Le cadavre fut ramené au camp et le docteur Mons, d’Amiens, dut ouvrir la boîte crânienne pour en extraire la cervelle et l’étaler sur la poitrine du corps nu, qui fut allongé au milieu de la cour. Un par un, nous dûmes passer devant cette dépouille mutilée. Les Russes passèrent les premiers, les Français, qui suivaient, se découvrirent respectueusement devant le mort. Aussitôt, ils tombèrent sous les coups des SS. Notre camarade bordelais, de Villers-Allerand, fut une des victimes. Les Français ne sont pas des lâches […]. Une fois de plus ils le montrèrent. Malgré les coups, courageusement, les suivants se découvrent et tombent à leur tour. Une douzaine des nôtres sont déjà assommés, nos bourreaux sont déconcertés, alors ils nous font dire qu’on pouvait saluer le mort, mais qu’au passage nous devions bien regarder le corps, car c’était le sort qui attendait tous ceux qui tenteraient de s’évader. Oui, nous avons regardé le cadavre mutilé de notre jeune camarade, et l’horrible vision est toujours devant nos yeux.