C’est le 1er août 1944 qu’un Kommando de déminage, constitué de 72 déportés, est acheminé sur Hambourg, à la prison centrale […]. Nous ferons le trajet dans 3 ou 4 camions bâchés.
Dès le lendemain, nous sommes mis par équipes de 6 et encadrés de 4 gardes de la Wehrmacht (des territoriaux) ; conduits en camionnette sur le lieu de travail.
Un artificier de la Luftwaffe nous explique le travail et nous réalisons l’ouvrage le plus vite possible pour quitter au plus tôt ce lieu balisé de pancartes «Lebens-Gefahr » (Danger de mort). L’artificier reste à proximité et guide notre travail ; il nous explique qu’il peut s’agir d’une bombe à retardement ; et aussi qu’un choc peut tout faire sauter. Nous sommes encore « costauds » et la « trouille » fait que nous ne ménageons pas notre peine. […]
Vers 16 h notre recherche s’est avérée vaine. Nous sommes à 6 m de profondeur, et la marée montante envahit notre fouille. L’officier de la Luftwaffe nous conduit au dépôt des projectiles récupérés précédemment. Il nous en fait charger un dans la camionnette et nous revenons le déposer dans le caniveau près de notre fouille, puis nous ôtons les barrières et les civils peuvent rentrer chez eux, rassérénés et confiants.
Vers le 20 août 1944, nous ne sommes plus que 17 au Kommando, soit que nos camarades aient été tués par les bombes à retardement, soit qu’un geste malheureux ait déclenché l’explosion.