été le sort des hommes, des femmes et des enfants juifs qui y furent internés. Avant que les derniers rescapés ne disparaissent, il s’agit en effet de préserver la mémoire de leur passage en ce lieu qui fut pour eux synonyme de détresse et de souffrances.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah confie au Mémorial de la Shoah le pilotage de ce projet. Les équipes du Mémorial supervisent la construction qui démarre en 2008 et réalisent l’exposition permanente ; elles assurent également la gestion quotidienne de ce nouveau lieu, avec l’appui financier de la Fondation, en cherchant d’autres partenaires publics et privés pour en assurer le développement. Le 23 septembre 2012, le Mémorial de la Shoah de Drancy ouvre ses portes. Il prend le relais du Conservatoire historique du camp de Drancy, proposant dès lors un espace dédié à l’accueil du public, hors de la cité de la Muette mais sans en être éloigné, afin de concentrer l’activité mémorielle du site.
Le Mémorial de la Shoah de Drancy est avant tout un lieu d’éducation et de transmission de l’histoire, ouvert sur la vie de la ville, du département et de la Région. Il propose aux scolaires des contenus et des activités spécifiques. Le public individuel peut également y découvrir cette page importante de l’histoire de France.
Chronologie
1948-1950 : Dès l'après-guerre, des commémorations se déroulent au camp de Drancy. Peu après le procès bâclé des gendarmes de Drancy, la cité de la Muette, restée vide, est réhabilitée et rendue à un usage d'habitation.
1976 : Le monument commémoratif réalisé par le sculpteur Shlomo Selinger est inauguré.
1988 : Inauguration du wagon du souvenir.
2001 : Classement de la cité de la Muette.
2005 : La Fondation pour la Mémoire de la Shoah lance le projet de créer un centre de mémoire et d’histoire et confie sa réalisation au Mémorial de la Shoah de Paris.
2006 : La Ville de Drancy cède le terrain à titre gracieux
2008 : Début des travaux
23 septembre 2012 : Ouverture du Mémorial de la Shoah de Drancy.
Mémorial de la Shoah
http://drancy.memorialdelashoah.org/le-memorial-de-drancy/
Grèce
Hongrie
Italie
ASSOCIATIONS FONDATIONS
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France - Association Française Buchenwald Dora et Kommandos
L’association a été fondée dès le retour des Déportés, le 1e juillet 1945, par deux personnalités de premier plan, toutes deux déportés à Buchenwald.
Elles animèrent la résistance interne des Français dans le camp, et prirent une part majeure à sa libération :– Marcel Paul (1900-1982), ancien militant syndicaliste et élu communiste de Paris, résistant de la première heure, qui fut après la guerre ministre de la production industrielle du général de Gaulle et créateur de l’EDF;
– Le colonel Frédéric Henri Manhès (1889-1959), adjoint pendant la Résistance de Jean Moulin, Président du Conseil National de la Résistance (C.N.R.).Constituée au départ pour maintenir les liens de solidarité unissant les rescapés des camps de Buchenwald, de Dora et de leurs kommandos, et défendre leurs intérêts matériels et moraux, l’activité de l’association s’est rapidement élargie à l’ensemble des actions de défense et de diffusion de la mémoire de la Résistance et de la Déportation dans ces camps, en s’ouvrant aux familles et aux sympathisants.
L’Association comprend aujourd’hui plus de 1200 adhérents dont plus de 200 déportés et un nombre croissant de personnes « extérieures » au monde de la déportation.
Présents dans tous les départements de la France métropolitaine, ses membres élisent annuellement un conseil d’administration et un bureau exécutif. La direction de l’association a été assurée de 1990 à 2001 par Guy Ducoloné ancien vice-président de l’Assemblée Nationale, ancien Déporté Résistant.Depuis cette date, ce sont des fils de déportés qui ont cette responsabilité : Jean-Claude Gourdin tout d’abord, puis Dominique Durand et Alain Rivet. Depuis 2013 Dominique Durand est à nouveau Président. Ce choix est la concrétisation de la volonté de l’association de perpétuer son activité par les descendants des Déportés. C’est leur génération qui anime, au coté de deux anciens déportés, Bertrand Herz et Gaston Viens, les fonctions dévolues au bureau exécutif.
Plusieurs bénévoles apportent leur aide pour les activités de l’association, au siège, comme dans les Comités Régionaux. Retrouvez ici la composition du Conseil d’Administration.
Le Serment de BuchenwaldLe 19 avril 1945, les 21.000 déportés rescapés de Buchenwald se réunissent sur la place d’appel du camp pour faire tous ensemble le serment à tous les camarades morts en déportation à Buchenwald, Dora, dans les Kommandos, au cours des marches de la mort, que leur martyr ne sera jamais oublié, et qu’ensemble, jusqu’au bout, les survivants combattront les fléaux que sont pour l’humanité : le fascisme, l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre.
Ce serment, qui lie toujours les survivants de Buchenwald, Dora et leurs Kommandos, a préfiguré de la Charte universelle des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945.
Le 19 avril 1945 eut lieu sur la place d’appel une cérémonie de commémoration, initiée par le Comité International de Résistance du camp, devant un obélisque en bois réalisé à cet effet par les prisonniers, pour leurs compagnons de détention morts ou assassinés.
Dans plusieurs langues, les prisonniers lurent une déclaration dont la fin est entrée dans la Mémoire en tant que « Serment de Buchenwald ».
Les participants à la cérémonie jurèrent de continuer le combat jusqu’à l’éradication définitive du nazisme, et de s’engager à reconstruire un monde de paix et de liberté ».
Le SermentNous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd’hui pour honorer les 51.000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les Kommandos extérieurs par les brutes nazies et leurs complices.
51.000 des nôtres ont été fusillés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés et tués par piqûres.
51.000 pères, frères, fils sont morts d’une mort pleine de souffrance, parce qu’ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes.
51.000 mères, épouses et des centaines de milliers d’enfants accusent.
Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons regardé avec une rage impuissante, la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidé à survivre, c’était l’idée que le jour de la justice arriverait.
AUJOURD’HUI, NOUS SOMMES LIBRES
Nous remercions les armées alliées, les Américains, les Anglais, les Soviétiques et toutes les armées de Libération qui luttent pour la Paix et la vie du monde entier.
Nous rendons hommage au grand ami des antifascistes de tous les pays, à l’organisateur et initiateur de la lutte pour un monde nouveau, que fut F.D. Roosevelt. Honneur à son souvenir.
Nous, ceux de Buchenwald, Russes, Français, Polonais, Slovaques et Allemands, Espagnols, Italiens et Autrichiens, Belges et Hollandais, Luxembourgeois, Roumains, Yougoslaves et Hongrois, nous avons lutté en commun contre les SS, contre les criminels nazis, pour notre libération.
Une pensée nous anime :
NOTRE CAUSE EST JUSTE, LA VICTOIRE SERA NOTRE
Nous avons mené en beaucoup de langues, la même lutte dure et impitoyable. Cette lutte a exigé beaucoup de victimes et elle n’est pas encore terminée.
Les drapeaux flottent encore et les assassins de nos camarades sont encore en vie. Nos tortionnaires sadiques sont encore en liberté. C’est pour ça que nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les Nations.
L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche.
NOTRE IDEAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTE.
Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles. Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte.
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France - Fondation pour la Mémoire de la Déportation - FMD
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, créée en 1990, est la toute première Fondation de mémoire issue de la Seconde guerre mondiale. Comme le souhaitaient ses fondateurs, elle s’est voulue, dès sa création, représentative des différents courants historiques de la déportation et porteuse de mémoires plurielles.
Lire la suite sur le site de la FMD : fmd.asso.fr/
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France - Fondation pour la Mémoire de la Résistance - FMR
Créée officiellement en 1993, reconnue d’utilité publique et placée sous le haut patronage du Président de la République, la Fondation de la Résistance assume trois missions essentielles :
- sauvegarder la mémoire de tous les actes individuels et collectifs, ayant marqué la résistance intérieure et extérieure contre l’occupant nazi entre 1940 et 1945, en encourageant notamment la recherche historique dans ce domaine, et lutter contre toutes les formes de négationnisme ;
- transmettre aux jeunes générations et à la société civile les valeurs individuelles et collectives qui motivaient les acteurs de la Résistance sous toutes ses formes ;
- pérenniser la mémoire des associations d’anciens résistants ne pouvant plus exister par elles-mêmes.
La Fondation de la Résistance soutient l’action de deux associations affiliées qui œuvrent à ses côtés : Mémoire et Espoirs de la Résistance (MER) et l’Association pour des Études sur la Résistance intérieure(AERI).
Dirigée par un conseil d’administration composé de 19 personnes réparties en 3 collèges (représentant les fondateurs, les pouvoirs publics et des personnalités diverses) elle comprend un comité historique, un comité financier et un comité d’animation et de suivi des associations conventionnées avec elle.Eléments d'information publiés sur le site de la FMR
lire la suite :
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France - Fondation pour la Mémoire de la Shoah - FMS
http://www.fondationshoah.org/
Son histoire
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah voit le jour en 2000, par décret du gouvernement français, dans un contexte marqué par la prise de conscience de la responsabilité de l’Etat français dans le génocide des Juifs.
Elle a été conçue pour transmettre et diffuser les connaissances relatives aux persécutions antisémites et aux atteintes aux droits de l’homme commises durant la Seconde Guerre mondiale. Ses missions se sont rapidement élargies à la solidarité envers les survivants de la Shoah, à la préservation de la culture juive que les Nazis ont tenté d’anéantir, ainsi qu’à la diffusion des connaissances relatives aux autres génocides. Depuis 2015, elle soutient également des projets de lutte contre l’antisémitisme et favorisant le dialogue interculturel.
Fondation privée reconnue d’utilité publique, née d’un rare consensus politique, elle est porteuse d’une mémoire apaisée : celle de la Shoah mais aussi celle des autres génocides, loin de toute concurrence mémorielle.
1945-1995 : la construction d’une mémoire de la Shoah
Pendant les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale, la spécificité du sort des Juifs n’est pas prise en compte. La parole des rescapés de la Shoah existe mais est peu écoutée, la mémoire de la déportation étant alors dominée par celle ayant frappé les résistants et les déportés politiques : il s’agit alors de permettre la réconciliation nationale en glorifiant les héros, et en faisant de Vichy une simple parenthèse de l’histoire française.
A partir des années 1970, le sort spécifique réservé aux Juifs est progressivement reconnu en tant que tel par le grand public, grâce au travail conjugué des témoins, des historiens, et des associations de mémoire.
En 1978, l’avocat Serge Klarsfeld publie Le Mémorial de la déportation des Juifs de France, rédigé à partir de la liste des déportés, classés par convois.
Les années 1970-1980 sont marquées par un renouveau de l’historiographie portant sur le régime de Vichy et la collaboration, et sur l’implication de l’Etat français dans le sort des Juifs.
En 1985, la sortie du film Shoah de Claude Lanzmann, composé uniquement de témoignages, a un retentissement exceptionnel. Son titre désigne désormais, pour le grand public, le génocide des Juifs.
En parallèle, les grands procès, contre Klaus Barbie (1983-1987) et Maurice Papon (1997-1998) notamment, permettent aux témoins de raconter devant un tribunal les crimes dont ont été victimes les Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attisent encore les polémiques concernant la responsabilité de l’Etat français dans la persécution des Juifs.
1995 : la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans la Shoah
Le 16 juillet 1995, lors des commémorations de la rafle du Vélodrome d’Hiver, Jacques Chirac, tout juste élu président de la République, reconnaît publiquement la responsabilité de l’Etat français dans la Shoah :
Ces heures noires souillent à jamais notre histoire et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'Etat français. (…) Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. Reconnaître les fautes du passé et les fautes commises par l’Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, toujours à l’œuvre.
50 ans après la fin de la guerre, le discours du Vel’ d’Hiv’ marque un tournant politique majeur. Cette déclaration solennelle ouvre la voie à d’autres gestes symboliques. L’action des pouvoirs publics se renforce pour voir reconnaître des aspects jusque-là absents de la mémoire nationale, qu’il s’agisse du rôle du régime de Vichy dans la persécution des Juifs ou de l’action de sauvetage des Justes de France.
1997-2000 : la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
C’est dans ce contexte qu’en mars 1997, le Premier ministre Alain Juppé confie à Jean Mattéoli, ancien résistant et président du Conseil Économique et Social, la direction d’une Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France de 1940 à 1944.
Composée d’historiens et de personnalités qualifiées, la Commission Mattéoli est chargée d'étudier l’ampleur et l'étendue de cette spoliation, et des mesures de restitution adoptées après-guerre. Elle doit également formuler des propositions sur le devenir des biens non restitués.
Le 17 avril 2000, Jean Mattéoli présente au Premier ministre Lionel Jospin les conclusions de ces travaux. Le rapport général de la mission Mattéoli démontre que si la restitution effectuée après la Seconde Guerre mondiale a été importante, elle est restée incomplète. Et insiste sur l’importance du travail de mémoire, concluant :
Les aspects matériels de la spoliation des Juifs de France et de la restitution sont certes capitaux, mais ils n’en constituent pas l’essentiel. Avant d’être une affaire d’argent, la spoliation a été une persécution dont le terme était l’extermination. Aucune histoire ne traduira ce que des hommes et des femmes ont vécu quotidiennement, avec son poids d’angoisse, d’humiliation et de misère. Certes, c’est le lot de toutes les guerres et d’autres ont également souffert. Mais ce n’était pas en application de lois et de règlements discriminatoires qui les retranchaient de la communauté nationale du seul fait de leur naissance. Il y a là une exception sans précédent dont il nous appartient de faire qu’elle ne se renouvelle jamais.
Les recommandations de la mission Mattéoli aboutissent à la création d’une Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliation (CIVS), chargée d’examiner les demandes individuelles d’indemnisation, et de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Les fonds en déshérence de toutes natures résultant de la spoliation seront versés à cette dernière par les institutions publiques et privées concernées. La dotation initiale de la Fondation s'élève ainsi à 393 millions d'euros.
Depuis 2000 : une mission d'histoire, d'éducation et de solidarité
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah est officiellement créée par décret du gouvernement français le 26 décembre 2000.
Sa naissance marque une étape majeure dans la consolidation de la mémoire de la Shoah en France. Présidée par Simone Veil puis, depuis 2007, par David de Rothschild, elle est administrée par des représentants des pouvoirs publics, de grandes institutions juives et par des personnalités qualifiées.
Fondation privée reconnue d’utilité publique, elle doit contribuer au développement et à la diffusion des connaissances sur les persécutions antisémites et sur les victimes de ces persécutions, et sur les conditions qui ont permis en France à la grande majorité des Juifs d'échapper à la déportation.
Elle a également une importante mission de solidarité, en soutenant, notamment, les initiatives permettant d’apporter un appui moral, technique ou financier à ceux qui ont souffert de ces persécutions.
Les recommandations de la mission Mattéoli insistent également sur la préservation et la transmission de la culture juive, dont des pans entiers furent anéantis durant la Shoah.
La réflexion sur les mécanismes et les ressorts de la haine étant jugée primordiale, l'objet de la Fondation est rapidement étendu à la recherche sur les autres génocides ou crimes contre l'humanité.
Fin 2014 est créée une nouvelle commission chargée spécifiquement de la lutte contre l’antisémitisme et de la promotion du dialogue interculturel.
Quinze ans après sa création, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah a soutenu près de 3000 projets.
Ses missions
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah a vocation à soutenir financièrement des projets variés (livres, fictions et documentaires, projets pédagogiques, expositions, projets de recherche, initiatives mémorielles…) permettant de répondre à ses 6 objectifs prioritaires :
Soutenir la recherche sur la Shoah et l’antisémitisme
La commission Histoire de l’antisémitisme et de la Shoah soutient la recherche historique sur les persécutions antisémites et la Shoah, en France comme à l’étranger. Soucieuse d’élargir la réflexion sur les génocides, elle encourage également les travaux sur les autres phénomènes génocidaires du XXe siècle.
Elle soutient aussi des travaux abordant d’autres disciplines comme la littérature, la sociologie, la philosophie, l’histoire de l’art, les sciences politiques ou le droit.
La Fondation contribue également à la diffusion du savoir via des aides à la publication et à la traduction. Enfin, elle participe à la préservation et à la valorisation des archives.
Faire vivre la mémoire de la Shoah
Rappeler l’histoire de la Shoah est ses implications est au cœur des missions de la Fondation. A ce titre, la commission Mémoire et transmission examine des initiatives mémorielles (commémorations, plaques, stèles…), ainsi que des projets permettant de transmettre l’histoire de la Shoah auprès du grand public : ouvrages, films, expositions, pièces de théâtre etc.
La Fondation accompagne aussi la plupart des grands projets muséographiques concernant l’internement, la déportation et le sauvetage des Juifs en France. La Fondation apporte un soutien permanent au Mémorial de la Shoah à Paris et à Drancy. Elle est également partenaire du Réseau des lieux de mémoire de la Shoah.
Elle contribue également à la préservation et à la transmission de la parole des témoins. Elle publie notamment depuis 2004 une collection de témoignages de la Shoah. Elle soutient aussi l’activité de l’Union des Déportés d’Auschwitz et du Comité français pour Yad Vashem qui réalisent un travail de mémoire et d’éducation essentiel.
Transmettre l’histoire de la Shoah à l’école
La Fondation encourage la transmission de l’histoire de la Shoah auprès des publics scolaires. Par le biais de la commission Enseignement de la Shoah, elle soutient la mise en place d’actions éducatives adaptées au niveau des élèves, et l’organisation de formations pour aider les professeurs à travailler sur ce sujet en classe. Partenaire du Concours national de la Résistance et de la Déportation, elle participe à la création de ressources pédagogiques.
La Fondation finance, directement ou à travers le Mémorial de la Shoah, de nombreux voyages d’études sur les lieux de mémoire, en France et en Europe. Elle attache une attention particulière à la préparation de ces voyages et aux travaux de restitution auxquels ils donnent lieu.
Contribuer au rayonnement de la culture juive
Depuis sa création, la Fondation s’attache à transmettre et à faire fructifier l’héritage plurimillénaire du judaïsme, dont des pans entiers furent anéantis durant la Shoah.
Soutenant le judaïsme dans sa diversité, la commission Culture Juive met l’accent sur l’éducation afin d’assurer la transmission de la culture juive à travers les générations. Elle soutient ainsi des programmes de formation des maîtres et des cadres de mouvements de jeunesse, et des projets pédagogiques pour les écoles juives ou les Talmud Torah.
La Fondation contribue plus largement au rayonnement de la culture juive dans la société en aidant des manifestations culturelles et des cycles de cours et de conférences pour le grand public. Elle accorde une place particulière aux initiatives mettant en lumière les langues et cultures yiddish et judéo-espagnoles.
Elle soutient enfin les études juives par le biais de bourses de recherche et en favorisant la traduction des grands textes de la tradition juive.
Répondre aux besoins spécifiques des rescapés de la Shoah
La solidarité envers les survivants de la Shoah et ceux qui ont souffert des persécutions antisémites est une priorité de la Fondation. La commission Solidarité attribue des aides à des programmes ciblés mis en œuvre principalement par les institutions sociales. Ces programmes visent à répondre aux besoins des rescapés en leur proposant des services dédiés : écoute, orientation, soutien psychologique, aides financières d’urgence pour les personnes en difficulté, services à domicile, aide aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, accompagnement en résidences médicalisées… La Fondation lutte également contre l’isolement des survivants en soutenant des associations qui leur proposent des activités conviviales et des rencontres culturelles.
Environ 3000 rescapés peuvent bénéficier de ces services spécifiques. L’enjeu est aujourd’hui de toucher un plus grand nombre d’entre eux, au moment où leurs besoins s’accroissent.
De plus, la Fondation contribue à aider les survivants en Israël et en Europe de l’Est, en particulier ceux dont la situation est la plus critique, à travers des programmes mis en place par des associations caritatives.
Combattre l’antisémitisme par le dialogue et la connaissance
Créée en 2014, la commission Lutte contre l’antisémitisme et Dialogue interculturel permet à la Fondation d’intensifier son action dans ces domaines.
Elle soutient des actions éducatives et citoyennes visant spécifiquement à lutter contre les préjugés et les amalgames pernicieux. Si elle souhaite toucher plus particulièrement les jeunes, la Fondation peut aussi accompagner des manifestations, des publications ou des productions audiovisuelles destinées au grand public.
Elle souhaite développer de façon conséquente les initiatives destinées à endiguer la propagation des discours de haine sur Internet et les réseaux sociaux.
La virulence et la violence de l’antisémitisme contemporain font de la sécurité un enjeu particulièrement prégnant. C’est pourquoi la Fondation soutient le Service de projection de la communauté juive.
Afin d’identifier et de comprendre l’antisémitisme et ses évolutions récentes, ainsi que le négationnisme, la commission entend soutenir la recherche et la veille dans ce domaine. Depuis 2008, elle aide l’Institut Memri dont le travail de veille et de traduction permet de prendre la mesure du phénomène dans les média du Moyen-Orient.
Enfin, la Fondation continue à aider les initiatives qui, à l’instar du projet Aladin ou de l’Amitié judéo-musulmane de France, œuvrent pour une meilleure connaissance du judaïsme et pour le dialogue interculturel et la connaissance mutuelle.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah est le principal soutien du projet Mémoires des Déportations
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France - L'amicale française de Neuengamme
En août 1945, un groupe de déportés se réunit en assemblée consultative et élit un comité directeur de 21 membres, présidé par Marcel Prenant, avec pour objectifs :
- apporter une aide aux familles de ceux qui ne sont pas revenus et aux rescapés en difficulté.
- faire connaître les actes de barbarie commis par les nazis et leurs complices de Vichy et exiger le châtiment des bourreaux.
Le premier numéro du bulletin N’oublions jamais paraît en septembre 1945.La première Assemblée générale a lieu le 14 octobre 1945. Lors du premier congrès, à Paris, les 21 et 22 avril 1946, les participants écrivent un texte fondateur, le « Serment à nos camarades », où ils jurent à leurs camarades disparus au Camp de « rester, jusqu'à [leur] mort, fidèles à [leur] souvenir ».
En mars 2010, l’Amicale adopte un « Manifeste » qui, dans le même esprit, répond à la nécessité de renouveler les engagements. En 1997, l'Amicale de Neuengamme confie sa présidence à un fils de déporté, annonçant ainsi le passage de la responsabilité de la mémoire à des plus jeunes.
Depuis 1945 :
- 282 numéros du bulletin N’oublions jamais ;
- 1948 : premier pèlerinage au camp. Plusieurs voyages par an jusqu’en 1971, ensuite, un voyage annuel. Pèlerinage international tous les cinq ans. Plusieurs voyages avec des collégiens, lycéens et professeurs.
- 1995 : parution du Mémorial des Français et des Françaises déportés à Neuengamme et dans ses Kommandos (plus de 9 500 noms).
- 2009 : début de mise à jour et numérisation du Mémorial (version numérique prévue pour fin 2016) ; numérisation de nombreuses archives.
- 2006 : création du site Internet, modifié en 2010 : www.campneuengamme.org
- 2008 : parution de Neuengamme, camp de concentration nazi, réédité en 2010 (Editions Tirésias) ;
- 2013 : début de publication des Dossiers de Neuengamme sur le camp central, les Kommandos et les lieux d’évacuation (18 Dossiers parus en mars 2016).
Serment de NeuengammeDevant ceux que nous avons laissés là-bas, frères de lutte surpris en menant le bon combat et que l'ennemi n'a pas rendus,
Voisins de block qui avalaient debout, à nos côtés, leur maigre pitance, compagnons de chaîne qui ont laborieusement dévidé avec nous toutes ces journées d'esclavage…
Camarades du camp que nous avons côtoyés dans leurs loques dérisoires pendant les appels infinis…
A tous ceux qui ont tant peiné après s'être insurgés contre l'asservissement de la Patrie,
Nous ici, dont la vie a été épargnée, nous ne pensons pas être quittes vis-à-vis d'eux. Nous connaissons les espérances qui les animaient. Implicitement nous en sommes les dépositaires et nous avons devant eux la responsabilité de réaliser aujourd'hui ces espérances, non seulement pour nous et les nôtres, mais pour justifier le martyre de nos compagnons tombés.
- Frères que nous avons perdus, vous pouvez compter sur nous pour continuer la tâche. Tous réunis devant votre souvenir, nous jurons de poursuivre la résurrection de la France en restant vigilants contre ses ennemis.- Nous jurons d'exiger que soient justement châtiés vos bourreaux et que soient mis hors d'état de nuire tant que nous vivrons les tyrans de notre patrie.
- Par tous les moyens en notre pouvoir, nous nous emploierons maintenant à travailler à son bonheur.
- Nous jurons que le meilleur de notre effort sera de la vivifier par le dedans.- Unis dans une même volonté féconde, nous ne cesserons jamais de sentir notre communauté de lutte et de misère pour donner l'exemple de l'entraide et de la fraternité.
Dans l'égoïsme et le laisser-aller de trop de compatriotes inconscients, nous, nous ne saurions oublier que la survie dont nous profitons n'est qu'un sursis pour nous permettre d'éclipser toujours, là où nous sommes, la lâcheté par le courage, le mensonge par la franchise, la mesquinerie par la grandeur. Vous n'accepteriez jamais que nous fussions rentrés pour nous montrer médiocres dans la France libérée et épuisée !
Hantés par votre récent calvaire, nous jurons de tout faire pour qu'il ne soit pas vain, en devenant dignes de vous, nous les premiers, et qu'à tout moment, vous puissiez nous reconnaître comme vos vrais camarades !
Amis encore tout proches, vous resterez constamment présents dans notre affection et nous jurons de rester jusqu'à notre mort fidèles à votre souvenir.
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France - Union des Déportés d'Auschwitz
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