Allemagne / Neuengamme
Légende
Début : décembre 1938
Fin : 4 mai 1945 ; le camp est libéré par les troupes britanniques
87 000 hommes et 13 600 femmes ont été enregistrés au camp ; parmi eux, environ 13 000 Juifs
42 000 morts dans le camp, ses camps annexes, et durant les "évacuations"
Le camp de concentration de Neuengamme, de 1938 à 1945
Au total, 87 000 hommes et 13 600 femmes ont été enregistrés au camp de concentration de Neuengamme : plus de 24 000 Russes, 15 700 Polonais, 11 650 Français, 9200 Allemands, 7200 Hongrois, 6850 Néerlandais, 3650 Belges, les autres venant de plus de 20 nations. Les déportés juifs sont au nombre de 13 000, en majorité transférés par la SS à partir de l’été 1944, depuis le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau, pour travailler à l’économie de guerre.
Au total, 42 900 personnes au moins ont trouvé la mort dans le camp central de Neuengamme, dans ses Kommandos extérieurs ou lors de l’évacuation des camps jusqu’à la libération. S’y ajoutent plusieurs milliers de déportés décédés après leur transfert dans d´autres camps de concentration ou des suites de leur incarcération après leur libération. Plus de la moitié des déportés enregistrés au camp de concentration de Neuengamme n’ont pas survécu aux persécutions nazies.
Fin 1938, la SS installe dans le bourg de Neuengamme situé à la périphérie de Hambourg, métropole de l’Allemagne du Nord, un Kommando extérieur du camp de concentration de Sachsenhausen. Une centaine de déportés doivent remettre en état une briqueterie désaffectée. Au cours des premiers mois de la guerre, la décision est prise, suite à une visite du Reichsführer SS Heinrich Himmler, de faire de Neuengamme un grand camp de concentration. En avril 1940, le commandement SS conclut un contrat avec la Ville hanséatique de Hambourg : en vue du projet gigantesque des « bâtiments du Führer » sur la rive de l‘Elbe, celle-ci a d’importants besoins en matériaux de construction ; il lui accorde un prêt de plusieurs millions de reichsmarks pour l’installation du camp et la construction d’une nouvelle briqueterie agrandie. Dès le printemps 1940, Neuengamme reçoit le statut de camp de concentration autonome. Les déportés, dont l´effectif augmente rapidement jusqu’à plusieurs milliers, travaillent à l´agrandissement du camp, à l’extraction d’argile pour la production de briques, à la navigabilisation d’un bras de l’Elbe et au creusement du canal de desserte et du bassin portuaire.
Durant les années de guerre, la Gestapo et le Service de sécurité de la SS déportent au camp de Neuengamme des dizaines de milliers de personnes provenant de tous les pays d´Europe occupés. La plupart sont internées pour résistance à l´occupant allemand, par représailles, pour refus de se plier au travail forcé ou suite à une persécution raciale.
À partir de 1942, les déportés deviennent une main-d’œuvre pour l’industrie d’armement, tout d’abord dans des ateliers construits sur l’enceinte du camp, plus tard répartis directement dans les usines. Pendant les deux dernières années de la guerre, des Kommandos extérieurs sont ainsi créés dans toute l´Allemagne du Nord à proximité des usines d’armement. D’autres Kommandos de travail servent à construire des sites de production et des logements provisoires, à déblayer les décombres après les attaques aériennes et, à la fin de la guerre, à creuser des tranchées anti-chars. Ces détachements de travail à l’intérieur du camp central et dans plus de 85 Kommandos extérieurs (dont 24 camps de femmes) s’accomplissent dans des conditions sciemment meurtrières. Chaque jour, des déportés succombent en raison du travail harassant, du manque de vêtements et de la faim, de l’absence de soins médicaux et des conditions d´hygiène épouvantables, ainsi que des mauvais traitements infligés par les SS et les Kapos. Dans certains Kommandos extérieurs, tels ceux affectés au projet de fortification appelé « Mur de la Frise », les taux mensuels de mortalité atteignent fin 1944 plus de dix pour cent. Sur le nombre total de détenus au camp central et aux Kommandos extérieurs de Neuengamme, le taux de mortalité en 1943 correspond en moyenne à 332 décès par mois, pour s’élever à 2675 en décembre 1944, soit 86 morts en moyenne par jour, d’après les inscriptions (toutefois incomplètes) des registres de décès tenus par le Krankenrevier (infirmerie-mouroir).
Le camp de concentration de Neuengamme sert aussi de lieu central d’exécution. Un total de 1400 personnes y sont conduites pour y être exécutées, le plus souvent par pendaison dans la prison du camp, l‘Arrestbunker. À l’automne 1942, 448 prisonniers de guerre soviétiques sont gazés au Zyklon B. Plusieurs milliers de détenus déclarés inaptes au travail sont, principalement dans les années 1942/43, exécutés par des médecins SS au moyen d’une injection dans le cœur, envoyés dans des camps d‘extermination ou transférés dans d’autres camps.
À la fin de la guerre se trouvent encore 14 000 détenus au camp central et 40 000 dans l’ensemble des Kommandos extérieurs, dont presque un tiers de femmes. Devant l’avancée des troupes alliées, les déportés sont traînés d’un camp à l’autre dans les « marches de la mort ». Presque 25 000 parviennent aux camps dits « de rassemblement » Bergen-Belsen, Sandbostel et Wöbbelin, qui manquent de tout. En l’espace de quelques semaines, plusieurs milliers de personnes y meurent de faim. Le terme « mouroir » pour désigner ces camps a été repris de déportés francophones.
Les 10 000 derniers déportés restés au camp central sont embarqués par les SS fin avril 1945 sur des « bateaux concentrationnaires ». À Hambourg, les dirigeants du parti, de la SS, de l’armée et de l’industrie ont convenu, contre les ordres de Berlin, de se rendre sans résistance aux troupes britanniques. Mais par crainte de répressions de la part des Alliés et aussi d’actes de violence commis par des détenus libérés, ils veulent s’assurer que la ville est débarrassée des « morts vivants du camp de concentration ». Les déportés sont donc emmenés sur des bateaux ancrés dans la baie de Lübeck, où ils subissent le 3 mai 1945 les tragiques attaques aériennes de l´armée britannique qui suspecte des transports de troupes. Le bombardement est un cataclysme pour les 4600 déportés entassés sur le Cap Arcona et 2800 autres sur le Thielbek. Seuls 450 en réchappent, 7500 périssent dans les flammes, se noient dans la mer Baltique ou sont abattus en parvenant sur la grève.
Les jours précédents, un Kommando de 700 hommes resté à Neuengamme doit rendre le camp présentable pour restitution. Sur ordre de la SS, les baraques sont nettoyées, les objets suspects tels que le chevalet et la potence détruits et les dossiers brûlés. Quelques heures après le départ des derniers déportés et membres SS, les soldats britanniques entrent le 2 mai à Neuengamme dans un camp propre et vide, qui masque amplement les traces des crimes qui y ont été commis. Le stratagème fonctionne. Alors que les images de Bergen-Belsen, de Dachau et de Buchenwald témoignent dans le monde entier des horreurs des camps de concentration, aucune ombre persistante n’obscurcit Hambourg.
Dr. Detlef Garbe,
Directeur de la KZ-Gedenkstätte Neuengamme
Mémorial de l'ancien camp de concentration de Neuengamme
Liste des camps annexes et Kommandos du camp de Neuengamme
Alderney - Aurigny (I. SS-Baubrigade) |
Alt Garge |
Aurich - Engerhafe |
Bad Sassendorf (11. SS-Eisenbahnbaubrigade) |
Boizenburg |
Breitenfelde |
Brême (II. SS-Baubrigade) |
Brême - Blumenthal |
Brême - Caserne Hindenburg |
Brême - Farge « Bunker Valentin » |
Brême - Neuenland |
Brême - Obernheide |
Brême - Osterort |
Brême - Schützenhof |
Brême - Uphusen |
Brême - Usines Borgward |
Brunswick (Büssing-NAG) |
Brunswick (Ecuries de la cavalerie SS) |
Brunswick (magasins de l'armée) |
Brunswick - Vechelde |
Darss - Wieck |
Düssing (Mecklembourg) |
Fallersleben (Arbeitsdorf) |
Fallersleben (Kommando de femmes) |
Fallersleben - Laagberg |
Garlitz (Mecklembourg) |
Goslar |
Hambourg - Finkenwerder |
Hambourg - Fuhlsbüttel |
Hambourg - Hammerbrook |
Hambourg - Hammerbrook (II. SS-Baubrigade) |
Hambourg - Hammerbrook (Spaldingstraße) |
Hambourg - Langenhorn |
Hambourg - Neugraben |
Hambourg - Rothenburgsort |
Hambourg - Sasel (Kommando de femmes) |
Hambourg - Steinwerder (Blohm & Voss) |
Hambourg - Steinwerder (Docks Stülcken) |
Hambourg - Tiefstack |
Hambourg - Veddel (Kommando d'hommes) |
Hambourg - Veddel (Kommando de femmes) |
Hambourg - Wandsbek |
Hannover Ahlem |
Hanovre - Ahlem (A 12) |
Hanovre - Langenhagen |
Hanovre - Limmer |
Hanovre - Misburg |
Hanovre - Mühlenberg (Hanomag/Linden) |
Hanovre - Stöcken (Continental) |
Hanovre - Stöcken (fabrique d'accumulateurs) |
Helmstedt - Beendorf (femmes) |
Helmstedt - Beendorf (hommes) |
Hildesheim |
Horneburg |
Husum-Schwesing |
Kaltenkirchen |
Kiel |
Ladelund |
Lengerich |
Lübberstedt - Bilohe |
Lüneburg - Kaland (II. SS-Baubrigade) |
Lütjenburg - Hohwacht |
Meppen - Dalum |
Neustadt in Holstein |
Osnabrück (II. SS-Baubrigade) |
Porta Westfalica - Barkhausen |
Porta Westfalica - Hausberge (hommes) |
Porta Westfalica - Hausberge (Kommando de femmes) |
Porta Westfalica - Lerbeck |
Salzgitter - Bad |
Salzgitter - Drütte |
Salzgitter - Watenstedt / Leinde (hommes) |
Salzgitter - Watenstedt / Leinde (Kommando de femmes) |
Salzwedel |
Sandbostel Auffanglager |
Schandelah |
Uelzen |
Verden |
Warberg |
Wedel (femmes) |
Wedel (hommes) |
Wilhelmshaven (Alter Banter Weg) |
Wilhelmshaven (II. SS-Baubrigade) |
Wittenberge |
Wöbbelin |