Pologne / Auschwitz II - Birkenau
Légende
Voir l'historique du camp d'Auschwitz
Début : automne 1941
Fin : « évacuation » de la plupart des prisonniers : 18 janvier 1945 / arrivée de l’armée soviétique : le 27 janvier 1945
1,3 millions de personnes ont été déportées à Auschwitz et 1,1 million y sont mortes : 960 000 Juifs, 70 000 à 75 000 Polonais non-juifs, 21 000 Tziganes, 15 000 prisonniers de guerre soviétiques et 10 000 à 15 000 détenus d'autres nationalités (Soviétiques, Tchèques, Yougoslaves, Français, Allemands et Autrichiens).
La construction du camp de Birkenau débuta, à l’automne 1941, après l’expulsion des paysans du village de Brezinska.
Il fut prévu à l’origine pour 100 000 personnes.
Les premières constructions, réalisées par des prisonniers soviétiques et des détenus polonais, furent poursuivies, les années suivantes, par des déportés.
En 1944, dans ses plus grandes dimensions - 1050 mètres sur 1650 - le camp s'étendait sur près de 170 hectares.
Les trois camps, BI, BII, et BIII, subdivisés en plusieurs secteurs, souvent surpeuplés, furent isolés les uns des autres par des barbelés.
Le camp BI, prévu pour 20 000 personnes, composé de blocks en briques et en bois, était constitué de deux secteurs : le secteur « b », camp d’hommes depuis mars 1942, et destiné aux femmes à partir de juillet 1943, après sa réunion avec le secteur « a », déjà camp de femmes depuis août 1942.
Le camp BII, composé de blocks en bois, type écurie militaire, conçu pour 60 000 personnes, comprenait 6 secteurs, identifiés de « a à f ». Ils ouvrirent progressivement durant 1943 et 1944.
Au cours de l’année 1944, chaque secteur pris une identité et un nom singuliers : le camp de Quarantaine, le « camp des familles » déportées de Terezin, le camp des Hongrois, le « camp des hommes », « le camp des Tsiganes » ; dans le dernier secteur, quelques baraques faisaient office d’infirmerie, en allemand revier.
Le camp BIII, appelé « Mexique », prévu pour 60 000 personnes mais jamais achevé a servi de camp de transit pour les Juifs, essentiellement pour les Juifs de Hongrie, à partir du printemps 1944.
A Birkenau, les gazages furent pratiqués, entre les printemps 1942 et 1943, dans deux fermes, dites « Maison rouge » et « Maison blanche ».
Les corps étaient d’abord enterrés dans des fosses communes et dès septembre 1942, brûlés dans des fosses proches, à ciel ouvert.
Au printemps 1943, l'extermination industrielle devint effective avec les 4 « chambres à gaz - crématoires », désignés sous le nom de Krematorium II, III, IV, V.
Fin 1943, deux nouvelles structures entrèrent en fonction : la sauna qui servait à la fois de bâtiment de désinfection et d'espace où les déportés, désignés pour le travail étaient immatriculés, tatoués, rasés.
Le secteur dit « Canada II » où étaient entassés et triés, les biens dont les déportés étaient dépouillés ; la majorité des vols était expédiée vers le Reich.
En mai 1944, avec le prolongement de la voie de chemin de fer et la nouvelle rampe, les convois de déportés parvinrent directement à proximité des « chambres à gaz - crématoires ».
Les assassinats se poursuivirent jusqu’en novembre 1944, période à laquelle les SS démantelèrent les structures de gazage.
©Hatier-Mémoire Demain
Les camps annexes et Kommandos du camp d'Auschwitz
Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos
Alcan Louise
1910, Paris - 1987, Paris
Issue d'une famille juive aisée, elle fait des études de lettres, d'art et d'archéologie et prépare une thèse de doctorat sur le costume féminin dans la vallée savoyarde de la Maurienne.
Sous l’Occupation, elle s'engage dans la Résistance au sein du Réseau du Musée de l'Homme. En 1941 elle quitte Paris pour Aix-en-Provence. Elle est arrêtée le 6 décembre 1943 à Marseille, elle est internée à la prison des Baumettes puis transférée à Drancy le 23 janvier. Elle est déportée le 3 février 1944 par le convoi 67 au camp d’Auschwitz (Matricule 75125). Elle est internée dans le camp de Birkenau avant d’être transférée, en octobre 1944, au Kommando de Rajsko.
Le 18 janvier 1945, elle subit l’évacuation vers le camp de Ravensbrück. Le 10 février 1945, elle est transférée au camp de Malchow puis à Leipzig. Elle s'évade le 7 avril 1945 ; elle est libérée par les troupes américaines.
Dès son retour, elle écrit un témoignage, publié en 1947 : Sans armes et sans bagages. Son activité professionnelle se déroule au sein du Musée des Arts et Traditions populaires à Paris. Dès sa création en 1945, elle rejoint l'Amicale d'Auschwitz dont elle devient secrétaire générale adjointe en 1949 puis secrétaire générale à partir de 1951 jusqu’en 1987, une association à laquelle elle a dévoué une grande partie de sa vie. En 1980, elle publie un petit opuscule, Le temps écartelé, qui complète son témoignage.
Sans armes et sans bagages, Limoges, Les imprimés d'art, 1947
Le Temps écartelé, éditeur Louise Alcan, 1980
Altmann Jacques
1923, Elberfeld (Allemagne)
Ses parents émigrent en France en 1933. Son père, Juif polonais, avait émigré de Pologne en Allemagne, à Wuppertal, où il rencontre sa femme. Le couple émigre ensuite en France, à Nancy, puis Paris. La famille travaille dans le textile. En 1941, leur boutique tombe sous le coup des lois d' « aryanisation ».
Suite à une altercation, Jacques est arrêté. Il s'échappe de la Préfecture de police de Paris et se réfugie à Sablé (Sarthe) puis à Nantes. Il bénéficie à plusieurs reprises de l'aide de Français. Identifié Juif, il est interné au camp de Drancy. Il travaille dans les camps parisiens d'Austerlitz et Lévitan à trier notamment les affaires d'autres Juifs arrêtés et déportés.
Entre temps, ses parents et ses frères avaient été déportés à Auschwitz le 3 novembre 1942. Jacques Altmann est déporté le 10 février 1944 (Convoi 68, Matricule 173708). Au sein du Kommando du « Canada », il est affecté sur la rampe d'arrivée des convois, chargé de regrouper les bagages des déportés et de les acheminer vers le secteur du « Canada ».
Il est transféré par train en octobre 1944 vers le camp d'Ohrdruf (Kommando de Buchenwald) où il est libéré par les Américains le 11 avril 1945.
A son retour à Paris, il est seul, toute sa famille a été assassinée à Birkenau : ses parents, ses 4 frères et ses grands-parents qui vivaient à Wuppertal.
Baron Charles
1926, Paris - 2016, Paris
Sa famille paternelle avait émigré de Pologne en 1919. Sa mère, née à Paris, était d'origine roumaine. Il est arrêté le 12 septembre 1942 à Saint Rémy les Chevreuse, dans la région parisienne. Interné à Drancy, il est déporté le 18 septembre 1942 (Convoi 34). Ses parents l'avaient été quelques semaines plus tôt (24 juillet 1942, Convoi 10).
Il connaît plusieurs camps : Sakrau II (septembre 1942), Klein Mangersdorf (octobre 1942), Gross Sarne (camp disciplinaire, octobre 1942) ; retour à Klein Mangersdorf (octobre 1942) puis Ludwigsdorf (février 1943), Birkenau (juillet à octobre 1944, Matricule A17594), puis Landsberg-Dachau (octobre 1944, Matricule 119744). Il est libéré par les Américains le 29 avril 1945 après s'être évadé d'un train d'évacuation.
A son retour, Charles retrouve uniquement ses grands-parents maternels et une tante.
Benroubi Maurice
Salonique, 1912 - 1998
Il est né à Salonique en 1912. Durant sa scolarité, il fréquente l’Alliance israélite universelle. A la fin des années 1920, il rejoint la France où il rencontre sa femme, de culture judéo-espagnole également. Il est commerçant sur les marchés. Le couple s’installe au Mans.
Il est arrêté le 16 juillet 1942 au Mans dans le cadre d’une infraction à la législation antisémite, qui interdisait aux étrangers de commercer. Après être passé par le « camp pour nomades » de Mulsanne, il est transféré à Angers d’où il est déporté le 20 juillet 1942 par le convoi 8.
A Birkenau (Matricule 51059), il est affecté au Sonderkommando puis il est transféré au camp annexe de Jawischowitz (mine) où il travaille à la construction de la centrale électrique puis au fonde de la mine.
Il subit l’évacuation le 18 janvier 1945 qui le mène dans les camps de Buchenwald, Ohrdruf, Bergen-Belsen où il est libéré par les Britanniques le 15 avril 1945.
Son témoignage paru en 2013, Le petit arbre de Birkenau (Paris, Albin Michel) est présenté avec un ensemble de lettres rédigées par sa femme restée en France, accompagné également de documents d’archives.
Bialot Joseph
1923, Varsovie – 2012, Paris
Sa famille d’origine polonaise s’installe en France en 1930, à Paris. Il est arrêté à Grenoble le 25 juillet 1944, déporté à Auschwitz par le Convoi 78 en août 1944 (Matricules : 193143 puis B 9000).
Il est libéré dans le camp d'Auschwitz par l’Armée rouge le 27 janvier 1945.
Il a publié en 2002 un témoignage, C'est en hiver que les jours rallongent, Paris, éditions du Seuil.
Birnbaum Suzanne
1903, Paris - 1975
Couturière de profession, elle tient un magasin à Paris, rue de Chazelle. Arrêtée en janvier 1944 par des miliciens, internée au camp de Drancy, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau le 20 janvier 1944 (Convoi n° 66, Matricule 74837). De ce convoi, composé de 1155 personnes, 864 sont gazées à l’arrivée ; 236 hommes et 55 femmes entrent au camp. Rares furent les femmes ayant atteint la quarantaine, qui à son image, furent dirigées vers le travail forcé.
Elle est internée au camp de Birkenau et intégrée dans des Kommandos extérieurs. Le 27 avril 1944, elle échappe à une sélection au Revier dans laquelle sont prises de nombreuses femmes. Le 18 janvier 1944, elle évacue le camp et subit les marches de la mort qui la conduisent à Bergen Belsen, Raguhn. Elle est libérée au cours d’un transport vers Theresienstadt.
Dès son retour, elle rédige un témoignage, publié en 1946, Une Française juive est revenue. Auschwitz, Belsen, Raguhn, Paris, Editions du Livre Français, 1946 (réédité par l'Amicale des Déportés d'Auschwitz et des Camps de Haute Silésie, 2003)
Bleckmans Rosa
1925, Paris (née Balber)
Ses parents, originaires de Varsovie, se rencontrent à Paris au début des années 1920. Ils y ouvrent un salon de coiffure.
Son père est déporté depuis Compiègne, le 5 juin 1942 (Convoi 2, Matricule 38211). Rosa, quant à elle, est arrêtée à la suite d'une dénonciation, en juillet 1942. Internée à Drancy, elle a bénéficié durant plusieurs mois de l’aide d’un gendarme qui a retardé sa déportation qui a lieu le 13 février 1943 (Convoi 48). A Birkenau, elle retrouve son père. Grâce à sa médiation, elle est intégrée au Kommando du Canada (Effektenkammer). Au camp, elle survit au typhus. A la suite d’une dénonciation, sa mère est arrêtée et déportée le 23 juin 1943 (Convoi 55). Elle ne survit pas au camp.
Le 18 janvier 1945, Rosa est évacuée et fait la Marche de la Mort. Elle est transférée aux camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe où elle a été libérée le 2 mai 1945 par les troupes soviétiques. Le père de Rosa a survécu. Rosa s’est mariée à un ancien déporté du camp d’Auschwitz, Simon Bleckmans.
Bojczyk Guta
1926, Varsovie
Guta est née à Varsovie en 1926 au sein d’une famille aisée, pratiquante – son père avait un commerce de boucherie en gros. Elle est la petite dernière, après une sœur née en 1918, un frère en 1920 et une autre sœur, en 1923. Les enfants ont suivi une scolarité à l’école laïque et n’ont pas ressenti d’antisémitisme.
La guerre bouleverse leur vie. Leur maison est détruite par les bombardements allemands lors de l’invasion en 1939. Ils doivent déménager. Et de nouveau après la création du ghetto et l’enfermement de la population juive. La famille trouve à se loger dans la rue Ogrodowa puis Nalewki.
Sa sœur aînée meurt de maladie dans le ghetto, son frère a sans doute été fusillé, elle ne connaît pas le sort de son père et de son autre sœur. Elle reste avec sa mère. En mai 1943, toutes deux sont emportées en convoi. A l’arrivée au camp de Majdanek, elles sont séparées. Sa mère a été gazée dès l’arrivée.
Guta est envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est affectée au travail forcé, d’abord au Kommando de la Weberei puis à celui de l’Union Werke.
Le 18 janvier 1945, elle subit la Marche de la Mort. Elle est envoyée au camp de Ravensbrück puis celui de Malchow. Elle est libérée par les troupes soviétiques.
Après la guerre, elle revient à Varsovie mais ne retrouve aucun membre de sa famille. Elle se marie à un survivant du ghetto de Lodz qui avait été envoyé au camp de Dachau. Ils vivent à Varsovie avec leurs deux enfants jusqu’en 1957 où ils décident de venir vivre en France.
Borlant Henri
1927, Paris
Originaires de Russie, ses parents s’installent à Paris dès avant la Première guerre mondiale, Il est le quatrième de leurs neuf enfants.
Au moment de l’invasion allemande, la famille se réfugie dans le Maine et Loire où elle reste. Les enfants sont scolarisés ; Henri est baptisé catholique.
Le 15 juillet 1942, son père, sa sœur Denise (21 ans), son frère Bernard (17 ans) et Henri (15 ans) sont arrêtés par les autorités allemandes, emprisonnés au grand séminaire à Angers.
Le 22 juillet, ils sont déportés directement au camp d’Auschwitz-Birkenau par le convoi 8. A Birkenau, il est rapidement séparé des siens.
Il survit au camp jusqu’à l’automne 1944, époque à laquelle il est transféré vers celui d’Oranienburg-Sachsenhausen, puis Buchenwald et Ohrdruf. A la veille de l’arrivée des troupes américaines, il parvient à s’évader.
En rentrant, il retrouve sa mère et cinq de ses frères et sœurs. Son père, son frère, sa sœur, ses grands parents maternels ont été assassinés.
A 18 ans, il reprend sa scolarité dans le secondaire. En 1958, il devient médecin.
Il a publié son témoignage : Merci d’avoir survécu, Paris, Le Seuil, 2011 ; « Traces d’enfer », Paris, Larousse, 2015
Brajer Zalmen
1923, Lublin (Pologne) - 2003, Paris
Il fait partie des victimes de la Rafle du Billet Vert. Il est d’abord interné au camp de Beaune-la-Rolande (Loiret) à partir de mai 1941 où il reste plus d’une année puis il est déporté au camp d’Auschwitz par le convoi 5 du 28 juin 1942. Il est interné aux camps de Birkenau et Monowitz.
En octobre 1944, il est transféré au camp d’Orianenbourg (près de Berlin), puis aux camps de Sachsenhausen et Ohrdruf où son Kommando doit déblayer les ruines des quartiers bombardés. Quelques semaines après, il est dans un zeltlager (camp de baraquements en toile) près de Dora où il doit creuser dans le granit pour aménager des voies ferrées. Début mars 1945, il est évacué vers Buchenwald. Début avril, il subit une nouvelle évacuation par train, sans fin. Il parvient à Theresienstadt (Terezin) début mai où il est libéré le 8 mai 1945.
A son retour, il retrouve sa mère. Son frère et sa sœur, déportés en 1944, ne sont pas revenus.
Après la guerre, il consacre une partie de sa vie à la mémoire de la Shoah. Il a œuvré notamment pour la pérennisation de la mémoire des deux camps du Loiret, Beaune-la-Rolande et Pithiviers, et témoigné par des dessins et gravures.
Bulawko Henri
1918, Lida (Lituanie, aujourd’hui Biélorussie) – 2011, Paris
Sa famille, de culture yiddish, émigre en France en 1925 alors qu’il a 7 ans. Il a trois sœurs et deux frères. Son père est un rabbin orthodoxe. La famille s’installe dans l'île Saint-Louis.
Durant la guerre, il est actif dans la Résistance, de novembre 1940 au 19 novembre 1942, date de son arrestation. Il œuvre avec Léo Glaeser, David Rapoport au sein du Comité de la rue Amelot créé en juin 1940 par des responsables de la Fédération des sociétés juives de France (FSJF), du Bund, du Poale Zion. Il fabrique de faux papiers, notamment.
Il est arrêté en novembre 1942 au métro Père Lachaise. Il est interné à Drancy puis à Beaune-la-Rolande puis de nouveau au camp de Drancy jusqu'au 18 juillet 1943. Il est déporté par le convoi 57. Il est rapidement transféré au camp de Jaworzno où il reste 18 mois, jusqu’à l’évacuation.
Durant la Marche de la Mort, vers Blechhammer, il s’échappe et se réfugie dans les forêts jusqu'à l'arrivée des troupes soviétiques.
Après guerre, il devient journaliste et écrivain. Il a été un l’un des promoteurs de la mémoire de la Shoah en France. Dans le monde associatif, dès 1945, il est actif au sein de l’Amicale des Anciens Déportés Juifs de France, amicale de culture ashkénaze constituée majoritairement par des survivants Juifs originaires d’Europe centrale venus pour la plupart en France durant l’entre-deux guerres. Il en a été le secrétaire général avant d’en être Président durant près de 5 décennies.
Au début des années 1990, il est sollicité par l’Amicale d’Auschwitz et des Camps de Haute Silésie (qui existe depuis juin 1945) pour en occuper la présidence.
Il a été l’un des initiateurs des commémorations de Drancy et du Vel d’Hiv.
Il a publié plusieurs ouvrages parmi lesquels :
- Son témoignage, Les jeux de la mort et de l’espoir Auschwitz, Jaworzno, préface de Jean-Maurice Hermann, Paris, A.A.D.J.F, 1954
- Le procès d’Auschwitz n’a pas eu lieu, Paris, Presses du temps présent, 1965
Buzyn Elie
1929, Lodz -
Elie grandit au sein d'une famille juive pratiquante, son père est industriel dans le textile, sa mère, engagée dans le mouvement des femmes sionistes, la WIZO. Il a une sœur et un frère.
Après l'invasion allemande, le nom de la ville est germanisé et devient Litzmannstadt. Les Juifs doivent porter l'étoile jaune. 160 000 Juifs sont regroupés dans le quartier de BaLuty (février - fin avril 1940). Le 7 mars 1940, son frère Abraham est assassiné par les SS dans le cadre du « jeudi sanglant » au cours duquel les SS abattent des dizaines de Juifs, rue Piotrkowska. Elie devient ouvrier au sein des ateliers de textile et de cuir travaillant pour les besoins du Reich, ouverts par Chaïm Rumkowski, chef du Judenrat (le conseil juif).
A la liquidation du ghetto, en août 1944, il est déporté avec ses parents et sa soeur à Auschwitz. Il fait les Marches de la Mort en janvier 1945 en direction de Buchenwald. Il est accueilli en France par l'OSE où il retrouve un oncle, Léon Pérel, chirurgien à l'hôpital Rothschild. Il est le seul survivant de sa famille.
Après la guerre, il part en Israël puis revient en France suivre des études de médecine.
Choko Isabelle
1928, Lodz (Pologne) (née Sztrauch)
Internée au ghetto de Lodz avec toute sa famille, entre début 1940 et août 1944. Son père décède au ghetto en février 1942. Elle est transférée avec sa mère au camp d’Auschwitz Birkenau en août 1944 lors de la « liquidation » du ghetto. Les deux femmes y restent quelques jours avant d'être envoyées, début septembre 1944, au camp de travail de Celle, près d'Hanovre (Allemagne) puis en février 1945 à Bergen-Belsen. Sa mère y décède au mois de mars 1945, de faim et de maladie. Libérée à Bergen-Belsen le 15 avril 1945. Malade, elle est transportée en Suède qui prend en charge sa convalescence.
A la fin de la guerre, demeurée seule, elle décide de venir vivre en France, accueillie par son oncle et sa tante.
- La Jeune Fille aux yeux bleus, Paris, Le Manuscrit, Coll. FMS, 2015
Delbo Charlotte
1913, Vigneux-sur-Seine - 1985, Paris
Elle est issue d'une famille d'immigrés italiens. Son père est chef monteur-riveteur. Dès 1932, elle adhère aux Jeunesses communistes et en 1936 à l'Union des jeunes filles de France fondée par Danielle Casanova. Elle suit des cours dans le cadre de l'Université ouvrière (notamment économie politique, philosophie). Elle y fait la connaissance en 1934 de Georges Dudach, militant communiste, qu'elle épouse en 1936.
Elle suit une formation de secrétaire et commence à écrire en 1937 pour Les Cahiers de la jeunesse, journal communiste. A l'issue de l'interview de Louis Jouvet, celui-ci la recrute. En 1940, elle l’accompagne en Amérique latine mais décide de revenir en France en 1941 où son mari, Georges Dudach, est entré dans la clandestinité. Dans le réseau Politzer, ils contribuent à la publication des Lettres françaises (Jacques Decour en est le rédacteur en chef), et elle est chargée de l’écoute de Radio Londres et Radio Moscou ainsi que de la dactylographie de tracts et revues.
Ils sont arrêtés le 2 mars 1942, lors d’une opération à l'issue de laquelle sont également arrêtées Marie-Claude Vaillant-Couturier et Danielle Casanova. Georges Dudach est fusillé au Mont Valérien le 23 mai 1942.
Le 24 janvier 1943, Charlotte Delbo fait partie d’un convoi de 230 déportées résistantes dirigé vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Leur convoi emmène aussi plus de 1450 détenus hommes. Les wagons sont séparés à Halle, les hommes sont dirigés vers Sachsenhausen, les femmes vers Auschwitz.
C’est le seul convoi de femmes résistantes, non juives - certaines des femmes sont juives mais ne sont pas identifiées en tant telles - dirigé vers ce camp et non vers celui de Ravensbrück.
Elles sont internées dans le camp de Birkenau ; elles y entrent en chantant La Marseillaise. Elles ne subissent pas de sélection à l’arrivée, mais sont en revanche tatouées (elle reçoit le Matricule 31661). La série de leur matricule fera nommée ces femmes « les 31 000 ». Pendant l’été 1943, elle est transférée au Kommando de Raïsko où les conditions sont moins difficiles (lieu de recherche sur le kok-saghyz). Le 7 janvier 1944, avec d'autres femmes survivantes du convoi de janvier 1943, elle est transférée vers le camp de Ravensbrück (Matricule 26007).
Elle est libérée le 23 avril 1945. A son retour, elle reste engagée, écrit plusieurs récits et poèmes sur la déportation, publiés à partir de 1965.
- Le Convoi du 24 janvier, Paris, Les Éditions de Minuit, 1965
- Aucun de nous ne reviendra, Genèves, Editions Gonthier, 1965
- Aucun de nous ne reviendra, Paris, Les Éditions de Minuit, 1970
- Une connaissance inutile, Paris, Les Éditions de Minuit, 1970
- Mesure de nos jours, Paris, Les Éditions de Minuit, 1971
- La Mémoire et les Jours, Paris, Berg International, 1985
Esrail Liliane
1924, Biarritz (née Badour)
Du côté maternel, ses grands-parents, Juifs d’origine russe, étaient hôteliers à Biarritz ; son père, Charentais, était commerçant. A l’orée de la guerre, ses parents décèdent. Les trois enfants, Liliane 19 ans et ses deux frères, René 13 ans et Henri 17 ans, sont pris en charge par les grands-parents. Les trois enfants sont baptisés catholiques. Le baptème du plus jeune qui a eu lieu en 1942 n’est pas reconnu par les autorités. C’est celui-ci que la Feldgendarmerie vient arrêter le 10 janvier 1944. Liliane protestant avec véhémence, les trois enfants sont emmenés. Ils sont internés à la prison de Bayonne puis transférés à Drancy via Bordeaux.
Ils sont déportés le 3 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau par le Convoi 67. Les deux jeunes frères sont gazés dès leur arrivée, seule Liliane entre au camp (Matricule 75127). Elle a travaillé dans les Kommandos extérieurs de Birkenau avant d’être intégrée au Kommando de l’usine Union Werke et d’être transférée au camp d’Auschwitz. Après la Marche de la Mort, en janvier 1945, elle connaît les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe, en Allemagne, où elle est libérée le 2 mai 1945.
A son retour à Biarritz, fin mai 1945, elle retrouve sa grand-mère. Son grand-père est décédé durant sa déportation. En 1948, elle épouse Raphaël Esrail, lui-même déporté.
Esrail Liliane
Born on June 9th, 1924 in Biarritz.
Arrested on January 10th, 1944 in Biarritz with her two brothers aged 13 and 17. The three children were orphans and had been brought up by their grandparents. They had a Jewish ancestor but were not considered as Jewish according to the Vichy racial laws. Interned in Bayonne, then Bordeaux and Drancy.
Deported to Auschwitz Birkenau on February 3rd, 1944. Registration number: 75127. Her two younger brothers were gassed upon arrival. She endured both Birkenau and Auschwitz camps. After the Death March, she was interned in the camps of Ravensbrück and Neustadt-Glewe in Germany.
Liberated on May 2nd, 1945 in Neustadt-Glewe.
When she returned to Biarritz at the end of May 1945, she was reunited with her grandmother.
Goldstein Madeleine
1921, Paris - 2008, Paris (née Elefant)
Ses parents avaient quitté la Pologne pour la France dans les années 1910. Née en 1921 à Montmartre, Madeleine a 12 ans lorsqu’elle rencontre Jacques Goldsztejn (Goldstein), né en Pologne en 1920 et arrivé en France à l’âge de 6 mois. Ils s’épousent en 1939. Une petite fille naît le 21 novembre 1940. En juillet 1943, le couple entre en Résistance dans le maquis savoyard. Ils sont arrêtés ensemble au cours d’une mission de liaison à Paris, en janvier 1944. Elle est internée à la prison de Fresnes durant 3 mois.
Ils sont déportés ensemble le 29 avril 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 72, Matricule de Madeleine 80597). De son mari, elle n'a plus de nouvelles après leur séparation sur la rampe. A Birkenau, elle connaît plusieurs Kommandos extérieurs. La Marche de la Mort la conduit dans plusieurs camps en Allemagne (Malchow, Schönefeld, Ravensbrück, Wermsdorf). Epuisée, elle ne peut plus suivre une colonne d'évacuation. Elle est épargnée par le SS qui fermait la marche.
A son retour, alors qu'elle cherche des nouvelles de son mari, elle le retrouve à l'hôtel Lutetia. Ils récupèrent leur petite fille qui était cachée à Lyon.
Madeleine et Jacques ont publié leur témoignage : On se retrouvera, Paris, L'Archipel, 2005 (avec Serge Filippini)
Gradowski Zalmen
1910, Suwalki (région frontière entre la Pologne et la Lituanie) - 7 octobre 1944, Birkenau
Après des études à la yeshiva (école juive), Zalmen Gradowski se consacre au commerce dans la région de Byalystok. Il souhaite devenir écrivain. Durant l'été 1941, les Nazis prennent le contrôle de la région. Le 8 décembre 1942, il est déporté avec sa famille à Auschwitz-Birkenau. Tous les membres de sa famille sont tués peu de temps après leur arrivée ; lui est intégré au Sonderkommando. Grâce à des membres du Kommando du Canada, il se procure de quoi écrire ; son témoignage a été retrouvé après la fin de la guerre. Il est l'un des chefs de la révolte du 7 octobre 1944 durant laquelle il périt.
Entre 1945 et 1980, sont retrouvés, enfouis dans le sol de Birkenau, près des chambres à gaz-crématoire, cinq textes manuscrits, rédigés par des membres du Sonderkommando.
- Haïm Herman (en français, février 1945).
- Zalmen Gradowski (en yiddish, mars 1945).
- Lejb Langfus (en yiddish, avril 1945) ; un second texte de Lejb Langfus fut retrouvé en 1952.
- En 1961 et 1962, deux textes de Zalmen Lewental (en Yiddish).
- En octobre 1980 a été retrouvé un texte rédigé en grec par Marcel Nadsari.
Contraints par les SS de s'occuper de la crémation des cadavres des Juifs assassinés, ces hommes ont rédigé ces notes dans la plus grande clandestinité, espérant laisser au monde un témoignage. Aucun des auteurs n'a survécu à la barbarie nazie.
Grinspan Ida
1929, Paris – née Fensterszab
Ses parents avaient émigré de Pologne en 1924. En juin 1940, il la place chez une nourrice dans les Deux-Sèvres. C'est par un courrier que son père lui annonce l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée le 30 janvier 1944 à Sompt (Deux-Sèvres) chez sa nourrice, par trois gendarmes français. Interrogée à Niort, les autorités tentent de lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle résiste.
Elle est transférée à Drancy puis déportée le 10 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 68, Matricule 75360). Une coiffure qui la vieillissait un peu lui a sans doute permis d’entrer au camp alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi. Elle connaît successivement le camp de Birkenau puis celui d'Auschwitz qu'elle quitte le 18 janvier 1945. Après la Marche de la Mort, elle est internée dans les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945, très affaiblie.
A son retour, elle a 15 ans et demi. Elle retrouve son frère, seul membre de sa famille. Sa mère a été déportée en juillet 1942, son père en juillet 1944.
Elle a publié son témoignage, écrit avec Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré, Paris, Robert Laffont, 2002
Gutman Simon
1923, Varsovie
Ses parents émigrent en France en 1929. Il est arrêté en août 1941 à Paris, interné aux camps de Drancy et Compiègne. Déporté le 27 mars 1942 au camp d’Auschwitz Birkenau par le premier convoi parti de France (Matricule 27815).
Tous les membres de sa famille ont été ultérieurement déportés : son frère Maurice (25 juin 1942, Convoi 4), son père David (29 juillet 1942, Convoi 12), sa sœur Hélène et son frère Serge (5 août 1942, Convoi15), son frère Isidor (24 août, Convoi 23). Sa mère, Cyma, a été déportée à Sobibor, probablement avec sa sœur Bella (Mars 1943).
Simon reste au camp de Birkenau jusqu'au 26 octobre 1944 puis il est transféré vers les camps de Struthof, Hailfingen, Dautmergen-Schömberg, Halthausen, en Allemagne. Il est libéré le 5 avril 1945, après s'être évadé durant l'évacuation du camp d'Halthausen.
A son retour, il retrouve son père, lui-même rescapé d'Auschwitz Birkenau. Les autres membres de sa famille ont tous été assassinés.
Hafner Désiré
1918, Galatz, Roumanie - ?
Il a été déporté à Auschwitz par le convoi 8 au départ d’Angers le 20 juillet 1942.
Au retour, il a été un membre actif de l’Amicale d’Auschwitz. Il était médecin de profession.
Heftler Nadine
1928, Paris - 2016, Paris
Arrêtée à Lyon par la Gestapo avec ses parents Gaston et Hélène, le 13 mai 1944. Ils sont tous les trois emprisonnés à la prison Montluc puis transférés au camp de Drancy le 20 mai d’où ils sont déportés le 30 mai 1944 au camp d’Auschwitz-Birkenau (Convoi 75, Matricule A 7128). Sur la rampe de Birkenau, elles sont séparées du père : « Si tu t’en sors, ce sera une belle école… » dit-il à Nadine, les mots qui seront le titre de son témoignage.
A Birkenau, Nadine reste avec sa mère pendant quelques semaines, jusqu'à ce que cette dernière tombe malade et soit contrainte d’aller au Revier où elle est victime d’une sélection en octobre 1944.
Nadine travaille dans différents Kommandos extérieurs. En novembre 1944, elle est intégrée au Block des Enfants (Secteur « B I a ») où elle reste quelques semaines avant d’être envoyée au camp d’Auschwitz et de travailler à l’usine Union Werke.
Elle quitte le camp le 18 janvier 1945 et subit la marche de la mort. Elle est transférée au camp de Ravensbrück puis vers Ludwiglust. Sur le chemin, elle est libérée par les Américains le 2 mai 1945.
Après la guerre, elle reprend ses études et devient médecin.
Dès 1946, elle rédige un témoignage qui n’a été publié qu’en 1992 : Si tu t’en sors... : Auschwitz, 1944-1945, Paris, La Découverte, 1992
Jacquet-Silberstein Violette
1925, Petroșani (Roumanie) - 2014, Paris
Sa famille émigre de Roumanie en France alors qu’elle a 3 ans et s'installe à Boulogne-sur-Mer puis au Havre.
Au moment de l’Exode, Violette a 14 ans. La famille s'installe à Paris puis à Lille, où un oncle les accueille.
Le 1er juillet 1943, Violette est arrêtée avec ses parents par la Gestapo, à la suite d'une dénonciation. Ils sont emprisonnés à la prison de Loos puis au camp de Malines, en Belgique, d’où ils sont déportés le 31 juillet 1943 par le convoi 21.
Dès l’arrivée, Violette est séparée de ses parents qu’elle ne revoit plus.
Elle est recrutée comme violoniste dans l'orchestre des femmes. Composé d'une quarantaine de musiciennes, il doit jouer lors du départ et du retour des Kommandos de travail forcé.
En octobre 1944, elle est transférée au camp de Bergen-Belsen où elle est libérée par les troupes britanniques le 15 avril 1945.
Elle a publié un témoignage, un récit qui s’adresse à un jeune public : Sanglots longs des violons de la mort, Paris, Oskar Éditions, 2005
Le convoi 21 parti de Malines le 31 juillet 1943 emmenait 1552 personnes vers Auschwitz : 672 hommes, 706 femmes, 103 garçons et 71 filles. En mai 1945, il y avait 42 survivants.
Junguenet Emile
1893, Plouguenast (Côtes d’Armor) – 1978, Fontainebleau
La Première Guerre mondiale interrompt sa formation théologique au petit séminaire de Lannion. Après la guerre, il se marie et travaille à la Compagnie des wagons-lits puis en tant que concessionnaire automobile à Fontainebleau. Durant la Seconde Guerre, il entre dans la Résistance dès le début 1942. Il est arrêté le 16 novembre 1943, incarcéré à la prison de Fontainebleau, torturé, puis transféré au camp de Compiègne. Bien que constitué de résistants non juifs (1670 hommes), son convoi est dirigé vers Auschwitz[1] (Matricule 185805). Ce convoi - qui sera dit « des Tatoués » - ne subit pas de "sélection" à l’arrivée ; aucune personne de ce convoi n’a été gazée.
A peine quinze jours après l’arrivée dans le camp, dès le 12 mai, une grande majorité des déportés est transférée vers d’autres camps et particulièrement vers Buchenwald puis Flossenbürg. Sont maintenus à Birkenau, une soixantaine d’hommes, dont 45 y décèdent et 11 y sont libérés en janvier 1945 dont fait partie Emile Junguenet. Il est rapatrié en bateau en avril 1945 vers Marseille via Odessa.
Commandeur de la Légion d’honneur, de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance
[1] Comme deux autres convois auparavant, composés majoritairement de résistants non juifs : en juillet 1942, convoi dit des « 45 000 » et en janvier 1943, un convoi de 230 femmes, dit des « 31 000 ».
Kesbi Hélène
1926, Metz (née Herszbajn) - 2021, Montreuil
Hélène KESBI (Herszbajn) est née en Lorraine en 1926 où ses parents originaires de Lodz s’étaient installés au début des années 20. Outre sa famille, c’est toute une fratrie, oncles et tantes, qui avait émigré, se retrouvant à Metz et Hagondange. Sa famille est pratiquante et parle le yiddish. Son père travaille dans la sidérurgie.
En 1940, pressentant le danger, le père emmène sa famille à Paris, quartier de Belleville. Ils logent à l’hôtel. Le frère d’Hélène, Isaac, est arrêté dès 1941, interné plusieurs mois à Drancy, déporté par le convoi 3, en juin 1942. Ses parents, Bajla et Szlama sont arrêtés le 16 juillet lors de la Rafle du Vel d’Hiv, en présence de leurs deux filles, Hélène et Marie, qui elles ne sont pas emmenées. Restant sans aucune nouvelle d’eux, elles ignorent leur déportation qui a eu lieu quelques jours après, le 24 juillet, par le convoi 10. Restées seules, les deux filles travaillent dans une petite fabrique de maroquinerie et sont logées par une cousine dans le quartier de Belleville. Elles sont arrêtées au mois d’avril 1943 par des policiers en civil. A Drancy, elles retrouvent une cousine avec deux enfants de 3 et 1 ans, transférée là depuis Chalais dans la Vienne. Tous sont déportés par le convoi 55 du 23 juin 1943.
Hélène et sa sœur entrent au camp et sont affectées aux kommandos extérieurs puis à celui du Canada. Les deux sœurs sont séparées. Hélène est transférée à Bergen Belsen à l’automne 1944 puis à Raghun et Theresienstadt où elle est libérée. A son retour, elle retrouve uniquement sa sœur Marie.
Kolinka Ginette
1925, Paris (née Cherkasky)
Son grand-père paternel, d'origine russe, était venu en France où son père est né. Sa mère, née en Roumanie, est arrivée en France à l'âge de 7 ans.
Durant la guerre, pour échapper aux arrestations, la famille parvient à passer en zone libre et s’installe en Avignon. Le 13 mars 1944, la Gestapo et la Milice viennent arrêter les hommes de la famille, son père, son frère et son neveu. Elle proteste et est emmenée également.
Ils sont emprisonnés à la prison d’Avignon puis à celle des Baumettes à Marseille, puis transférés au camp de Drancy d’où ils sont déportés le 13 avril 1944 au camp d'Auschwitz Birkenau (convoi 71, Matricule 78599). Seul son neveu entre au camp.
Le 30 octobre 1944, elle est évacuée vers Bergen-Belsen. En février 1945, elle est transférée à Raguhn près de Leipzig et de là, en avril 1945, par un « Train de la Mort », vers le camp de Theresienstadt. Elle est libérée début mai 1945.
A son retour, en juin 1945, elle retrouve sa mère et 4 sœurs. Ses proches, déportés en même temps qu'elle, sont morts.
Son témoignage a été publié par Philippe Dana, Ginette Kolinka. Une famille française dans l'histoire, Paris, Kero, 2016
Kottler Rosette
1920, Paris (née Marcelle Waitzmann)
Ses parents, venus de Pologne, étaient fourreurs à Paris. Rosette, 7e d’une famille de 8 enfants perd sa mère alors qu’elle a 3 ans et son père, lorsqu’elle en a 8. Sa sœur aînée recueille sa petite sœur ; elle, est placée chez son oncle paternel. Après son Certificat d’étude, elle est apprentie dans l’atelier de fourrure des Galeries Lafayette.
Sous l’Occupation, elle porte l’étoile jaune et travaille chez un fourreur. Elle réussit à se procurer une fausse carte d’identité au nom de Rosette Dufour. Lors d’un contrôle de police, à la suite d’une soirée entre jeunes, elle est arrêtée. Accusée d’avoir violer le couvre-feu et pour ses faux papiers, elle est emprisonnée à la Roquette puis à La Santé. A l’issue du jugement, acquittée, elle est toutefois arrêtée par les Allemands et conduite à Drancy le 1er novembre 1943, déportée par le Convoi 62, du 20 novembre 1943. Sur 1200 personnes le composant, 914 sont gazées à l’arrivée ; 241 hommes et 45 femmes entrent au camp.
Elle est affectée à l’usine Union Werke. Un accident, un doigt coupé, la conduit au Revier où elle reste deux mois en parvenant à échapper à plusieurs sélections. Elle retourne à l’usine grâce à une Kapo allemande.
Le 18 janvier 1945, elle fait la Marche de la Mort. Elle connaît les camps de Ravensbrück et Neustatd où elle est libérée le 2 mai 1945.
A son retour, seule déportée de sa famille, elle retrouve les siens.
Langberg Venezia
1920, Sofia (Bulgarie) – 2014, Paris (née Arie)
Sa mère, issue d’une famille orthodoxe, se convertit au judaïsme pour épouser son père. Au milieu des années 1920, la famille émigre en France.
Venezia, scolarisée dans des institutions catholiques, est baptisée. Une sœur naît en 1932. Après des débuts difficiles, son père trouve une place à la société Gaumont. Enfant, Venezia, est figurante dans quelques films.
En âge de travailler, elle enchaîne différents emplois jusqu’à son arrestation début 1944, malgré son certificat de baptême. Elle reste deux mois à Drancy où elle fait la connaissance de son futur mari, Jacob (Jacques) Langberg, d’origine autrichienne. Venezia est déportée par le Convoi 70, le 27 mars 1944.
A Birkenau (matricule 76155), elle connaît plusieurs Kommandos. Elle fait la Marche de la Mort en janvier 1945, transférée aux camps de Ravensbrück, Malchow, Bergen-Belsen où elle est libérée.
Levy Rosette
1924, Montmorency - née Schwartzenberg
Elle naît en 1924 dans une famille d’origine polonaise qui avait émigré en France avant la Première Guerre mondiale.
La famille est composée de 8 enfants (quatre sœurs, trois frères).
Le 6 février 1944, elle est arrêtée par la Gestapo avec son petit frère à Limoges. Ils sont internés à Drancy, puis déportés à Auschwitz le 7 mars 1944 par le convoi 69.
Levy Yvette
1926, Paris - née Dreyfus
Elle est arrêtée par la Gestapo le 21 juillet 1944, à Paris, avec les enfants de la maison de l’UGIF (Union générale des Israélites de France) de la rue Vauquelin puis internée au camp de Drancy.
Elle est déportée au camp d'Auschwitz Birkenau par le dernier convoi parti de Drancy, le 31 juillet 1944 (77, Matricule A 16696). A Birkenau, elle est internée dans le secteur "B II e", "Camp des Tziganes", juste après le dernier assassinat de ceux-ci dans la nuit du 2 au 3 août 1944.
Le 27 octobre 1944, elle est tranférée par train à Kratzau (dans les Sudètes) où elle travaille dans une usine d'armement jusqu'à sa libération en ce lieu le 9 mai 1945.
A son retour, elle retrouve ses parents.
Loridan-Ivens Marceline
1928, Épinal - née Rosenberg
Ses parents juifs polonais émigrent en France en 1919. Au début de la guerre, la famille s'installe dans le Vaucluse. Marceline est arrêtée dans la maison familiale avec son père Szlama. Ils sont transférés au camp de Drancy puis déportés au camp d’Auschwitz Birkenau par le convoi 71 du 13 avril 1944. Tous les deux sont séparés à l’arrivée. Elle est internée à Birkenau et travaille dans les Aussenkommandos.
Elle est transférée au camp de Bergen-Belsen puis à Theresienstadt où elle est libérée par l’Armée rouge, le 10 mai 1945. Son père n’est pas revenu.
Elle a été l’épouse de Joris Ivens. Elle est co-réalisatrice et réalisatrice de plusieurs documentaires et longs métrages, notamment La Petite Prairie aux bouleaux (avec Anouk Aimée), 2003 ; actrice ou témoin (Chronique d’un été, documentaire de Jean Rouch et Edgar Morin, 1961 ; Peut-être de Cédric Klapisch, 1999 ; Les Bureaux de Dieu de Claire Simon, 2008) et auteure de plusieurs ouvrages notamment sur sa déportation.
- Ma vie balagan, récit écrit avec la journaliste Élisabeth D. Inandiak, Paris, Robert Laffont, 2008
- Et tu n'es pas revenu, récit écrit avec Judith Perrignon, Paris, Grasset, 2015
Mandelbaum Henryk
1922, Olkusz - 2008, Gliwice (Pologne)
Interné, avec sa famille, dans les ghettos de Dombrowa et Sosnowiec, il est transféré au camp d'Auschwitz Birkenau en avril 1944 (Matricule 181970). Dès son arrivée, sans effectuer de quarantaine, il est désigné pour faire partie du Sonderkommando. (chambres à gaz-crématoires V et II). Il reste au camp jusqu'à l'évacuation, le 18 janvier 1945. Durant la Marche de la Mort, il s'échappe de la colonne et se cache jusqu'à l'arrivée des troupes soviétiques. Ses parents ont été assassinés.
Il a témoigné :
- 2001, documentaire allemand, Sklaven der Gaskammern (les esclaves des chambres à gaz), avec d'autres survivants du Sonderkommando
- 2004, documentaire polonais Z Kroniki Auschwitz, avec d'autres survivants du Sonderkommando.
- 2007, un moyen métrage lui est consacré, Anus Mundi, de Wojciech Królikowski
Montard Sarah
1928, Dantzig - née Litchtsztejn
Ses parents émigrent en France en 1930. Arrêtée une première fois avec sa mère, Maria, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vel d'Hiv à Paris, elle parviennent à s'en évader. Elles sont arrêtées de nouveau le 24 mai 1944, internées à Drancy, déportées le 30 mai 1944 à Auschwitz Birkenau (Convoi 75, Matricule A 7142). Sarah connaît successivement les deux camps de Birkenau et d'Auschwitz. Le second jour de la Marche de la Mort, elle retrouve sa mère sur la route. Les deux femmes sont internées au camp de Bergen-Belsen en Allemagne, libérées le 15 avril 1945. A son retour avec sa mère, elle retrouve son père.
Elle a publié un témoignage, Chassez les papillons noirs : récit d'une survivante des camps de la mort nazis, Paris, Le Manuscrit, Coll. Fondation pour la Mémoire de la Shoah, 2011
Naparstek Charles
1924, Varsovie - 2016, Paris
Ses parents émigrent en France au début des années 1930. Il est arrêté le 19 juillet 1942 à Bourges, interné 3 semaines dans la prison de cette ville puis transféré successivement dans les camps d'internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Durant son transfert vers Drancy, il tente de s'évader. Il est repris et emprisonné quelques heures dans la prison d'Orléans avant d'être transféré à Drancy.
Il est déporté le 23 septembre 1942 à Auschwitz Birkenau avec son frère Raymond (Convoi 36, Matricule 65710). Il reste au camp de Birkenau jusqu'à son évacuation le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit successivement dans les camps de Gross-Rosen, Flossenburg, Lindau, Ganacker, Trostberg où il est libéré fin avril 1945. Son frère Raymond a été tué par balle en Allemagne, quelques jours avant la libération.
A son retour, il retrouve sa mère, ses trois sœurs et un frère. Son père était décédé avant la guerre.
Il a publié un témoignage, J'ai vécu l'extermination des Juifs d'Europe au "Canada", Boulogne, Eds. Transversales, 2008
Opatowski Szyja
1922 Radom (Pologne) - 2011
Il naît dans une famille modeste, juive pratiquante, troisième enfant après Isaac et Anette. Ses parents, tiennent une petite épicerie. En 1926, son père, Yossef, décède. En 1933, ses grands-parents maternels rejoignent cinq de leurs huit enfants en Palestine alors que son son frère et sa sœur vont s’établir en France. Il reste seul avec sa mère. Il apprend la couture.
Dès le 7 septembre 1939, les Allemands sont à Radom. En avril 1940, il est envoyé au camp de travail de Belzec (construction de fortifications et d’obstacles antichars) et peut revenir en octobre à Radom. En avril 1941 le ghetto est créé. Le 6 août 1942, 12 000 Juifs du petit ghetto sont déportés vers Treblinka. Il est séparé de sa mère, déportée et assassinée à Treblinka. Le 16 août, les Allemands déportent 30 000 Juifs vers Treblinka où ils sont assassinés.
En décembre 1942, il fait partie d’une colonne de 3 000 Juifs conduits à pied à Szydlowiec, à 30 km de Radom. Mais en janvier 1943, il réussit à rentrer au ghetto de Radom pour s’y cacher ; il se fait inscrire dans un commando de tailleurs qui part pour le camp de travail de Szkolna. En mars 1943 avec 24 autres tailleurs, il est envoyé au camp de Blizyn. En juin 1944, il est envoyé au camp de Birkenau (Matricule B1982). Il travaille comme terrassier, à creuser des tranchées. En décembre 1944, il parvient à s’inscrire comme électricien dans un Kommando en partance pour l’Allemagne. Il passe quelques jours au camp de Sachsenhausen, pour il est envoyé au camp de Dachau (Matricule 127149). Après deux jours, il repart pour Landsberg, puis pour le camp n°11 de Kaufering.
En avril 1945, il est de nouveau « évacué » vers Dachau et repart dans une nouvelle marche d’évacuation. Il s’évade et trouve refuge dans une maison dans la forêt, parmi des soldats allemands qui attendent la fin de la guerre.
Il est libéré le 2 mai par les Américains. En juillet, ces derniers installent les survivants de Radom dans un immeuble réquisitionné à Stuttgart. Ayant voulu passer illégalement en France, il est arrêté en Belgique, où il est emprisonné treize semaines avec un groupe de personnes déplacées. En juillet 1946, il passe illégalement en France où il rejoint sa sœur à Paris. Il trouve rapidement du travail dans la confection avant de créer son entreprise. Il se marie et a un enfant.
Reisz François (Franz)
1909, Vienne (Autriche-Hongrie) – 1984, New York
Artiste, il quitte Vienne au moment de l' Anschluss. Il parvient à fuir en France où il est arrêté en juillet 1941, à Paris. Il est interné dans le camp de Pithiviers.
Il est déporté par le convoi 4 du 25 juin 1942 (Matricule 42447)
En janvier 1945, il est évacué au camp de Mauthausen ; il est libéré en mai dans le camp de concentration d'Ebensee.
Il a émigré aux Etats-Unis, rejoignant son épouse.
Il est l'auteur de dessins illustrant la situation des déportés dans le camp de Birkenau notamment : Témoignages sur Auschwitz, Edition de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz, 1946.
Rogerie André
1921, Ville Fagnan (Charentes) – 2014, Martigné-Briand (Maine et Loire)
Etudiant, il prépare Saint-Cyr lorsqu’il entre en résistance. Il est arrêté le 3 juillet 1943 à Dax alors qu'il rejoint la France Libre en Afrique du Nord. Interné successivement à Biarritz, Bayonne, Bordeaux, puis Compiègne, il est déporté fin octobre 1943, au camp de Buchenwald, puis Dora, Majdanek d'où il est transféré au camp de Birkenau, le 18 avril 1944. (Matricule 183070)
Il y reste jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit successivement dans les camps de Gross-Rosen, Nordhaussen, Dora puis Harzungen. Il est libéré le 11 avril 1945, après s'être évadé d'une colonne dans la région d'Harzungen.
A son retour, il retrouve ses trois sœurs et sa mère. Son père, officier, était mort des suites de la Première Guerre mondiale. Son frère, officier, a été tué dans les combats de 1940.
Dès son retour il a écrit un témoignage capital, Vivre, c’est vaincre, 1946, édité à compte d’auteur ; réédité, par l’Amicale d’Auschwitz, Paris, 1994.
Dans les années 1980, il reprend la parole pour combattre les idées négationnistes.
Rohatyn Léa
1925, Tinqueux (Marne) - née Schwartzmann
Ses grands-parents paternels avaient émigré de Russie. Elle est arrêtée le 27 janvier 1944 à Tinqueux avec ses parents et 11 frères et sœurs. Ils sont internés à la prison de Reims puis au camp de Drancy. Ils sont déportés le 3 février 1944 à Auschwitz Birkenau (Convoi 67).
Seules Léa (Matricule 75161) et sa sœur Suzanne rentrent au camp et demeurent ensemble toute la déportation, tous les autres membres de la famille sont assassinés à l’arrivée. Léa connaît successivement les deux camps de Birkenau puis d'Auschwitz qu'elle évacue le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort la conduit dans les camps de Ravensbrück puis Malchow et Leipzig en Allemagne. Elle est libérée à Leipzig en avril 1945.
A son retour, avec sa sœur aînée, elles retrouvent un frère, seul non déporté de la famille.
Rohatyn Léa
Born on March 20th, 1925 in Tinqueux near Reims. Her father’s parents had emigrated from Russia.
Arrested on January 27th, 1944 in Tinqueux with her parents and her 11 brothers and sisters. They were all interned in the Reims prison then in Drancy.
Deported to Auschwitz Birkenau on February 3rd, 1944 with the other 13 members of her family. Registration number: 75161. Léa and Suzanne, her sister were the only ones to enter the camp. They stayed together during the entire period of their deportation. Léa endured the Birkenau camp then the Auschwitz camp until its evacuation on January 18th, 1945. The Death March took her to the camps of Ravensbrück, then Malchow and Leipzig in Germany.
Liberated in Leipzig in April 1945.
When she returned with her older sister, she was reunited with one of her brothers, the only one who hadn’t been deported. Her parents and 10 of her brothers and sisters were assassinated in Birkenau.
Roth Nicolas
1928, Debrecen (Hongrie)
Il est arrêté le 5 avril 1944 à Debrecen avec sa famille et interné à la Briqueterie de cette ville. Déporté le 27 juin 1944 à Birkenau avec ses parents et sa sœur Magda (Matricule A 17140). Nicolas est le seul à entrer au camp. Il est envoyé au camp d'Auschwitz où il reste jusqu'à l'évacuation, le 18 janvier 1945. Il effectue la Marche de la Mort qui le conduit au camp de Dachau. Il y est libéré le 29 avril 1945.
Après 10 mois passés dans des camps de personnes déplacées, il décide de venir en France. Ses parents sont morts au camp. En France, il retrouve une sœur et son frère.
Il a pulié un témoignage : Avoir 16 ans à Auschwitz. Mémoires d'un Juif hongrois, Paris, Le Manuscrit, Collection Témoignages de la Shoah, FMS, 2011
Senot Esther
1928, Kozienice (Pologne)
Ses parents, Nuchim et Gela, viennent en France en 1930. Esther est la 6e d’une famille de 7 enfants : Israël (1911), Maurice (1913), Samuel (1917), Fanny (1926), Marcel (1929), et Achille, né en France, en 1931. La famille réside dans le quartier de Belleville. Ses parents parlent le yiddish. Non pratiquants, ils sont communistes. Sa mère, infirme, reste au foyer, son père, cordonnier, est de santé fragile.
Son frère Israël rejoint les Brigades internationales en 1936 en Espagne. En 1939, il part en URSS. Maurice fait son service militaire en 1937. Il connaît la Drôle de guerre puis la Débâcle et se retrouve à Pau avec son régiment en 1940. Marcel qui a répondu à une convocation dans le cadre de la « Rafle du Billet Vert », est interné à Pithiviers puis déporté en juin 1942 à Auschwitz-Birkenau où il serait mort le 24 août 1942. Son frère Samuel est arrêté à Paris, envoyé à Drancy, mais libéré pour raison de santé. Arrêté une nouvelle fois avenue Parmentier, tabassé au poste de police du quartier, il est hospitalisé à Tenon. De là, il est exfiltré par un réseau vers la Zone Sud. Il survit à la guerre à la différence de Marcel.
Lors de la Rafle du Vel d’hiv, ses parents et son frère Achille (11 ans) sont arrêtés le 17 juillet. Internés à Drancy, ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau par le convoi 19 du 14 août 1942. Ils ont été assassinés à leur arrivée.
Esther qui passait la nuit chez sa belle-sœur (épouse de Maurice) échappe à la Rafle. Elle se retrouve seule après que celle-ci ait été exfiltrée par un réseau communiste. Elle est recueillie durant deux semaines par la concierge. Avec son aide, elle entreprend de passer la Ligne de démarcation pour rejoindre son frère, à Pau. Le passeur rémunéré la mène jusqu’à Bordeaux mais l’abandonne. Elle prend seule un autocar pour Mont-de-Marsan. Sur place, elle est aidée par des habitants jusqu’à la zone de démarcation, qu’elle passe seule. Aidée ensuite par des fermiers de Grenade-sur-l’Adour, elle parvient à rejoindre son frère à Pau et lui apprend la situation de la famille. Elle reste avec lui jusqu’en novembre 1942. Celui-ci ayant décidé de rejoindre la résistance française en Afrique, elle remonte à Paris. La ligne de démarcation n’existe plus.
A Paris, elle fréquente un temps le centre pour enfants de la rue Vauquelin (5e), puis l’UGIF, rue Paul Albert (18e). Dans le courant de juillet 1943, envoyée faire une course dans Paris, elle est arrêtée lors d’un contrôle d’identité au métro Saint-Paul ; la Police fait le rapprochement avec sa famille arrêtée. Internée à Drancy jusqu’au 2 septembre 1943, elle est déportée par le convoi 59 (matricule 58319).
A Birkenau, elle est internée au camp des femmes. Elle y retrouve sa sœur, Fanny et sa tante qui avaient été dénoncées et déportées par le Convoi 46 (9 février 1943). Elle passe une grande partie de sa déportation avec Marie Tucherer, déportée par le même convoi, de 5 ans son aînée. Après la quarantaine, Esther est affectée au Aussenkommando. Sa sœur qui connaît Mala parvient à la faire rentrer au Kommando de la Weberei où elle reste environ un an, jusqu’à l’évacuation du 18 janvier 1945. Entre-temps, sa sœur décède au camp des suites d’une morsure de chien.
Elle subit la Marche de la Mort. Transférée au camp de Bergen-Belsen, elle y reste environ deux mois puis dans un autre camp avec 300 femmes avant d'être dirigée vers Mauthausen où elle est libérée le 5 mai.
Ses parents, sa sœur Fanny, ses deux frères, Achille et Marcel, sont morts à Birkenau. Son frère militaire a survécu. Ayant réussi à rejoindre l’Afrique - après 8 mois de captivité en Espagne - et après être passé par Londres, il a participé à la libération dans la 2e DB. Son frère Israël est resté vivre en URSS où il fut tailleur tout comme son frère Samuel qui a vécu en France.
Szer Henriette
1920, Paris
Ses parents étaient venus de Pologne au début du siècle. Elle est la dernière après quatre sœurs et un frère. Son père est tailleur. La famille suit la tradition sans être religieuse. Elle apprend la couture et se marie en 1938 avec un émigré polonais.
Son frère est tué à la guerre en 1940. So mari est arrêté lors de la rafle dite du « Billet vert » en mai 1941, interné à Beaune la Rolande puis Compiègne et déporté à Auschwitz-Birkenau dont il n’est pas revenu.
Elle-même est arrêtée le 28 novembre 1943. Déportée le 7 mars 1944 par le convoi 69.
A l’automne 1944, elle est transférée dans un Kommando en Tchécoslovaquie où elle est libérée par les troupes soviétiques..
Toros Marter Denise
1928, Marseille
Sa famille qui vit du commerce à Marseille, est d’origine juive alsacienne par son père et juive algérienne, par sa mère.
En janvier 1943, ils échappent aux rafles qui accompagnent la destruction du Vieux port de Marseille par les Allemands, aidés de la police de Vichy. Ils sont arrêtés le 13 avril 1944, après avoir été dénoncés à la Gestapo. René, l’un de ses frères, parvient à se cacher et à rejoindre le maquis.
Avec ses parents, elle est emprisonnée aux Baumettes puis transférés au camp de Drancy. Elle travaille quelques jours au centre Lévitan où sont triés les biens volés aux Juifs par les Allemands.
Elle est déportée le 20 mai à Auschwitz, avec ses parents et sa grand-mère, tous assassinés dès l’arrivée.
Au moment de l’évacuation forcée du 18 janvier 1945, elle parvient à se cacher et est libérée dans le camp le 27 janvier par l'Armée rouge. Elle reste plusieurs semaines sur place, avant d’être rapatriée en avion.
Elle se marie à un Juif grec dont la famille a disparu également dans la Shoah.
Elle est présidente de l'Amicale marseillaise de l’Amicale des déportés d'Auschwitz.
Dès son retour, elle a rédigé un témoignage publié bien plus tard : J’avais 16 ans à Pitchipoï, Paris, Le Manuscrit, Collection Témoignages de la Shoah, FMS, 2008
Vanryb Nathan
1924, Varsovie - 2016, Paris
Issu d'une famille polonaise, venue en France en 1926, il est arrêté le 12 avril 1942 à St-Paul-de-Lizonne, interné à la prison d'Angoulême puis dans les camps de Poitiers et Drancy.
Il est déporté le 19 août 1942 au camp de Birkenau (convoi 21, Matricule 60601). Fin 1942, il est transféré au camp d'Auschwitz puis, en mai 1943, à Eintrachthütte, sous-camp du complexe d'Auschwitz (Swietochlowice).
En janvier 1945, il subit un nouveau transfert, au camp de Mauthausen (Autriche) puis à Leipzig (Allemagne). En avril 1945, il doit marcher 18 jours vers Leitmeritz (nom allemand de Litomerice, Tchécoslovaquie) et le camp de Theresienstadt (Terezin) où il est libéré le 8 mai 1945.
A son retour, il retrouve son père et apprend que son frère a été fusillé pour faits de résistance. Les autres membres de sa famille, sa mère, sa sœur, ses deux frères sont morts à Birkenau.
Les témoignages vidéos proviennent de deux sources différentes : UDA et Mémoire Demain (dvd Hatier, 2009)
Veil Simone
1927, Nice - (née Jacob)
Ancienne Ministre, première Présidente du Parlement européen, membre de l'Académie française.
Simone est la cadette d'une famille de quatre enfants (Madeleine 1923 ; Denise 1924 ; Jean 1925). Après l'été 1943 et le contrôle par les Allemands de la zone d'occupation italienne, les membres de sa famille sont cachés par différentes familles niçoises. Elle est arrêtée le 30 mars 1944 à Nice avec sa mère Yvonne, sa sœur Madeleine et son frère Jean ; ils sont transférés à Drancy. Son père est arrêté quelques semaines après.
Elle est déportée le 13 avril au camp de Birkenau par le convoi 71, avec sa mère et Madeleine (matricule 78651). En juillet 1944, les trois femmes sont transférées à Bobrek, un petit camp situé à une dizaine de kilomètres de Birkenau. En janvier 1945, la Marche de la Mort les mène à Bergen Belsen où sa mère décède le 15 mars 1945. Simone et Madeleine sont libérées le 15 avril à Bergen Belsen.
A leur retour, Simone et Madeleine retrouvent Denise qui avait été arrêtée en 1944 à Lyon pour faits de résistance puis déportée à Ravensbrück. De leurs père et frère, dont elles ignoraient le sort, elles apprennent la déportation vers la Lituanie le 15 mai 1944 par le transport 73. Ils ne sont pas revenus.
Venezia Shlomo
Salonique, 1923 - Rome, 2012
Il naît à Salonique dans une famille séfarade. Passée par l’Italie, elle en a gardé la nationalité. A l’adolescence, le décès de son père le contraint à interrompre sa scolarité pour subvenir aux besoins de la famille. Au début de l’occupation allemande, les Juifs italiens de Salonique sont protégés par leur nationalité. En 1942, sa famille choisit de partir pour Athènes plutôt que d’aller en Italie. La persécution les y rattrape. En mars 1944, les Juifs d’Athènes sont piégés, enfermés dans une synagogue. Ils sont déportés en avril au camp Auschwitz-Birkenau
Shlomo Venezia est orienté vers le travail forcé avec son frère Maurice et deux de ses cousins. Sa mère et ses deux sœurs cadettes sont assassinées dès l’arrivée. Il est affecté au Sonderkommando de la chambre à gaz - bunker 2 (dite « Maison Blanche ») - remis en activité à cette époque - puis à la chambre à gaz-crématoire III. A la suite de la révolte du Sondekommando, il est employé au démantèlement des chambres à gaz-crématoire.
Au moment de l’évacuation, le 18 janvier 1945, suspectant un assassinat programmé des hommes qui avaient été dans le Sonderkommando, il parvient à se joindre à une colonne et quitte le camp d’Auschwitz. Il connaît ensuite les camps de Mauthausen, Melk et Ebensse où il est libéré par l’armée américaine.
A son retour, il retrouve son frère Maurice et sa sœur ainée. Il passe trois ans en sanatorium.
Il décide de témoigner en 2006, en réaction aux discours négationnistes. Il a publié son témoignage : Sonderkommando. Dans l'enfer des chambres à gaz, (en collaboration avec Béatrice Prasquier) Paris, Albin Michel, 2007.
Weill Marie Hélène
1922, Blâmont (Meurthe-et-Moselle)
A Blâmont, petite ville située à mi chemin entre Nancy et Strasbourg, où la famille est installée depuis longtemps, le père, industriel, dirige une entreprise textile.
Marie-Hélène est la deuxième enfant, après une sœur et avant un frère et une petite sœur. Après le cycle primaire à Blâmont, elle fait son secondaire à Nancy. Elle fait partie des éclaireurs neutres (EU).
L’Occupation fait se replier la famille sur Argenton-sur-Creuse puis à Grenoble, enfin dans un village de la région où ils vivent sous un faux nom.
Marie-Hélène est arrêtée en ce lieu le 7 mars 1944 par la Gestapo alors que ses parents étaient partis raccompagner un ami. Elle parvient à faire échapper sa petite sœur. Elle subit des interrogatoires durant plusieurs jours avant d’être transférée à Drancy d’où elle est déportée à Birkenau par le convoi 69, le 7 mars 1944.
A Birkenau, elle reçoit le Matricule 75945. Elle travaille dans les Aussenkommandos ainsi que dans les deux Kommandos du « Canada ».
Elle est transférée fin octobre 1944 vers le camp de Bergen-Belsen puis le 10 février 1945 vers celui de Raguhn où elle travaille dans une usine en lien avec l’aviation. Le 13 avril, elle est de nouveau transférée vers Theresienstadt. A l’arrivée dans ce camp, il n’y a plus d’Allemands. Ce jour, le 20 avril, est celui de sa libération.
A son retour en France, elle retrouve sa famille.
Wiesel Elie (Eliezer)
1928, Sighet (région de Marmatie, Roumanie) - 2016, New-York
Il naît en Roumanie dans une famille hassidique. En mai 1944, avec les Juifs de la région de Sighet, zone hongroise de Transylvanie, sa famille est déportée à Auschwitz-Birkenau. Sa mère et l’une de ses trois sœurs y sont assassinées. Ses deux autres sœurs, Hilda et Bea, parviennent à survivre. Il est transféré en janvier 1945 vers Buchenwald avec son père où ce dernier décède. Il y est libéré par les troupes américaines en avril 1945.
Il est accueilli en France où il fait des études de littérature et de journalisme. En 1953, il devient citoyen américain.
Grand-croix de la Légion d'honneur, Commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, Médaille d'or du Congrès, Médaille présidentielle de la Liberté, Docteur honoris causa (notamment de Harvard, Yale, Stanford, Cambridge, Princeton, Columbia, Oxford, l'École normale supérieure, la Sorbonne, Université hébraïque de Jérusalem), Prix Nobel de la paix en 1986.
- La Nuit, témoignage, Paris, Les Éditions de Minuit, 1958 (réédition en 2007)
Wolf Henri
1925, Strykov (Pologne) - 2005, Paris
D’origine polonaise, sa famille s’installe en Belgique peu avant la guerre. Elle se réfugie en Creuse au moment de l’offensive allemande. Ils y vivent deux ans, avant que les gendarmes de Vichy ne les arrêtent à Saint-Hilaire le Château le 26 août 1942. Regroupés avec d'autres Juifs dans le camp de Nexon (Limousin), ils sont transférés au camp de Drancy, puis déportés par le convoi 26, le 31 août septembre 1942.
Les parents d'Henri sont assassinés dès l’arrivée. Il entre au camp de Birkenau (Matricule 62571) puis il est envoyé au camp annexe de Furstengrube (mines).
Le 18 janvier 1945, il subit les marches de la mort vers les camps de Gross Rosen puis Hersbrug (Kommando de Flossenburg), Dachau, où il est libéré le 28 avril 1945.
A son retour en France, il n'a plus de famille, il décide de partir en Israël où il combat pour la création de l’Etat avant de revenir en France.
Il a été un grand témoin auprès de l'institution scolaire.