Samedi 21 avril 1945 19h - Départ de Sachsenhausen, un pain par homme, une boite de pâté pour quatre. On part 500 hommes et 500 femmes. On marche toute la nuit. On fait à peu près 20 km. On couche dans une ferme. L'officier paraît assez humain quoique SS. Au départ, scènes de pillages et d'émeutes.
22 avril - Repas. Départ à 15h, sans pour ma part avoir rien mangé ; quelques veinards ont touché quelques pommes de terre cuites à l'eau. Arrivés à Herzberg le 23, trempés comme des rats. J'ai tiré pendant une demi-heure la guimbarde de messieurs les SS. Cantonnement occupé par des femmes. On passe la nuit, couchés dans la boue. À 6 h du matin, on a le droit d'occuper la grange. Vers 10 h, on touche du Maire, arrivé revolver au poing, café et une gamelle de pomme de terre. Deuxième nuit de repos dans cette grange.
Mardi 24 avril - Départ à 11h30 pour Altruppin, où nous couchons dans une grange. Rencontrons des prisonniers français qui collectent pour nous lait et cigarettes.
Mercredi 25 - Arrivons à Grabow.
Jeudi 26 avril - Touchons le matin 5 patates. Une réfugiée allemande donne à Pape pain et saucisse. Je donne mon savon.
Vendredi 27 avril - Départ à 11h. Arrivons au bois de Below après avoir fait 20 km comme d'habitude. Je retrouve Georges.
Samedi 28 avril - Nous touchons un colis de la Croix-Rouge pour 3 et un pour 16. Des SS, 2 patates et soi-disant un peu de viande. Les cadavres défilent. Les coups de feu partent. Le long de la route, il y a de drôles de bornes kilométriques !
Dimanche 29 avril - Un colis pour 5. Départ à 12h. Arrivés au bois de Meyenburg (20 km); on vole pour la troisième fois la musette de Zuck. On touche 3 patates pour quatre.
Lundi 30 avril - étape de 25 km. Arrivée dans le bois de Redlin.
Mardi 1er Mai - Arrivée au bois de Parchim ; la ville est en pleine pagaille et on couche dans la lande. À la nuit, les camions de la croix rouge ; on nous distribue un colis de 3 kgs chacun. Pour 90% d'entre nous, la Croix-Rouge nous sauve la vie.
Mercredi 2 mai - étape de 18 km ; Bois de Zapel; nous couchons dans le creux d'un bois. La discipline se relâche car les Alliés sont signalés dans les environs. Les sentinelles SS partiront le soir avec l'officier. Deux ou trois reviennent soi-disant pour assurer l'ordre.
Jeudi 3 mai - Les sentinelles ont disparu. Nous sommes enfin libres.