Le chien Lord, à côté de son maître, regardait, tremblait et par moment fonçait sur l’un des trois hommes qui se trouvaient face au mur de la buanderie.
Le chien aboyait, hurlait, sautant sur les détenus au gré des caprices du capitaine ; les cris les hurlements de douleur déchiraient le voile de la nuit, tandis que cent cœurs battaient à l’unisson.
La scène avait commencé vers neuf heures du soir. Les heures se succédaient.
Chacune d’elles marquait un peu plus le délire avec lequel ces monstres concevaient le cheminement de la mort pour leurs ennemis.
Toute la nuit le chien aboya, ainsi que les deux bêtes sauvages à forme humaine. Chaque fois d’une des gorges des condamnés jaillissaient gémissements ou cris, nous imaginions l’endroit dans lequel le chien venait de planter ses canines, partie du corps arrachée à la vie. Ce supplice dura toute la nuit.
Les flammes du four crématoire, dernier jeu entre la vie et la mort, montraient à ces malheureux que leurs corps se transformeraient rapidement en simple et volatiles essences.
L’astre du jour apparut dardant ses rayons sur la terre. Bachmayer et « el mano de hierro » disparurent comme les vampires à la lumière du jour. Avant, ils ordonnèrent de soigner les trois hommes.
Ils gisaient sans connaissance, le sang imprégnait les lambeaux de vêtements déchirés par le chien. Nous découvrîmes la chair arrachée des corps comme une masse gluante collée aux morceaux de tissu.
Après les avoir soignés à l’infirmerie, ils furent conduits dans des cachots spéciaux. La nuit suivante, à la même heure que le jour précédent, se répétèrent une par une les mêmes scènes de sauvagerie et de crimes pour s’achever à l’aube. Complètement déchiquetés, ils furent conduits à la prison du camp où ils furent achevés à coup de bâton, leurs corps mutilés d’atroce manière restèrent exposés là.