Adoner Milo
1925, Paris
Sa famille juive polonaise émigre durant l'entre-deux guerres. Samuel Adoner est le 4e enfant de la fratrie, le premier né en France - suivront trois autres enfants. Son père est artisan maroquinier, travaillant à domicile.
Il est arrêté avec ses parents le 23 septembre 1942 ainsi que 112 Juifs demeurant dans les immeubles du 10-12 rue des Deux-Ponts (Fondation Halphen) dans le quartier de l’Ile Saint-Louis. L'une de ses sœurs échappe à la rafle. Ils sont conduits au camp de Drancy et déportés quelques jours après par le convoi 38 (28 septembre 1942). Samuel à 17 ans.
Le convoi s’arrête à Kosel, à quelques kilomètres d'Auschwitz où Samuel Adoner est séparé des siens. Six membres de sa famille vont directement au camp d'Auschwitz-Birkenau où ils périssent.
Il a ensuite connu les camps de Birkenau, Blechhammer, Monowitz (Auschwitz III) qu’il évacue le 18 janvier 1945 par une Marche de la Mort jusqu’au camp de Gross Rosen ; il es transféré au cmp de Buchenwald puis à Niederkirch. Il s’évade d'une colonne le 4 avril 1945 et est libéré le 11 avril. A son retour à Paris, il retrouve sa sœur.
Il a été Vice-Président de l’Amicale des déportés de Blechhammer puis son Président, en 2000. Après l’absorption de cette association par l’Amicale d’Auschwitz devenue Union des Déportés d’Auschwitz (UDA) en 2004, il devient l'un des Vice-Présidents de l’UDA. Il est Officier de la Légion d’Honneur.
Birnbaum Suzanne
1903, Paris - 1975
Couturière de profession, elle tient un magasin à Paris, rue de Chazelle. Arrêtée en janvier 1944 par des miliciens, internée au camp de Drancy, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau le 20 janvier 1944 (Convoi n° 66, Matricule 74837). De ce convoi, composé de 1155 personnes, 864 sont gazées à l’arrivée ; 236 hommes et 55 femmes entrent au camp. Rares furent les femmes ayant atteint la quarantaine, qui à son image, furent dirigées vers le travail forcé.
Elle est internée au camp de Birkenau et intégrée dans des Kommandos extérieurs. Le 27 avril 1944, elle échappe à une sélection au Revier dans laquelle sont prises de nombreuses femmes. Le 18 janvier 1944, elle évacue le camp et subit les marches de la mort qui la conduisent à Bergen Belsen, Raguhn. Elle est libérée au cours d’un transport vers Theresienstadt.
Dès son retour, elle rédige un témoignage, publié en 1946, Une Française juive est revenue. Auschwitz, Belsen, Raguhn, Paris, Editions du Livre Français, 1946 (réédité par l'Amicale des Déportés d'Auschwitz et des Camps de Haute Silésie, 2003)
Bojczyk Guta
1926, Varsovie
Guta est née à Varsovie en 1926 au sein d’une famille aisée, pratiquante – son père avait un commerce de boucherie en gros. Elle est la petite dernière, après une sœur née en 1918, un frère en 1920 et une autre sœur, en 1923. Les enfants ont suivi une scolarité à l’école laïque et n’ont pas ressenti d’antisémitisme.
La guerre bouleverse leur vie. Leur maison est détruite par les bombardements allemands lors de l’invasion en 1939. Ils doivent déménager. Et de nouveau après la création du ghetto et l’enfermement de la population juive. La famille trouve à se loger dans la rue Ogrodowa puis Nalewki.
Sa sœur aînée meurt de maladie dans le ghetto, son frère a sans doute été fusillé, elle ne connaît pas le sort de son père et de son autre sœur. Elle reste avec sa mère. En mai 1943, toutes deux sont emportées en convoi. A l’arrivée au camp de Majdanek, elles sont séparées. Sa mère a été gazée dès l’arrivée.
Guta est envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est affectée au travail forcé, d’abord au Kommando de la Weberei puis à celui de l’Union Werke.
Le 18 janvier 1945, elle subit la Marche de la Mort. Elle est envoyée au camp de Ravensbrück puis celui de Malchow. Elle est libérée par les troupes soviétiques.
Après la guerre, elle revient à Varsovie mais ne retrouve aucun membre de sa famille. Elle se marie à un survivant du ghetto de Lodz qui avait été envoyé au camp de Dachau. Ils vivent à Varsovie avec leurs deux enfants jusqu’en 1957 où ils décident de venir vivre en France.
Borlant Henri
1927, Paris
Originaires de Russie, ses parents s’installent à Paris dès avant la Première guerre mondiale, Il est le quatrième de leurs neuf enfants.
Au moment de l’invasion allemande, la famille se réfugie dans le Maine et Loire où elle reste. Les enfants sont scolarisés ; Henri est baptisé catholique.
Le 15 juillet 1942, son père, sa sœur Denise (21 ans), son frère Bernard (17 ans) et Henri (15 ans) sont arrêtés par les autorités allemandes, emprisonnés au grand séminaire à Angers.
Le 22 juillet, ils sont déportés directement au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 8. A Birkenau, il est rapidement séparé des siens.
Il survit au camp jusqu’à l’automne 1944, époque à laquelle il est transféré vers celui d’Oranienburg-Sachsenhausen, puis Buchenwald et Ohrdruf. A la veille de l’arrivée des troupes américaines, il parvient à s’évader.
En rentrant, il retrouve sa mère et cinq de ses frères et sœurs. Son père, son frère, sa sœur, ses grands parents maternels ont été assassinés.
A 18 ans, il reprend sa scolarité dans le secondaire. En 1958, il devient médecin.
Il a publié son témoignage : Merci d’avoir survécu, Paris, Le Seuil, 2011 ; « Traces d’enfer », Paris, Larousse, 2015
Bulawko Henri
1918, Lida (Lituanie, aujourd’hui Biélorussie) – 2011, Paris
Sa famille, de culture yiddish, émigre en France en 1925 alors qu’il a 7 ans. Il a trois sœurs et deux frères. Son père est un rabbin orthodoxe. La famille s’installe dans l'île Saint-Louis.
Durant la guerre, il est actif dans la Résistance, de novembre 1940 au 19 novembre 1942, date de son arrestation. Il œuvre avec Léo Glaeser, David Rapoport au sein du Comité de la rue Amelot créé en juin 1940 par des responsables de la Fédération des sociétés juives de France (FSJF), du Bund, du Poale Zion. Il fabrique de faux papiers, notamment.
Il est arrêté en novembre 1942 au métro Père Lachaise. Il est interné à Drancy puis à Beaune-la-Rolande puis de nouveau au camp de Drancy jusqu'au 18 juillet 1943. Il est déporté par le convoi 57. Il est rapidement transféré au camp de Jaworzno où il reste 18 mois, jusqu’à l’évacuation.
Durant la Marche de la Mort, vers Blechhammer, il s’échappe et se réfugie dans les forêts jusqu'à l'arrivée des troupes soviétiques.
Après guerre, il devient journaliste et écrivain. Il a été un l’un des promoteurs de la mémoire de la Shoah en France. Dans le monde associatif, dès 1945, il est actif au sein de l’Amicale des Anciens Déportés Juifs de France, amicale de culture ashkénaze constituée majoritairement par des survivants Juifs originaires d’Europe centrale venus pour la plupart en France durant l’entre-deux guerres. Il en a été le secrétaire général avant d’en être Président durant près de 5 décennies.
Au début des années 1990, il est sollicité par l’Amicale d’Auschwitz et des Camps de Haute Silésie (qui existe depuis juin 1945) pour en occuper la présidence.
Il a été l’un des initiateurs des commémorations de Drancy et du Vel d’Hiv.
Il a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels :
- Son témoignage, Les jeux de la mort et de l’espoir Auschwitz, Jaworzno, préface de Jean-Maurice Hermann, Paris, A.A.D.J.F, 1954
- Le procès d’Auschwitz n’a pas eu lieu, Paris, Presses du temps présent, 1965
Esrail Raphaël
1925, Magnésie (Turquie)
Ses parents viennent en France en 1926 et s'installent à Lyon, dans le quartier populaire de la Croix Rousse. Sa mère avait des ascendants français.
Elève ingénieur à l'Ecole centrale, il participe en parallèle au réseau de fabrication de faux papiers mis en place par la "6e", mouvement de résistance issu des Eclaireurs israélites de France. Les faux papiers étaient destinés aux Juifs ainsi qu'à des non Juifs, membres de la Résistance intérieure.
Le 8 janvier 1944, il est arrêté place des Célestins par des membres du Parti populaire français (PPF). Il est emmené au siège de la Gestapo, avenue Marcelin Berthelot, questionné, torturé. Il est emprisonné à Montluc quelques jours avant d'être transféré au camp de Drancy.
Il est déporté le 3 février 1944 au amp d'Auschwitz Birkenau. (Matricule 173295). Il passe 11mois à Auschwitz jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit au camp de Gross-Rosen. Au cours du transport en train qui le conduit à Dachau, il s'évade. Repris et miraculeusement épargné, il est envoyé à Dachau puis au camp annexe du Waldlager.
Il est libéré au cours d'un transport, le 1er mai 1945.
A son retour, seul déporté de sa famille, il retrouve les siens, à Lyon.
Depuis les années 1980, à Paris, il s'investit au sein de l'Amicale des Déportés d'Auschwitz. Il en devient le secrétaire général en 1986 puis Président de l'Union des déportés d'Auschwitz, structure qui réunit les différentes associations de survivants en lien avec des camps du complexe concentrationnaire d'Auschwitz.
Il a écrit son témoignage : L'espérance d'un baiser, Paris, Robert Laffont, 2017
Frances Robert
1919, Brousse (Bursa, Empire Ottoman) - 2012, Paris
Après la disparition précoce de son père, négociant en soieries, sa mère, Allègra Rousso, ancienne enseignante de l'Alliance israélite universelle, choisit d'immigrer à Paris où vit déjà une partie de sa famille. Robert est scolarisé au lycée de Beauvais. A cette épouqe, il se convertit au catholicisme.
Il est étudiant en philosophie en Sorbonne lorsque survient l'invasion allemande en 1940. Il s'engage dans la Résistance communiste. Il distribue des tracts, intègre les rangs des FTPF, (Francs-tireurs et partisans français).
Robert et sa mère sont arrêtés chez eux, rue de Civry, Paris 16e, en juin 1943. Leur appartement tenait lieu d’imprimerie clandestine. Ils sont emprisonnés à la prison de Fresnes, torturés au siège de la Gestapo de la rue des Saussaies.
Transférés au camp de Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau le 7 octobre 1943 (convoi 60). Sa mère est assassinée par le gaz dès l'arrivée.
Robert est affecté au camp de Buna-Monowitz (Auschwitz III) où il reste jusqu’à l’évacuation, en janvier 1945.
Il subit une Marche de la Mort puis un transfert par convoi ferroviaire au camp de Flossenbürg. Il est libéré par les troupes américaines.
Agrégé de philosophie, il a été professeur de psychologie à l'Université de Paris X-Nanterre.
Chevalier de la Légion d’honneur, Chevalier dans l’ordre national du Mérite, Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques.
Il a publié son témoignage en 1987, Intact aux yeux du monde.
Fuchs Ady
1926, Paris
Ses parents sont d’origine polonaise, son père est tailleur à domicile. Ses parents sont naturalisés en 1929. Le 26 juillet 1942, il est arrêté à Vierzon en voulant franchir la ligne de démarcation avec de faux papiers. Transféré à Pithiviers, puis à Drancy, il est renvoyé à Pithiviers. Il est déporté le 21 septembre 1942 par le convoi 35.
Le convoi vers Auschwitz s’arrête à Cosel où il est sélectionné pour le travail forcé. Il est envoyé au camp de Blechhammer, un ZAL, Zwangsarbeiteslager für Juden, camp de travail forcé pour Juifs.
En janvier 1945, il subit une marche de la mort vers le camp de Gross-Rosen, d’où il est dirigé vers Buchenwald ; il est transféré à Langenstein pour travailler au creusement d’un tunnel.
A son retour, il retrouve ses parents. Il ne peut reprendre ses études.
Il participe à la fondation de l’Amicale de Blechhammer en 1965.
Grinspan Ida
1929, Paris – née Fensterszab
Ses parents avaient émigré de Pologne en 1924. En juin 1940, il la place chez une nourrice dans les Deux-Sèvres. C'est par un courrier que son père lui annonce l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée le 30 janvier 1944 à Sompt (Deux-Sèvres) chez sa nourrice, par trois gendarmes français. Interrogée à Niort, les autorités tentent de lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle résiste.
Elle est transférée à Drancy puis déportée le 10 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 68, Matricule 75360). Une coiffure qui la vieillissait un peu lui a sans doute permis d’entrer au camp alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi. Elle connaît successivement le camp de Birkenau puis celui d'Auschwitz qu'elle quitte le 18 janvier 1945. Après la Marche de la Mort, elle est internée dans les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945, très affaiblie.
A son retour, elle a 15 ans et demi. Elle retrouve son frère, seul membre de sa famille. Sa mère a été déportée en juillet 1942, son père en juillet 1944.
Elle a publié son témoignage, écrit avec Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré, Paris, Robert Laffont, 2002
Herz Bertrand
1930, Paris - 2021, Paris
Au début de la guerre, c'est un jeune garçon qui vit avec sa famille, bourgeoise, d’origine juive, au Vésinet près de Paris. Il commence ses études secondaires au lycée Condorcet. Il porte l’étoile jaune en juin 1942 mais à partir de septembre, toute la famille se réfugie à Toulouse, en zone libre après avoir franchi clandestinement la ligne de démarcation. Bertrand poursuit sa scolarité au collège Fermat de Toulouse. Le 5 juillet 1944, il est arrêté par la Gestapo, parce que juif, avec ses parents, sa sœur aînée et son fiancé. Son frère aîné, absent au moment de l’arrestation, échappe à la déportation.
La famille est internée à la prison Cafarelli de Toulouse. Il est déporté à Buchenwald le 30 juillet 1944 (matricule 69592) avec son père tandis que sa mère et sa sœur sont déportées à Ravensbrück. Après quelques mois au Petit Camp, Bertrand et son père sont envoyés au Kommando de Niederorschel. Son père y décède le 27 janvier 1945. Le 1er avril 1945, Bertrand est évacué vers Buchenwald où il arrive le 10 avril, la veille de la libération du camp.
De retour en France, il retrouve son frère, sa sœur mais pas sa mère qui n'a pas survécu à la déportation. Recueilli par un oncle et une tante, il reprend ses études et sort diplômé de l'Ecole Polytechnique.
Adhérent de l'Association française Buchenwald-Dora et Kommandos, il participe à la rédaction du Mémorial et à la formation des accompagnateurs pour les visites des sites de Buchenwald et Dora. En 1997, il est secrétaire général adjoint de l'association puis secrétaire général de 1999 à 2005. En 2000, il devient coprésident du Comité International Buchenwald-Dora et Kommandos puis président à partir d'avril 2001.
- Le Pull-over de Buchenwald, Paris, Tallandier, 2015
Jacquet-Silberstein Violette
1925, Petroșani (Roumanie) - 2014, Paris
Sa famille émigre de Roumanie en France alors qu’elle a 3 ans et s'installe à Boulogne-sur-Mer puis au Havre.
Au moment de l’Exode, Violette a 14 ans. La famille s'installe à Paris puis à Lille, où un oncle les accueille.
Le 1er juillet 1943, Violette est arrêtée avec ses parents par la Gestapo, à la suite d'une dénonciation. Ils sont emprisonnés à la prison de Loos puis au camp de Malines, en Belgique, d’où ils sont déportés le 31 juillet 1943 par le convoi 21.
Dès l’arrivée, Violette est séparée de ses parents qu’elle ne revoit plus.
Elle est recrutée comme violoniste dans l'orchestre des femmes. Composé d'une quarantaine de musiciennes, il doit jouer lors du départ et du retour des Kommandos de travail forcé.
En octobre 1944, elle est transférée au camp de Bergen-Belsen où elle est libérée par les troupes britanniques le 15 avril 1945.
Elle a publié un témoignage, un récit qui s’adresse à un jeune public : Sanglots longs des violons de la mort, Paris, Oskar Éditions, 2005
Le convoi 21 parti de Malines le 31 juillet 1943 emmenait 1552 personnes vers Auschwitz : 672 hommes, 706 femmes, 103 garçons et 71 filles. En mai 1945, il y avait 42 survivants.
Meyer Yves
1923, Paris
En 1940, Yves Meyer refuse l'Armistice. Malgré ses 17 ans, il souhaite ardemment continuer le combat. En 1942, il est actif dans le sud-ouest dans le réseau Judith. Arrêté à la frontière espagnole, il s'évade et reprend des activités de résistance dans un maquis de la vallée de la Maurienne. Arrêté une nouvelle fois au cours d’un déplacement en train, il est amené à la Gestapo de Grenoble d’où il parvient à nouveau à s'évader.
Il gagne la Normandie où il devient chef régional d'un maquis. Il est arrêté le 3 juin 1944 sur dénonciation. Il connaît plusieurs prisons avant d’être transféré au camp de Compiègne. Il est déporté par le convoi du 2 juillet 1944, qui sera nommé le « Convoi de la Mort ». Les conditions du transport furent telles qu’il y eu plus de 900 morts sur 2500 déportés.
Il reste peu de temps au camp de Dachau et est envoyé vers le camp de Neckargerach dans la vallée du Neckar, un ensemble de camps qui dépendent de Natzweiler-Struthof. Il est affecté dans une usine Daimler-Benz Mercedes, montée à l’abri dans une mine de gypse, la mine d’Ogrigheim, où les Allemands fabriquent des moteurs pour les avions Messerschmitt. Il y travaille au terrassement et subit des conditions difficiles. Puis il est transféré dans une autre mine-usine à proximité. Il doit travailler à son aménagement.
Dissimulées dans des mines, ces usines faisaient partie du programme « Goldfisch », créées à la suite du bombardement allié, en mars 1944, qui endommagea gravement l’usine Daimer Benz de Berlin.
Une épidémie de typhus se déclare en novembre 1944 qui décime les rangs des déportés. Le camp de Neckargerach est alors transformé en camp hôpital pour les camps de la vallée du Neckar. Yves Meyer contracte le typhus puis une pleurésie. Des médecins français, prisonniers, soignent les déportés.
La plupart des déportés valides sont évacués vers Dachau. Yves Meyer est transféré vers Osterburken où il est libéré par les Américains. Très affaibli, il est sauvé par leurs soins.
Il a épousé une résistante, déportée de Ravensbrück, Nicole Clarence.
Montard Sarah
1928, Dantzig - née Litchtsztejn
Ses parents émigrent en France en 1930. Arrêtée une première fois avec sa mère, Maria, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vel d'Hiv à Paris, elle parviennent à s'en évader. Elles sont arrêtées de nouveau le 24 mai 1944, internées à Drancy, déportées le 30 mai 1944 à Auschwitz Birkenau (Convoi 75, Matricule A 7142). Sarah connaît successivement les deux camps de Birkenau et d'Auschwitz. Le second jour de la Marche de la Mort, elle retrouve sa mère sur la route. Les deux femmes sont internées au camp de Bergen-Belsen en Allemagne, libérées le 15 avril 1945. A son retour avec sa mère, elle retrouve son père.
Elle a publié un témoignage, Chassez les papillons noirs : récit d'une survivante des camps de la mort nazis, Paris, Le Manuscrit, Coll. Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2011
Perahia Victor
1933, Paris
Le père de Victor, Robert, d’origine turque, est engagé volontaire dans l’armée française. Il est fait prisonnier en 1940. Libéré en « congé de captivité », il est assigné à résidence. Ses parents vivent à Saint-Nazaire.
Victor et ses deux parents sont arrêtés le 15 juillet 1942 à Saint-Nazaire par la Feldgendarmerie. Quelques jours plus tard, le 20 juillet, son père est déporté d’Angers au camp d'Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 8. Il n'est pas revenu.
Victor âgé de 9 ans et sa maman Jeanne, âgée de 35 ans, sont transférés au camp de la Lande, près de Tours où ils passent tout le mois d'août. Ils sont transférés au camp de Drancy au début du mois de septembre 1942 où ils restent 21 mois. Sa maman parvient à se faire passer pour épouse de prisonnier de guerre. Victor et Jeanne sont déportés par le convoi du 2 mai 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen.
Ils sont évacués quelques jours avant la libération du camp par un convoi ferroviaire vers le camp de Theresienstadt. Après 13 jours d’errance de leur convoi, ils sont libérés par l’armée soviétique à Tröbitz, le 23 avril 1945.
Les témoignages vidéo proviennent de deux collections : UDA et Bergen-Belsen
Victor a rédigé son témoignage : Mon enfance volée (2001)
Roth Nicolas
1928, Debrecen (Hongrie)
Il est arrêté le 5 avril 1944 à Debrecen avec sa famille et interné à la Briqueterie de cette ville. Déporté le 27 juin 1944 à Birkenau avec ses parents et sa sœur Magda (Matricule A 17140). Nicolas est le seul à entrer au camp. Il est envoyé au camp d'Auschwitz où il reste jusqu'à l'évacuation, le 18 janvier 1945. Il effectue la Marche de la Mort qui le conduit au camp de Dachau. Il y est libéré le 29 avril 1945.
Après 10 mois passés dans des camps de personnes déplacées, il décide de venir en France. Ses parents sont morts au camp. En France, il retrouve une sœur et son frère.
Il a pulié un témoignage : Avoir 16 ans à Auschwitz. Mémoires d'un Juif hongrois, Paris, Le Manuscrit, Collection Témoignages de la Shoah, FMS, 2011
Saurel Jacques
1933, Paris
Ses parents, d’origine juive polonaise, sont arrivés dans les années 1920. Quatre enfants naissent au sein de la famille Szwarcenberg : Irène (1931), Jacques (1933) puis Roger (1934) et Alice (1936).
Au début de l’offensive, le père s’engage dans la Légion étrangère française. Il est fait prisonnier en juin 1940, envoyé dans un camp de prisonnier à Hombourg-Haut dépendant du Stalag XII F de Forbach, devenue alors ville allemande (Moselle).
Durant l’année 1942, la majeure partie des membres de sa famille, oncles, tante, cousins et petits-cousins sont arrêtés et déportés. En octobre, sa petite sœur Alice est placée dans une ferme de la Sarthe. La famille se pense protégée des rafles grâce au statut de prisonnier de guerre du père.
Jacques, Roger, Irène et leur mère sont arrêtés dans la nuit du 3 au 4 février 1944 chez eux par la police française, transférés au camp de Drancy.
Ils sont déportés le 3 mai 1944 par train de voyageurs à Bergen-Belsen comme famille de prisonnier de guerre protégé par la Convention de Genève. Comme eux, 177 femmes de prisonniers de guerre juifs (dont 41 mères) et 77 enfants (dont 15 sans leur mère) sont déportés vers ce camp (258 personnes)
Le 9 avril 1945, ils sont « évacués » avec environ 2 000 juifs par le « Train fantôme » peu avant la libération du camp devenu un mouroir.
Le 23 avril, les Allemands abandonnent le train près du village de Tröbitz (Land de Brandebourg). Ils sont libres. Entre le départ et l'arrêt du train, des centaines de déportés sont morts. Jacques et sa sœur sont atteints du typhus. Ils sont rapatriés en juin et retrouvent leur père et leur petite sœur.
Après guerre, il travaille dans le prêt-à-porter puis dans la coiffure.
Il décide de changer de nom en 1963.
Il a été secrétaire général de l'Amicale de Bergen-Belsen et a rédigé ses mémoires : De Drancy à Bergen-Belsen. 1944-1945, Paris, Le Manuscrit, FMS, 2006 (publiées en anglais, allemand, italien).
Il est officier de la Légion d’honneur.
Schaffer Paul
1924, Vienne
Il naît dans une famille de la bourgeoisie juive autrichienne, sensible au sionisme et pratiquante. Il vit une enfance heureuse, entouré de sa sœur, ses parents et sa grand-mère. Sa vie change brutalement avec l’occupation de Vienne par les nazis et l’annexion de l’Autriche. Il découvre les humiliations, les persécutions. Ils émigrent clandestinement le 27 novembre 1938 en direction de la Belgique.
En mai 1940, la famille est évacuée vers la France ; elle s’installe dans le Sud-ouest, à Revel, non loin de Toulouse. Paul ne va plus à l’école, il s’occupe du jardinage et effectue divers travaux domestiques tout en apprenant le métier d'ébéniste.
A la fin 1940, ils sont victimes de la loi de Vichy du 4 octobre 1940 qui autorise les préfets à interner les Juifs étrangers. Les Schaffer doivent rejoindre « un camp de famille », le camp de Noé, où sont internés essentiellement des Juifs réfugiés d’Allemagne et d’Autriche. Une amie de la famille, habitante de Revel, use de son influence auprès de la préfecture, permettant à la famille de quitter le camp pour être assignée en résidence surveillée.
A la suite de la rafle du Vel’ d’Hiv’, les Allemands font pression sur Laval, chef du gouvernement de Vichy, pour que les Juifs étrangers de la zone Sud soient également déportés. Paul est arrêté le 26 août 1942 avec sa mère et sa sœur. Le père, malade, est jugé intransportable. Ils sont transférés au camp de Drancy et déportés à Auschwitz-Birkenau le 4 septembre 1942, par le convoi 28. Les deux femmes sont gazées dès leur arrivée.
Paul est tout d’abord interné dans deux camps de travaux forcés, satellites d’Auschwitz, Tarnovitz puis Schoppinitz, avant d’être envoyé à Birkenau en novembre 1943. En avril 1944, il est transféré au camp annexe de Bobrek où il doit travailler pour la société Siemens. Il y rencontre Simone Veil (Jacob), sa soeur et sa mère.
En janvier 1945, il subit la « marche de la mort » vers Gleiwitz. Il réussit à s’échapper d’un transport. Libre, il reste à Cracovie jusqu’au mois d’avril 1945. Il est rapatrié d'Odessa vers Marseille.
Une fois en France, il retourne à Revel, lieu de son arrestation. Il y apprend la mort de son père. Il s’installe à Toulouse où il commence à travailler. Il obtient une bourse et reprend ses études en 1945. D’abord électronicien, il entamera ensuite une brillante carrière d’industriel, après avoir été enseignant dans une école juive de l'ORT (Organisation, Reconstruction, Travail).
Paul Schaffer a été témoin au procès d'Auschwitz qui s'est tenu à Francfort de 1963 à 1965.
A la demande de ses élèves auprès desquels il a témoigné, Paul a rédigé son témoignage : Le soleil voilé, éd. Société des Ecrivains, 2003
Il a été vice-président de Yad Vashem France et est vice-président de l'Union des déportés d'Auschwitz.
Senot Esther
1928, Kozienice (Pologne)
Ses parents, Nuchim et Gela, viennent en France en 1930. Esther est la 6e d’une famille de 7 enfants : Israël (1911), Maurice (1913), Samuel (1917), Fanny (1926), Marcel (1929), et Achille, né en France, en 1931. La famille réside dans le quartier de Belleville. Ses parents parlent le yiddish. Non pratiquants, ils sont communistes. Sa mère, infirme, reste au foyer, son père, cordonnier, est de santé fragile.
Son frère Israël rejoint les Brigades internationales en 1936 en Espagne. En 1939, il part en URSS. Maurice fait son service militaire en 1937. Il connaît la Drôle de guerre puis la Débâcle et se retrouve à Pau avec son régiment en 1940. Marcel qui a répondu à une convocation dans le cadre de la « Rafle du Billet Vert », est interné à Pithiviers puis déporté en juin 1942 à Auschwitz-Birkenau où il serait mort le 24 août 1942. Son frère Samuel est arrêté à Paris, envoyé à Drancy, mais libéré pour raison de santé. Arrêté une nouvelle fois avenue Parmentier, tabassé au poste de police du quartier, il est hospitalisé à Tenon. De là, il est exfiltré par un réseau vers la Zone Sud. Il survit à la guerre à la différence de Marcel.
Lors de la Rafle du Vel d’hiv, ses parents et son frère Achille (11 ans) sont arrêtés le 17 juillet. Internés à Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau par le convoi 19 du 14 août 1942. Ils ont été assassinés à leur arrivée.
Esther qui passait la nuit chez sa belle-sœur (épouse de Maurice) échappe à la Rafle. Elle se retrouve seule après que celle-ci ait été exfiltrée par un réseau communiste. Elle est recueillie durant deux semaines par la concierge. Avec son aide, elle entreprend de passer la Ligne de démarcation pour rejoindre son frère, à Pau. Le passeur rémunéré la mène jusqu’à Bordeaux mais l’abandonne. Elle prend seule un autocar pour Mont-de-Marsan. Sur place, elle est aidée par des habitants jusqu’à la zone de démarcation, qu’elle passe seule. Aidée ensuite par des fermiers de Grenade-sur-l’Adour, elle parvient à rejoindre son frère à Pau et lui apprend la situation de la famille. Elle reste avec lui jusqu’en novembre 1942. Celui-ci ayant décidé de rejoindre la résistance française en Afrique, elle remonte à Paris. La ligne de démarcation n’existe plus.
A Paris, elle fréquente un temps le centre pour enfants de la rue Vauquelin (5e), puis l’UGIF, rue Paul Albert (18e). Dans le courant de juillet 1943, envoyée faire une course dans Paris, elle est arrêtée lors d’un contrôle d’identité au métro Saint-Paul ; la Police fait le rapprochement avec sa famille arrêtée. Internée à Drancy jusqu’au 2 septembre 1943, elle est déportée par le convoi 59 (matricule 58319).
A Birkenau, elle est internée au camp des femmes. Elle y retrouve sa sœur, Fanny et sa tante qui avaient été dénoncées et déportées par le Convoi 46 (9 février 1943). Elle passe une grande partie de sa déportation avec Marie Tucherer, déportée par le même convoi, de 5 ans son aînée. Après la quarantaine, Esther est affectée au Aussenkommando. Sa sœur qui connaît Mala parvient à la faire rentrer au Kommando de la Weberei où elle reste environ un an, jusqu’à l’évacuation du 18 janvier 1945. Entre-temps, sa sœur décède au camp des suites d’une morsure de chien.
Elle subit la Marche de la Mort. Transférée au camp de Bergen-Belsen, elle y reste environ deux mois puis dans un autre camp avec 300 femmes avant d'être dirigée vers Mauthausen où elle est libérée le 5 mai.
Ses parents, sa sœur Fanny, ses deux frères, Achille et Marcel, sont morts à Birkenau. Son frère militaire a survécu. Ayant réussi à rejoindre l’Afrique - après 8 mois de captivité en Espagne - et après être passé par Londres, il a participé à la libération dans la 2e DB. Son frère Israël est resté vivre en URSS où il fut tailleur tout comme son frère Samuel qui a vécu en France.
Vanryb Nathan
1924, Varsovie - 2016, Paris
Issu d'une famille polonaise, venue en France en 1926, il est arrêté le 12 avril 1942 à St-Paul-de-Lizonne, interné à la prison d'Angoulême puis dans les camps de Poitiers et Drancy.
Il est déporté le 19 août 1942 au camp de Birkenau (convoi 21, Matricule 60601). Fin 1942, il est transféré au camp d'Auschwitz puis, en mai 1943, à Eintrachthütte, sous-camp du complexe d'Auschwitz (Swietochlowice).
En janvier 1945, il subit un nouveau transfert, au camp de Mauthausen (Autriche) puis à Leipzig (Allemagne). En avril 1945, il doit marcher 18 jours vers Leitmeritz (nom allemand de Litomerice, Tchécoslovaquie) et le camp de Theresienstadt (Terezin) où il est libéré le 8 mai 1945.
A son retour, il retrouve son père et apprend que son frère a été fusillé pour faits de résistance. Les autres membres de sa famille, sa mère, sa sœur, ses deux frères sont morts à Birkenau.
Les témoignages vidéos proviennent de deux sources différentes : UDA et Mémoire Demain (dvd Hatier, 2009)
Wolf Henri
1925, Strykov (Pologne) - 2005, Paris
D’origine polonaise, sa famille s’installe en Belgique peu avant la guerre. Elle se réfugie en Creuse au moment de l’offensive allemande. Ils y vivent deux ans, avant que les gendarmes de Vichy ne les arrêtent à Saint-Hilaire le Château le 26 août 1942. Regroupés avec d'autres Juifs dans le camp de Nexon (Limousin), ils sont transférés au camp de Drancy, puis déportés par le convoi 26, le 31 août septembre 1942.
Les parents d'Henri sont assassinés dès l’arrivée. Il entre au camp de Birkenau (Matricule 62571) puis il est envoyé au camp annexe de Furstengrube (mines).
Le 18 janvier 1945, il subit les marches de la mort vers les camps de Gross Rosen puis Hersbrug (Kommando de Flossenburg), Dachau, où il est libéré le 28 avril 1945.
A son retour en France, il n'a plus de famille, il décide de partir en Israël où il combat pour la création de l’Etat avant de revenir en France.
Il a été un grand témoin auprès de l'institution scolaire.