Pendant quelques jours, je ne sais par quel biais, nous avons des épluchures de pommes de terre… Et, je le découvre, on peut éplucher les épluchures… Celles des détenus affectés aux peluches sont épaisses et irrégulières – négligence ou sabotage. Quelqu’un a trouvé le moyen de les récupérer dans les ordures de la cuisine et nous nous livrons à une opération minutieuse : séparer ce qui reste de chair sur la peau épaisse et terreuse de la pomme de terre. Avec du temps et de la patience, nous arrivons, à deux ou trois, à obtenir l’équivalent de quelques tubercules, sous la forme d’une julienne, dit le cuisinier professionnel, d’un hachis ou d’un magma gluant selon ma propre appréciation. Avec un peu de margarine prélevée par chacun sur sa ration du jour, le cuisinier nous confectionne sur le poêle une sorte de galette, mets de choix, croustillant à l’extérieur, moelleux à l’intérieur.