Allemagne / Dachau
Légende
Le camp de concentration de Dachau 1933-1945
Plus de 200 000 prisonniers furent déportés à Dachau entre les années 1933 et 1945
plus de 42 000 y périrent.
Le camp de concentration de Dachau fut le seul qui perdura pendant la totalité des douze années de la domination nazie. Durant cette période, le nombre et l’origine des prisonniers évoluèrent aussi fondamentalement que leurs conditions de vie et leurs chances de survie.
Premiers temps
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler et ses partisans prirent le pouvoir en Allemagne. Le 20 mars 1933, Heinrich Himmler, chef de la police à Munich, annonça lors d’une conférence de presse l’ouverture d’un camp de concentration à Dachau. Le camp destiné aux adversaires du régime fut installé dans une ancienne fabrique de munitions datant de la première guerre mondiale. Il pouvait accueillir jusqu’à 5000 personnes. La SS prit le commandement du camp en avril 1933, les prisonniers furent ainsi privés définitivement de leurs droits de citoyens et soumis sans aucune protection aux traitements arbitraires de leurs gardiens.
Les premiers détenus du camp de Dachau étaient exclusivement des adversaires du régime national-socialiste : des communistes, des sociaux-démocrates, des syndicalistes et également quelques hommes politiques conservateurs et des monarchistes. Les premiers détenus juifs avaient été arrêtés en raison de leur opposition au régime national-socialiste. Au cours des années suivantes, tous les citoyens indésirables ou haïs par le régime national-socialiste, et que l’on avait pu arrêter, furent déportés en Allemagne dans des camps de concentration dont le nombre augmentait : ils comptaient des témoins de Jéhovah refusant le service militaire, des Sintis et Roms, des homosexuels, des personnes marginales considérées comme « asociales » ou des criminels déportés dans les camps de concentration en tant que « criminels professionnels » après avoir purgé leur peine. Après la systématisation de la persécution des juifs en Allemagne, leur nombre augmenta également à Dachau. Suite au pogrom de novembre 1938, plus de 10 000 Juifs y furent déportés. Jusqu’en 1938, le camp de Dachau ne comprenait que des citoyens allemands. Après l’entrée des Allemands en Autriche au printemps 1938, quand les premiers détenus autrichiens arrivèrent à Dachau, la communauté des détenus commença à s’internationaliser.
Le début de la guerre
L’invasion allemande de la Pologne le 1er septembre 1939 marqua le début des changements fondamentaux du système concentrationnaire. Les nationaux-socialistes utilisèrent le droit de la guerre pour éliminer les derniers obstacles juridiques pouvant empêcher la violence des SS envers les détenus. La libération des détenus devint quasiment impossible et les « traitements spéciaux », c’est-à-dire les assassinats de détenus sans aucune forme de procès ne firent qu'augmenter. Jusqu’au début de la guerre il n’y avait pas encore eu d’extermination massive au camp de concentration de Dachau, ni d’épidémies causant la mort de milliers de détenus, ni de prisonniers morts de faim. Malgré les assassinats et les débordements de violence des SS vis-à-vis de certains détenus, malgré les sanctions et les tortures qui menaçaient la vie et la santé des prisonniers, la plupart des détenus pouvaient espérer être libérés un jour. Jusqu’en 1939, le camp comptait en moyenne 2500 prisonniers. Et jusqu’au début de la guerre, 500 détenus environ avaient déjà trouvé la mort dans le camp de concentration de Dachau.
De septembre 1939 à février 1940 le camp fut vidé et utilisé comme camp d’entraînement par les unités SS « Totenkopf » (Tête de mort). C'est après le retour des détenus des camps de Flossenbürg, Mauthausen et Buchenwald que commença l’exploitation systématique de la force de travail des prisonniers au sein des entreprises dirigées par les SS. Au cours des années 1941 et 1942, les conditions d’alimentation des prisonniers s’aggravèrent de manière dramatique et le taux de mortalité empira sans cesse, notamment en raison des épidémies qui se déclarèrent. Dans le même temps, le nombre des « sanctions », c’est-à-dire des tortures infligées sous forme de châtiments corporels, augmenta. Elles eurent pour conséquence des blessures sévères, voire la mort des détenus.
1941-1942
Au printemps 1941, les prisonniers du camp de concentration de Dachau furent intégrés au processus d’extermination massive des malades et des handicapés. Plus de 2500 prisonniers sélectionnés par les médecins SS et considérés comme « inaptes au travail » furent déportés en 1942 au Château de Hartheim en Autriche, un ancien hôpital psychiatrique, et gazés. C’est également en 1942 que les médecins SS du camp de concentration de Dachau commencèrent à réaliser des expériences médicales cruelles sur les détenus. Celles-ci affectèrent la santé de centaines d'entre eux, quand elles ne leur coûtèrent pas la vie. Dès le début, les soins médicaux accordés aux prisonniers étaient complètement insuffisants et pendant la guerre, tout détenu malade et incapable de travailler était condamné à mourir. Mais comme les gardiens SS avaient peur des maladies contagieuses, ils évitaient de se rendre dans les infirmeries. Celles-ci devinrent ainsi des lieux secrets de résistance et de solidarité; certains détenus y étaient protégés et pouvaient recevoir des médicaments pouvant leur sauver la vie. À partir d’octobre 1941 furent amenés à Dachau les prisonniers de guerre soviétiques qui, peu de temps auparavant, avaient été sélectionnés dans les camps de prisonniers de guerre par des unités spéciales de police de sûreté pour être exécutés dans les camps de concentration. La majorité d’entre eux, plus de 4000 hommes, furent conduits dans des camions sur la place d’exercice de tir des SS située non loin du camp et fusillés par les SS du camp de Dachau. Leurs cadavres furent brûlés dans le crématorium du camp. Un petit crématorium avait déjà été construit sur le site du camp avant la guerre. Un deuxième crématorium plus grand et doté de quatre fours fut construit en 1942. Ce bâtiment contenait également une chambre à gaz, qui ne fut cependant pas utilisée pour des exécutions massives.
Les détenus
L’origine de détenus se modifia sans cesse au cours de la guerre. À partir de mars 1940 et jusqu’à la fin de cette même année, près de 13 500 Polonais furent déportés à Dachau. Jusqu’à la libération du camp ils constituèrent la plus grande communauté de détenus, suivis des Russes qui arrivèrent en automne 1941. À la libération du camp en avril 1945, on compta 67 665 prisonniers issus de 27 pays. Parmi eux, 5000 ressortissants français étaient détenus dans le camp de Dachau et ses camps annexes. Au total, plus de 15 000 prisonniers français furent enregistrés à Dachau à partir de 1940. Mais jusqu’en 1943, lorsque 702 Français arrivèrent à Dachau, le camp ne comptait encore que quelques détenus français. Ce fut seulement à partir de l’été 1944, lorsque la résistance contre l’occupant allemand en France devint un mouvement de masse après le débarquement des Alliés en Normandie, que le nombre de détenus français s’éleva à plus de 10 000. Ils constituèrent, après les Polonais, les Soviétiques, les Allemands et les Hongrois, la plus importante communauté de prisonniers. Parmi eux se trouvaient plusieurs milliers de prisonniers « Nuit et brouillard » soupçonnés d’actes de Résistance et dont le lieu de détention devait rester secret sur ordre d’Hitler. Le « Train de la Mort » reste un traumatisme national dans l’histoire de la déportation des prisonniers politiques français à Dachau. Le 2 juillet 1944 un convoi quitta le camp de Compiègne avec 2521 prisonniers. Lorsque le train arriva en gare de Dachau le 5 juillet 1944, 1000 personnes étaient décédées. Les prisonniers avaient été entassés dans les wagons et abandonnés à eux-mêmes quatre jours et trois nuits sous une chaleur suffocante, sans eau ni air.
Le nombre des détenus juifs à Dachau était minime, excepté la déportation massive qui eut lieu après la Nuit de cristal en 1938. En novembre 1941, il fut ordonné que tous les détenus juifs enfermés dans les camps de concentration du « Altreich », l’ancien empire allemand, soient déportés à Auschwitz. À partir de l’été 1944, un grand nombre de détenus juifs venant des camps de l’Est furent également déportés dans les camps annexes de Dachau pour être utilisés comme esclaves.
Le travail forcé
L'exploitation de la force de travail des détenus joua un rôle de plus en plus important au cours des dernières années de la guerre. Les camps de concentration devinrent un immense réservoir d’esclaves pour l’industrie de l’armement allemande. À partir de 1943 furent construits 140 camps annexes répartis dans le sud de l’Allemagne et en Autriche, afin que les prisonniers de Dachau y travaillent pour les besoins de l’économie de guerre. Il y avait également des femmes dans les camps annexes. Pendant l'été 1944 fut développé un immense projet de construction dont l’objectif était de déplacer la production des avions dans des bunkers souterrains pour protéger les entreprises contre les bombardements des Alliés. Pour la région de Dachau trois bunkers furent construits à Landsberg am Lech et un autre à Mühldorf am Inn pour la production de l’avion de combat ME262.
À partir de juillet 1944, les détenus furent amenés à Landsberg-Kaufering où onze camps furent construits. À Mühldorf, où quatre camps avaient été construits, les premiers détenus arrivèrent à partir de la mi-août. Près de 39 000 détenus au total, presque tous juifs, furent emprisonnés dans ces camps annexes. On estime que près de la moitié d’entre eux y trouvèrent la mort. Les conditions de vie et de travail ne furent nulle part aussi catastrophiques que dans ces camps.
La phase finale
Mais dans le camp principal de Dachau également, la situation des détenus empira de manière dramatique pendant la phase finale. Des convois de prisonniers venus d’autres camps de concentration et ayant été évacués devant l'avancée des Alliés, firent augmenter le nombre des détenus de manière drastique. L’approvisionnement en nourriture, les conditions de détention et les problèmes d’hygiène devinrent quasiment insupportables. Une épidémie de typhus se déclencha en novembre 1944. Elle entraîna la mort de près de 15 000 détenus jusqu’à la libération du camp en avril 1945. Au cours des derniers jours d’avril, Heinrich Himmler donna l’ordre d’évacuer le camp de Dachau et ses camps annexes. 2000 prisonniers juifs furent convoyés dans un wagon de marchandises depuis Dachau en direction du sud, et près de 8000 détenus durent se mette en route à pied en direction des Alpes pour une longue marche. Tout détenu ne pouvant plus marcher pour cause d’épuisement était abattu par les gardiens SS qui accompagnaient le convoi. Les survivants de la Marche de la mort ne purent être libérés par les troupes de l’armée américaine qu’au cours des premiers jours de mai 1945, après la fuite des gardiens SS. Un groupe de 131 personnalités importantes parmi les détenus, dont le français Léon Blum, ancien président du Conseil, et Franz von Schuschnigg, ancien chancelier d’Autriche, furent transférés en bus en direction du sud et remis aux Alliés le 4 mai 1945.
À Dachau, la SS prit la fuite les 27 et 28 avril, seules les tours de garde restèrent occupées. Le 28 avril, un groupe d'habitants de Dachau et de survivants du camp tenta d’occuper l’hôtel de ville de Dachau. Une unité SS qui était revenue sur place abattit six personnes parmi les insurgés, trois anciens détenus se trouvaient parmi eux.
Le 29 avril 1945, des unités des 42ème et 45ème divisions d’infanterie atteignirent le camp de concentration de Dachau. Près de 32 000 détenus, une grande partie d’entre eux malades ou mourants, attendaient leur libération. Avant que les soldats américains n’atteignent le camp de Dachau, ils découvrirent un train contenant plusieurs milliers de cadavres de détenus ayant trouvé la mort lors du transport les amenant de Buchenwald à Dachau. Au cours des jours et des semaines qui suivirent la libération du camp, les détenus malades et épuisés continuèrent à mourir. Pour eux, les libérateurs étaient arrivés trop tard.
Plus de 200 000 prisonniers furent déportés à Dachau entre les années 1933 et 1945 et plus de 42 000 y périrent. Grâce aux efforts des survivants du camp, un mémorial fut érigé en 1965 sur le site de l’ancien camp de concentration. Il préserve le souvenir de l’histoire des Hommes qui y ont souffert.
Dr h. c Barbara Distel
Liste des camps annexes et Kommandos du camp de Dachau
Eching - Neufahrn |
Allach |
Allach |
Allach |
Augsbourg-Pfersee |
Bad Ischl (« Umsiedlerlager » - camp de transit d’immigrés de souche allemande) |
Bad Tölz |
Baümenheim |
Birgsau |
Blaichach |
Burgau |
Dachau - Ets Fleischwerke Hans Wülfert |
Ehrengut |
Ellwangen - Caserne SS |
Eschelbach (dans l’institution « Maria Hilf ») |
Feldafing |
Fischbachau |
Fischen |
Fischhorn - Château |
Freimann |
Freimann |
Friedrichshafen |
Gablingen |
Garmisch - Partenkirchen |
Gendorf |
Germering |
Gmund |
Hallein |
Haunstetten |
Hausham |
Heidenheim |
Heppenheim |
Horgau |
Itter - Château |
Kaufbeuren |
Kaufering I |
Kaufering II |
Kaufering III |
Kaufering IV |
Kaufering IX |
Kaufering VII |
Kaufering VIII |
Kaufering XI |
Königssee |
Kottern |
Landsberg, base aérienne |
Landshut |
Lauingen I |
Lauingen II |
Lauingen-Birkacherhof |
Loden-Frey |
Markt Schwaben |
Mettenheim |
Michelwerke |
Mittergars - Camp OT de Mittergars |
Möhlstrasse |
Moschendorf |
Munich |
Munich |
Munich |
Munich (Gestapo - Wittelsbacher Palais) |
Munich - Bergmannschule |
Munich - Camp OT de Karlsfeld |
Munich - Commandement SS local |
Munich - gare principale |
Munich - Lebensborn |
Munich - « Agfa-Kamerawerke » |
Munich-Sendling (architecte Bücklers) |
Neuaubing |
Neumarkt - Domaine « Schloss Lind » |
Neustift |
Nuremberg - Caserne |
Nützl |
Oberraderach |
Ottobrunn |
Pabenschwandt - Ferme pilote de la SS |
Passau-Oberilzmühle (Passau I) |
Plansee - Hotel « Forelle » |
Präzifix |
Radolfzell |
Riederloh II |
Riem |
Rothschwaige |
Sachse Kempten |
Salzbourg |
Saulgau |
Schlachters |
Schleissheim |
Seehausen |
St. Johann |
St. Lambrecht |
Steinhöring (Lebensborn) |
Stephanskirchen |
Stielerschule |
Waldlager V/VI |
Wolfgangsee |