Ras les chiottes, ras les bottes, plein les frocs. A la sentir partout, on ne la sentait plus. On dormait dedans, on mangeait dedans, on nageait dedans. Elle était tant et tant partout, qu’elle se mêlait au sang, que le sang se faisait merde et la merde sang. Elle giclait des intestins, elle giclait des plaies dont les croûtes prenaient sa couleur.
La merde assaisonnait même le ragoût des beaux esprits. Leurs rendez-vous se tenaient aux chiottes où la dysenterie leur imposait de longs séjours quand elle laissait le temps de s’y rendre.
La merde avait bien des avantages : son odeur incommodant les SS, ils évitaient le plus possible de pénétrer dans les baraques et même dans le camp. Il fallait pourtant bien qu’ils y allassent pour les appels. Ils y arrivaient bien après les Häftlinge, comptant sur le froid piquant pour geler les odeurs, sur le vent pour les emporter et les fumées du crématoire pour les masquer.