Toute mesure d'hygiène semble proscrite de notre block. Chez nous, il n'est pas question de passer aux douches ou de donner des vêtements à l'étuve, comme cela se fait dans d'autres baraquements.
La vermine ne tarde pas à nous envahir et se propage à une vitesse foudroyante. Nos compagnes étrangères forment certainement la plèbe des autres pays; bien rares sont celles qui s'épouillent et, encore, lorsqu'elles se livrent à cette occupation, au dortoir ou au réfectoire, jettent-elles par terre, avec dégoût, les poux vivants qu'elles ôtent de leurs vêtements.
Très peu ont acheté du linge de rechange. Au Waschraum, pièce préposée à la toilette, et dont, sur dix lavabos, trois au moins sont bouchés, les vêtements sont empilés les uns sur les autres.
Presque toutes ont eu leur serviette de toilette volée; certaines en ont confectionné une en coupant un morceau de leur chemise, mais beaucoup se lavent avec leurs mains, et le morceau de savon donné à l'arrivée est depuis longtemps épuisé; quelques-unes se sont privées de pain pour en acheter un autre, mais la grande majorité s'en passe.
Et, tandis que les unes se lavent, d'autres s'épouillent ; certaines y mangent.
Dans cette pièce où une foule se bouscule et se dispute, d'aspect innommable par les habits sales entassés, les corps nus, décharnés, marqués de piqûres de poux et de plaies d'avitaminose, gisent les mortes du block, sans cesse éclaboussées d'eau sale, en attendant leur transfert à la morgue.
La toilette est interrompue par les filles de salle qui réclament l'évacuation de la pièce. En hâte, les vêtements sont rassemblés, car les traînardes sont chassées à grand renfort de seaux d'eau.
Et, lorsque le Waschraum, évacué, présente un aspect bien net, la Blockowa, munie d'une marmite d'eau bien chaude et d'un superbe savon, entre tranquillement et ferme la porte pour faire ses ablutions en paix.