Zonus Henri
1928, Czestochowa (Pologne)
Ses parents, Srul et Esther sont grossistes en lait. Ils vivent entourés d’Henri et Zelig, son aîné de trois ans, la grand-mère maternelle. La mère d’Henri est blessée durant l’attaque allemande et perd un bras. En 1940, le père et le frère de Henri sont astreints à des travaux obligatoires. Les Juifs de Czestochowa subissent humiliations, exactions et mauvais traitements.
En avril 1941, la famille doit emménager dans le ghetto ; en août, il est fermé. A l’extérieur, Henri trouve du travail comme aiguilleur chez Hägen, une société privée allemande chargée de la construction de lignes de chemin de fer vers l’Allemagne.
Les 21 et 22 septembre 1942 a lieu une première « liquidation » du ghetto : alors que la famille est contrainte de rejoindre les wagons de déportation, Henri, qui boite à la suite d’une fracture de la jambe, arrive après le départ du train qui emmène toute sa famille vers Treblinka. Il reste seul.
Les 25-26 puis les 28-29 septembre, les Allemands poursuivent la « liquidation » du ghetto ; des Juifs sont parallèlement choisis pour le travail forcé à l’entreprise Metallurgia, usine reprise par la société allemande Hasag. Lorsque les Allemands « liquident » le grand ghetto de Czestochowa, Henri est parqué dans le petit ghetto avec 5 000 rescapés dont les travailleurs de la Metallurgia.
Il est transféré au camp de Skarzysko (à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Kielce), sur un autre site d’Hasag. En novembre 1942, il échappe à une mise à mort par fusillade. Il réintègre le camp sous l’identité d’un mort, Chil Blumenfeld.
En octobre 1944, il est transféré à nouveau à Czestochowa, dans l’usine de munitions Hasag-Pelcery. Début janvier 1945, les Allemands désertent le camp, libéré le 17 janvier par les soviétiques.
Henri part pour Lodz où il rencontre David. Ensemble, suivant la progression des Alliées vers l’ouest, ils arrivent à Prague, puis à Pilsen. Sur la base militaire, ils sont affectés au service de l’US Army.
Un jour, Henri embarque dans un avion avec des prisonniers français en cours de rapatriement. Il arrive au Bourget, où il est pris en charge par la Croix-Rouge, puis par des Juifs de Palestine de la Brigade juive. Il quitte Paris pour l’Italie en camion. Au camp de rassemblement à Santa Maria-de-Leuca (Italie du sud), il fait la rencontre d’un ami de Czestochowa, Willy Blustajn. Tous deux décident de revenir à Paris où ils sont pris en charge par l’OSE, et placés dans des maisons.
Durant les premières années de l’après-guerre, Henri choisit la voie professionnelle de la confection. En 1952, il rencontre son épouse Esther, dont la famille est originaire de Szydlowiec (Pologne).
Il a rédigé son témoignage : Destin d’un miraculé, Paris, Le Manuscrit, Collection Témoignages de la Shoah, FMS, 2013